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Passeport, visite guidée... Comment le soldat américain Travis King est parvenu à pénétrer en Corée du Nord

La frontière entre la Corée du Sud et la Corée du Nord

La frontière entre la Corée du Sud et la Corée du Nord - Anthony WALLACE / AFP

Alors qu'il venait de sortir de prison en Corée du Sud, le jeune soldat devait être rapatrié la veille de son arrestation. Conduit à l'aéroport, il n'a finalement jamais pris place dans l'avion qui devait le ramener aux États-Unis.

Une arrestation qui pourrait mener à une crise diplomatique majeure. Un militaire américain est toujours détenu par le Corée du Nord après avoir franchi la frontière entre les deux Corées ce mardi.

Identifié par l'armée américaine, Travis King, soldat de deuxième classe engagé depuis 2021, a traversé volontairement et sans autorisation la frontière entre les deux pays, techniquement encore en état de guerre, à l'occasion d'une visite dans la zone démilitarisée (DMZ) séparant le Nord et le Sud.

Le soldat n'a pas embarqué

Dans un long article consacré à Travis King, le média américain CNN retrace les heures qui ont précédé cette arrestation. On apprend ainsi que le jeune homme, qui venait de passer deux mois dans une prison sud-coréenne sur après des accusations d'agression, devait être rapatrié lundi aux États-Unis pour raisons disciplinaires.

Enregistré sur un vol qui devait relier Incheon à Dallas, le militaire, qui avait passé la douane, n'est finalement pas monté dans l'avion. Arrivé jusqu'à la porte d'embarquement, où il n'était plus accompagné de son escorte qui n'a pas pu passer le précédent contrôle, il a prétexté une perte de son passeport et a été exfiltré jusqu'à la zone des départs, d'où il a pu quitter l'aéroport.

En parallèle, King a réservé une place pour une visite guidée et groupée de la zone démilitarisée qui sépare les deux pays, prévue le lendemain. CNN ne précise toutefois pas ce que le jeune homme a fait entre-temps, ni où il a passé la nuit.

"Je pensais que c'était une blague"

Lors de la visite, King a subitement quitté le groupe et s'est précipité vers le côté nord-coréen, profitant d'une partie de la zone démilitarisée où aucune barrière physique n'est présente. Selon un témoin, des soldats sud-coréens auraient bien tenté de le stopper, sans succès. "Cet homme a émis un fort 'ha ha ha' et couru entre des bâtiments" après la visite par le groupe dont il faisait partie d'un des bâtiments du site, a raconté à CBS News un témoin de la scène.

"Au début, je pensais que c'était une mauvaise blague, mais quand il n'est pas revenu, j'ai réalisé que ce n'était pas une blague", a-t-il encore dit.

Comme le reprend CNN, King a tout d'abord tenté de pénétrer dans le pavillon Phanmun, une installation nord-coréenne dont la porte d'entrée était verrouillée. Il s'est alors dirigé en courant vers l'arrière du bâtiment, où il a finalement été appréhendé. Il s'agit du premier militaire américain ayant foulé le sol nord-coréen depuis 1982.

Quelles suites?

Pour le média américain, l'arrestation de King, dont les motivations ne sont pas connues, pose plusieurs questions. Outre la valeur symbolique d'une telle interpellation pour l'autocratique régime de Pyongyang, le soldat pourrait être contraint de dévoiler des informations militaires américaines.

Au vu de son rang, King n'avait certainement pas accès à des informations de haut niveau, mais peut toutefois évoquer la disposition des bases américaines en Corée du Sud ainsi que leur fonctionnement. Il pourrait également faire figure d'une importante monnaie d'échange.

À l'AFP, Steve Tharp, un lieutenant-colonel à la retraite de l'armée américaine qui travaillait dans cette zone, a reconnu auprès du site web spécialisé basé à Séoul NK News qu'il n'avait aucune idée de la façon dont les Nord-Coréens réagiraient à cet incident: il y a "si peu de données disponibles" sur des événements comme celui-ci, a-t-il souligné.

L'affaire survient à un moment où les relations entre les deux Corées sont très froides, la diplomatie étant au point mort et Kim Jong Un appelant à davantage développer les armements dans son pays, notamment des armes nucléaires tactiques.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV