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"Poutine est fou": les doutes grandissants de la Chine sur son allié russe

Vladimir Poutine et Xi Jinping lors d'un sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai en juin 2018.

Vladimir Poutine et Xi Jinping lors d'un sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai en juin 2018. - Wang Zhao

L'invasion de l'Ukraine a isolé la Russie sur la scène internationale. Les échecs à répétition de ses troupes sur le front et le comportement jugé erratique de Vladimir Poutine font même réfléchir l'un de ses derniers alliés: la Chine. Des cadres chinois ont ainsi confié au Financial Times que Pékin souhaitait prendre de la distance vis-à-vis de Moscou.

L'invasion de l'Ukraine a achevé de couper la Russie du reste de la communauté internationale. Ou presque. En effet, le Kremlin peut encore compter sur quelques nations dont l'Iran (et ses drones) ou la Chine.

Du moins pour l'instant, car d'après les confidences faites par des responsables du régime chinois au Financial Times, et relayées notamment par Sky News ce jeudi, le gouvernement communiste réfléchit à changer de politique et à lâcher la Russie.

Au-delà des strictes considérations géopolitiques, c'est d'abord la conduite du président russe qui nourrit ces doutes. "Poutine est fou!" estime même un des cadres interrogés par le journal britannique, avant d'enchaîner: "La décision d'envahir l'Ukraine a été prise par un tout petit nombre de personnes".

Prendre du champ

À ce propos, les sources chinoises sollicitées sont formelles: Pékin n'a pas été prévenu de l'invasion de l'Ukraine par son voisin. Depuis plus de dix mois, la Chine a toutefois joué fidèlement son rôle de partenaire de la Russie, refusant d'appuyer les sanctions décrétées à l'encontre de cette dernière. Mais la situation paraît de plus en plus piégeuse, d'après cette nouvelle déclaration d'un officiel chinois au Financial Times en tout cas: "La Chine ne devrait pas suivre la Russie" dans le dossier ukrainien.

Les intentions ou arrières-pensées de l'État chinois en la matière demeurent assez nébuleuses. Mais qu'il s'agisse de donner des gages aux Occidentaux, de se désolidariser de Moscou sans se renier publiquement, ou de rompre tout net avec la Russie, l'idée est bien de prendre du champ vis-à-vis du Kremlin et de son chef pour ne pas être entraîné dans sa chute éventuelle et le marasme ukrainien.

L'analyse a changé

Ce scepticisme chinois croissant s'explique par l'évolution de l'analyse militaire de Pékin. Selon les éléments recueillis par la presse anglo-saxonne, Xi Jinping et les siens ne croient plus dans les possibilités de victoire de l'armée russe, et craignent plutôt que la Russie en ressorte durablement affaiblie. Or, l'alliance russe n'est pas tellement mirifique: l'effort de guerre altère significativement une économie russe déjà vacillante et l'enfermement diplomatique de la Russie ne risque pas d'aider la Chine dans ses échanges avec ses autres partenaires.

Il y a quelques semaines, Vladimir Poutine a dit souhaiter renforcer ses liens avec la Chine pour faire face aux "provocations de l'Occident". Encore faut-il être deux pour consolider des relations bilatérales.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV