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Asie

Hollande à Moscou pour dégeler les relations franco-russes

Vladimir Poutine et François Hollande, en juin à Paris. Le président français, dont les relations avec son homologue russe sont présentées comme distantes, se rend mercredi à Moscou pour amorcer un dégel des relations franco-russes. /Photo prise le 1er ju

Vladimir Poutine et François Hollande, en juin à Paris. Le président français, dont les relations avec son homologue russe sont présentées comme distantes, se rend mercredi à Moscou pour amorcer un dégel des relations franco-russes. /Photo prise le 1er ju - -

par Julien Ponthus et Gabriela Baczynska PARIS/MOSCOU (Reuters) - François Hollande, dont les relations avec Vladimir Poutine sont présentées comme...

par Julien Ponthus et Gabriela Baczynska

PARIS/MOSCOU (Reuters) - François Hollande, dont les relations avec Vladimir Poutine sont présentées comme distantes, se rend mercredi à Moscou pour amorcer un dégel des relations franco-russes.

La visite de Vladimir Poutine à l'Elysée en juin dernier s'était déroulée sur fond de divergences sur le dossier syrien, dans lequel Moscou reste un allié de Bachar al Assad alors que Paris a lancé le mouvement de reconnaissance de l'opposition.

La conférence de presse conjointe organisée à cette occasion avait offert un fort contraste avec la bonne entente affichée par le président russe avec Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy, augurant d'un refroidissement durable entre Paris et Moscou.

"Il y a eu une sorte de pause avec la France après le départ de Sarkozy et l'intensification du conflit en Syrie, où les deux pays ont pris des approches différentes", reconnaît Alexei Pushkov, Un membre du parti Russie unie de Vladimir Poutine qui dirige la commission des affaires étrangères de la Douma.

Le député UMP Thierry Mariani, membre du groupe d'amitié France-Russie de l'Assemblée nationale, souligne quant à lui que "l'affaire Depardieu n'a pas arrangé les choses".

Pour l'ancien ministre des Transports de Nicolas Sarkozy, la tournée triomphale de l'acteur français à travers la Russie, dont il vient d'obtenir la nationalité, constitue "la réponse du berger à la bergère" d'un gouvernement russe qui n'a guère goûté les critiques sur son processus électoral, sa politique étrangère ou sur la situation des droits de l'Homme.

Vladimir Poutine a accueilli à bras ouvert Gérard Depardieu, dont l'exil fiscal en Belgique avait sonné comme un désaveu de la politique socialiste de surtaxation des super-riches.

SOUTIEN RUSSE SUR LE MALI

La peine de prison infligée aux membres du groupe de punk russe Pussy Riot pour "vandalisme motivé par la haine religieuse" a également choqué en France et le maintien en détention de l'ancien magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovski, emprisonné depuis 2003, suscite le même émoi à Paris.

L'entourage de François Hollande s'agace pourtant de la perception de rapports difficiles entre les deux présidents et juge qu'il est superficiel d'évaluer la relation entre les deux hommes à l'aune d'une "affaire Depardieu" jugée anecdotique ou de la seule question des droits de l'Homme.

On insiste à l'Elysée sur le fait qu'en dehors du sujet syrien, les points de rapprochement sont réels sur toute une série de dossier, un point de vue partagé à Moscou.

"L'atmosphère générale des relations russo-françaises est bonne après la décision de Moscou de soutenir la résolution française sur le Mali au Conseil de Sécurité de l'Onu", juge ainsi Alexei Pushkov qui évoque une "une dynamique positive".

De plus, même si elles restent divergentes, les positions se rapprochent sur le dossier du programme nucléaire iranien.

En témoigne la proposition faite mardi par les "Six" (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne) d'assouplir les sanctions internationales en échange du gel de ses activités nucléaires les plus sensibles.

En outre, les relations de la Russie avec l'Allemagne et les Etats-Unis se sont tendues ces derniers mois et Vladimir Poutine a tout intérêt à diversifier ses contacts à l'Ouest.

"PAS BESOIN DE S'AIMER POUR S'ENTENDRE"

Washington a adopté le Magnitsky Act, du nom de l'avocat Sergueï Magnitsky, figure de la lutte contre la corruption, qui interdit aux Russes soupçonnés d'atteintes aux droits de l'homme de se rendre aux Etats-Unis et y gèle leurs avoirs.

Des membres de la délégation de François Hollande jugent aussi que la question des affinités personnelles est secondaire au vu des enjeux stratégiques et économiques de .

"Les pays ont la politique de leurs intérêts", rappelle un dirigeant d'entreprise français qui accompagnera François Hollande à Moscou pour y signer un accord de coopération.

"On a pas besoin de s'aimer pour s'entendre", juge de son côté l'académicienne et spécialiste de la Russie Hélène Carrère d'Encausse, qui juge que le style "réservé" du président français pourrait finir par séduire les autorités russes.

Les deux pays souhaitent signer une série d'accords de coopération pour faciliter la délivrance de visas, les échanges étudiants et la coopération économique.

Ils veulent aussi rééquilibrer la balance des investissements bilatéraux pour l'instant favorable aux Russes, qui accueillent environ 12 milliards d'euros d'investissement français, 12 fois plus que dans le sens inverse.

La Caisse des dépôts et son homologue russe devraient ainsi signer un partenariat pour faciliter les investissements conjoints.

Edité par Yves Clarisse