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Corée du Nord

Rencontre avec Vladimir Poutine, accord d'armement... Que vient faire Kim Jong-un en Russie?

Le dirigeant nord-coréen n'avait plus quitté son pays depuis l'irruption de la pandémie de Covid-19 en 2020. Vladimir Poutine chercherait à acquérir des obus et des missiles antichars auprès de son voisin, selon Washington.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un est arrivé ce mardi en train en Russie, où il doit rencontrer le président Vladimir Poutine, a annoncé mardi l'agence de presse KCNA. Ce mardi matin, il a rencontré des dirigeants locaux de la ville de Khassan, petite ville de l'est de la Russie près de la frontière nord-coréenne et chinoise.

Des images de l'agence russe Ria Novosti montrent le convoi aux wagons vert foncé tirés sur une voie par une locomotive des chemins de fer russes. Il devrait retrouver Vladimir Poutine dans les prochains jours quelque part dans l'Extrême-Orient russe. Moscou n'a précisé ni la date ni le lieu de la rencontre.

Kim Jong Un était parti avec "son train dimanche après-midi pour se rendre dans la Fédération de Russie", à la tête d'une délégation de hauts responsables du gouvernement, des forces armées et du Parti des travailleurs au pouvoir en Corée du Nord, a écrit le média officiel, confirmant une information dévoilée mardi à Reuters par une source proche du dossier.

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16:18

Un accord d'armement signé?

Les experts estiment que ce voyage pourrait porter sur un accord d'armement. Vladimir Poutine chercherait à acquérir des obus et des missiles antichars auprès de la Corée du Nord pour ses troupes en Ukraine.

Moscou et Pyongyang ont nié toute transaction d'armes, tout en affichant leur volonté de renforcer leurs liens en matière de défense. Vladimir Poutine se trouve actuellement à Vladivostok pour un forum économique annuel qui se termine mercredi. Mais la rencontre doit avoir lieu dans un autre cadre, selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par l'agence russe Ria Novosti, a indiqué aux médias russes que les deux dirigeants allaient discuter notamment de sujets "sensibles" sans prêter attention "aux mises en gardes" américaines.

La Russie et la Corée du Nord ont des liens historiques et Kim Jong Un a à plusieurs reprises fait part à Moscou de son soutien dans le cadre de ses opérations en Ukraine. Les deux hommes s'étaient déjà rencontrés à Vladivostok en 2019. Washington craint que Moscou s'approvisionne en armes pour ses opérations militaires en Ukraine auprès de la Corée du Nord, elle-même sous sanctions à cause de ses programmes nucléaire et de missiles.

Une pression sur Séoul?

Le numéro un nord-coréen, dont les voyages à l'étranger sont très rares, est accompagné de hauts responsables militaires, parmi lesquels son chef de la défense, son ministre des Affaires étrangères et des responsables de la production d'armes et de la technologie spatiale, selon les médias officiels.

Pour Andreï Lankov, un expert de la Corée du Nord à l'université Kookmin de Séoul, un sommet Poutine-Kim fait partie d'un "aimable chantage diplomatique" de Moscou à l'encontre de Séoul, car la Russie veut dissuader les Sud-Coréens de fournir des armes à l'Ukraine.

Séoul est un important exportateur d'équipements militaires et a vendu des chars à la Pologne, alliée de Kiev. Mais sa politique intérieure de longue date lui interdit de fournir des armements à des parties engagées dans des conflits armés.

Cheong Seong-chang, chercheur à l'Institut Sejong, a quant à lui dit à l'AFP que si la Corée du Nord intensifiait sa coopération militaire avec la Russie, "il y aurait une probabilité accrue de conflit prolongé en Ukraine". Tandis qu'en récompense de son aide à Moscou, "le développement des sous-marins nucléaires et des satellites de reconnaissance de la Corée du Nord pourrait progresser à un rythme plus rapide".

"La Corée du Nord dispose des munitions dont Poutine a besoin pour sa guerre illégale en Ukraine et Moscou a les technologies sous-marines, balistiques et satellitaires qui peuvent aider Pyongyang à surmonter les défis d'ingénierie imposés par les sanctions économiques", observe Leif-Eric Easley, professeur à l'Université Ewha de Seoul.

A.G avec AFP