Le sénat américain veut une rue au nom d’un dissident chinois et irrite Pékin
La nouvelle adresse de l'ambassade de Chine aux Etats-Unis sera peut-être bientôt "numéro1, Liu Xiaobo Plaza". Une idée qui ne passe pas du tout à Pékin. Vendredi, le Sénat a en effet adopté un projet de loi, introduit par le sénateur républicain Ted Cruz, candidat ultra-conservateur à la Maison Blanche, visant à rebaptiser la rue située à Washington au nom du dissident chinois Liu Xiaobo. "Si ce texte devenait une loi (effective), cela aurait de graves conséquences", a averti mardi Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Le projet du Sénat américain "contrevient aux normes de base des relations internationales", a-t-il fulminé, lors d'une conférence de presse régulière. "Nous demandons aux sénateurs américains de cesser de promouvoir cette proposition de loi, et nous espérons que le gouvernement américain saura mettre un terme à cette farce politique", a ajouté Hong Lei.
Une commission de la Chambre des représentants est en train d'étudier une proposition de loi similaire à celle du Sénat. Si la Chambre l'adopte, il faudra la signature du Président américain Barack Obama pour lui donner force de loi.
Liu Xiaobo en prison depuis 2009
L'écrivain et intellectuel dissident Liu Xiaobo purge depuis 2009 une peine de 11 ans de réclusion pour "subversion", après avoir corédigé un texte prônant la démocratie en Chine, la Charte 08. Il s'était vu décerner en 2010 le prix Nobel de la Paix. L'affaire avait déjà fait l'objet dimanche d'un éditorial du quotidien officiel chinois Global Times, qui avait qualifié l'initiative sénatoriale de "futile".
"Cette apparente provocation visait à susciter la fureur de la Chine, à nous déstabiliser. Mais au fond, ce n'est pas grand chose", a-t-il raillé, fustigeant des "élites américaines étroites d'esprit". "Les Etats-Unis ne savent plus quoi faire dans leurs relations avec la Chine, et comme ils sont réticents à recourir à des menaces militaires ou des sanctions économiques, la seule option pour Washington reste ces petites actions mesquines pour déranger la Chine", a insisté le journal, lié au Parti communiste.