BFMTV
Corée du Sud

A l'approche des JO, la Corée du Sud ferme son plus grand marché de viande de chien

Des chiens en cage sur un marché chinois, en 2015. (photo d'illustration)

Des chiens en cage sur un marché chinois, en 2015. (photo d'illustration) - Johannes Eisele - AFP

Le marché de Moran, situé à Seongnam, en Corée du Sud, et considéré comme le plus grand lieu de vente de viande de chien dans le pays, a commencé à baisser ses rideaux, lundi. A l'approche des Jeux olympiques d'hiver, un accord avait été trouvé entre les maraîchers et les autorités locales pour fermer cet endroit où la maltraitance animale n'était plus à démontrer.

L'endroit fournissait un tiers de la viande de chien consommée en Corée du Sud, depuis les années 60. Lundi, les autorités sud-coréennes ont commencé la fermeture et le démantèlement du marché aux chiens de Moran, situé dans la ville de Seongnam, près de Séoul, rapporte le Guardian.

Un lieu tristement célèbre pour ses conditions de détention et d'exécution des animaux, qui y étaient enfermés en cages et battus, avant d'être électrocutés ou pendus pour être mis à mort, ce qui lui valait d'être très régulièrement pointé du doigt par des associations de lutte pour la cause animale. La vidéo ci-dessous, mise en ligne en 2013 par une association coréenne de défense des chiens, montrait des images filmées à l'intérieur du marché de Moran (attention, cette vidéo peut choquer). 

Un an avant les Jeux olympiques

Le marché de Moran vendait plus de 80.000 chiens par an, vivants ou morts, dans ce pays où la viande de canidé est très consommée. Alors que la Corée du Sud est soucieuse de soigner son image à l'approche des Jeux olympiques d'hiver, qui se tiendront à Pyeongchang en février 2018, les autorités locales avaient réussi à obtenir la fermeture de ce lieu.

Un accord avait en effet été trouvé à la mi-décembre avec les 22 vendeurs de viande du marché, en échange d'une aide financière, pour qu'ils cessent leur commerce. "Seongnam prend l’initiative de transformer l’image de la Corée du Sud", avait commenté à l'époque Lee Jae-Myung, la maire de la ville, avant de citer Ghandi: "La grandeur d’une nation et ses progrès moraux peuvent être jugés par la manière dont elle traite les animaux". 

La fermeture des lieux ne se fait toutefois pas sans encombres, plusieurs des maraîchers réclamant davantage de compensations financières que ce qu'établissait l'accord conclu il y a quelques semaines. "Près de 80% de nos clients viennent dans nos magasins pour acheter de la viande de chien fraîche, donc que vont-ils faire si ne pouvons pas leur fournir? Le gouvernement va-t-il nous payer?", a ainsi fait valoir un vendeur de Moran auprès du journal Korea Herald

Zone grise

Les autorités locales ont assuré aux maraîchers qu'ils recevraient un soutien financier pour ouvrir de nouveaux commerces. Comme l'explique le Guardian, les vendeurs de chiens sud-coréens ont profité, pendant des décennies, d'une "zone grise" sur le plan législatif dans le domaine de l'abattage et du commerce des canidés, auquel les lois d'hygiène ne s'appliquent pas. Le secteur échappe donc à tout contrôle des autorités. Ainsi, selon le service de statistiques de Corée du Sud, près de 893.000 chiens étaient enfermés dans plus de 100 élevages dédiés, en 2010. 

La viande de chien est un mets très prisé en Corée du Sud, où les industriels du secteur affirment qu'elle peut améliorer la virilité des hommes, mais aussi aider à combattre la fatigue. Si les Sud-Coréens n'en consomment pas régulièrement, elle reste un plat très servi dans les restaurants, et vendu dans de nombreux commerces alimentaires. 

Adrienne Sigel