La Chine expulse une journaliste française
La correspondante à Pékin de l'hebdomadaire français L'Obs, Ursula Gauthier, a indiqué vendredi avoir reçu la confirmation par les autorités chinoises qu'elle serait de facto expulsée du pays le 31 décembre, à la suite du non-renouvellement de sa carte de presse et de son visa.
En poste à Pékin depuis six ans, Ursula Gauthier avait été l'objet depuis un mois d'une violente campagne d'attaques dans les médias étatiques suite à un article décrivant la politique répressive menée par Pékin au Xinjiang, une vaste région à dominante musulmane de l'ouest du pays.
Pékin veut des "excuses publiques"
Le ministère chinois des Affaires étrangères lui a téléphoné vendredi pour l'informer, que faute d'"excuses publiques" de sa part, sa carte de presse ne serait pas renouvelée, a déclaré la journaliste.
"On m'a confirmé que si je ne faisais pas publiquement amende honorable (...) tout en me désolidarisant des ONG dénonçant à travers mon cas les atteintes à la liberté d'expression en Chine, ma carte de presse ne serait pas renouvelée et je devrai partir le 31 décembre", a-t-elle relaté.
La correspondante française avait déjà signifié aux autorités que de telles excuses étaient à ses yeux "hors de question" et "impensables".
La France dit chercher "un dialogue" avec la Chine
De son côté, le ministère français de la Culture "rappelle son attachement à la défense de la liberté d'expression", et dit chercher les voies d'un "dialogue" avec la Chine, "en lien étroit avec le ministère des Affaires étrangères".
De son côté, la direction de L'Obs a jugé "inacceptable" la décision des autorités chinoises. "C'est une atteinte inacceptable à la liberté d'informer et c'est une entrave réelle à l'exercice du métier de journaliste en Chine", a déclaré le directeur de l'hebdomadaire, Matthieu Croissandeau.
"On reconnait très volontiers lorsqu'on fait une erreur factuelle dans un papier. Mais le journal, et notre correspondante, ne présenteront jamais d'excuses pour une analyse", a-t-il souligné. "C'est vraiment une atteinte à la liberté éditoriale".