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"Du lever du soleil jusqu'au delà de minuit": à New Delhi, les crématoriums submergés par les morts du Covid

Préparation d'un bûcher funéraire à New Delhi, le 27 avril 2021

Préparation d'un bûcher funéraire à New Delhi, le 27 avril 2021 - PRAKASH SINGH / AFP

"Nous commençons au lever du soleil et les crémations se poursuivent au-delà de minuit", déclare un prêtre. Certains crématoriums n'ont plus de place pour accueillir les morts, d'autres manquent de bois.

L'Inde est submergée depuis plusieurs jours par les victimes d'une vague épidémique d'une gravité sans précédent, alors que le variant indien se développe. Lundi, le pays a fait état d'un record mondial de 352.991 nouvelles contaminations et un record national de 2812 décès, entraînant la première aide internationale d'ampleur depuis le début de la crise sanitaire.

Les crématoriums sont submergés et par endroits, comme à New Delhi - la ville la plus touchée du pays avec 20.000 à 25.000 cas déclarés chaque jour - ils se voient contraints de brûler les corps sur des parkings. Dans certains établissements, des familles sont également priées d'apporter leur propre combustible, par manque de bois.

"Nous commençons au lever du soleil et les crémations se poursuivent au-delà de minuit", déclare Sanjay, un prêtre administrant les derniers sacrements dans un crématorium de New Delhi, il dit avoir "perdu le compte".

"Nous pourrions être obligés de procéder aux crémations à même la route"

De nombreux crématoriums et cimetières affirment que le bilan officiel des décès dus au virus est loin de correspondre à la réalité, compte tenu de l'afflux de corps qu'ils voient défiler. Les crématoriums ne connaissent pas de trêve, leurs cheminées se fissurent et les armatures métalliques des fours fondent sous l'intensité de la chaleur, selon l'AFP.

Au cours des trois derniers jours, le crématorium de Seemapuri, dans le nord-est de New Delhi, a par exemple organisé plus de 100 funérailles par jour et ne dispose plus de place désormais. Selon Jitender Singh Shanty, son crématorium a incinéré environ 600 corps depuis le début du mois, et les familles continuent d'attendre des heures avant de pouvoir accomplir les derniers rites mortuaires.

"Nous avons essayé d'accueillir les crémations dans les allées et partout où nous pouvions trouver de l'espace, mais les corps ne cessaient d'affluer", raconte-t-il à l'AFP. "Nous avons dû demander aux autorités de nous permettre d'étendre l'installation jusqu'au parking" et "si la situation ne s'améliore pas, nous pourrions être obligés de procéder aux crémations à même la route, puisque nous n'avons plus de place maintenant."

Le manque de bois pour les bûchers funéraires

Des malades sont morts aux portes des hôpitaux, submergés, en attente d'une admission. On meurt aussi à l'intérieur, faute d'oxygène. Par manque d'ambulances également, certaines familles sont obligées de transporter elles-mêmes les corps sans vie de leurs proches.

Le Times Of India rapporte qu'il est envisagé d'utiliser un crématorium pour chiens temporairement pour palier le manque de places et accueillir des corps supplémentaires.

Des crématoriums manquent également de bois, et certains ont demandé aux familles des morts d'amener leur propre combustible. La BBC rapporte que des arbres dans la ville ont été coupés pour combler les besoins, et qu'il est parfois demandé aux proches des victimes d'aider à mettre en place les bûchers funéraires. La municipalité de New Delhi a également demandé de l'aide aux autorités en charge des forêts, pour obtenir plus de bois, rapporte le Hindustan Times.

Appel à l'aide internationale

Dans le monde entier, le variant "indien" suscite encore des interrogations.

Selon l'OMS, on ne sait pas encore si "les rapports faisant état d'une mortalité élevée sont dus à la gravité accrue du variant, à la mise à rude épreuve des capacités du système de santé en raison de l'augmentation rapide du nombre de cas, ou aux deux".

La première cargaison d'aide médicale britannique, contenant notamment 100 ventilateurs et 95 concentrateurs d'oxygène, a atterri mardi à New Delhi. D'autres suivront dans la semaine. D'ici la fin de semaine, la France aura envoyé huit unités de production d'oxygène et des conteneurs d'oxygène permettant d'alimenter jusqu'à 10.000 patients sur une journée, ainsi que du matériel médical spécialisé comme des respirateurs.

Le Canada a annoncé de son côté qu'il débloquait une aide de 10 millions de dollars canadiens (6,7 millions d'euros) qui sera versée directement à la Croix-Rouge indienne. Les États-Unis se sont eux engagés à envoyer des composants pour la production de vaccins, des équipements de protection, des tests à diagnostic rapide, ou encore des respirateurs.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon avec AFP Journaliste BFMTV