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Chine

Un trafic de tigres découvert au sein du Parti communiste chinois

Une dizaine de tigres de Sibérie ont été saisis dans un élevage clandestin en Chine et confiés aux parcs zoologiques des environs.

Une dizaine de tigres de Sibérie ont été saisis dans un élevage clandestin en Chine et confiés aux parcs zoologiques des environs. - Patrik Stollarz-AFP

En février dernier, un jeune tigre de sept mois, effrayé par des pétards, s'était jeté du haut d'un immeuble chinois. Un élevage clandestin de tigres de Sibérie, une espèce rare, a été découvert lors de l'enquête policière. Et le scandale éclabousse plusieurs cadres politiques du Parti communiste chinois.

Le drame avait alarmé les associations de défense des animaux. Le 18 février dernier, un jeune tigre de sept mois avait été retrouvé mort sur un parking de Pingdu, dans la province du Shandong, à l'est de la Chine. L'animal avait chuté du dernier étage d'un immeuble, effrayé par les pétards du Nouvel an lunaire.

L'enquête policière a permis de révéler au grand jour un élevage clandestin de tigres de Sibérie, au sein même de l'appareil politique du pays. Le jeune félin retrouvé mort était détenu illégalement au sommet d'une tour de bureaux par Yang Wenzheng, membre de l'Assemblée politique municipale.

Il avait brisé ses chaînes et s'était échappé de sa cage avant de se jeter dans le vide. Yang Wenzheng et l'un de ses collègues avaient obtenu deux jeunes tigres auprès d'un autre cadre de l'assemblée municipale, qui lui-même en avait huit en sa possession. 

Plus que 3.000 spécimens dans la nature

Selon la chaîne de télévision centrale CCTV, au moins trois petits tigres sont nés de cet élevage clandestin, mais aucun n'a survécu. Les félins retrouvés chez l'éleveur clandestin ont été confiés à un zoo des environs. Face au scandale, les trois cadres politiques impliqués ont dû démissionner. Ils ont été arrêtés et sanctionnés d'une amende de 3.000 yuans, soit 460 euros. Une somme dérisoire étant donné ce que peut rapporter ce trafic: les tigres peuvent en effet se vendre jusqu'à un million de yuans au marché noir.

Si ce commerce est illégal en Chine, le nombre de tigres élevés en captivité a pourtant bondi ces dernières années. A l'inverse, le nombre de tigres vivant en milieu naturel diminue considérablement. L'Union internationale pour la conservation de la nature estime qu'il resterait seulement 3.000 individus, ce qui fait désormais du tigre de Sibérie une espèce menacée. En Chine, ils ne sont plus que quelques dizaines à survivre dans les forêts de Mandchourie. Constamment menacés par la déforestation, le développement de l'habitat humain et le braconnage, ils font aussi les frais de la médecine chinoise qui utilise leurs peaux et leurs os, soi-disant dotés d'innombrables "vertus".

Johanne Eva Desvages avec AFP