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Chine: Bo Xilai nie les accusations qui pèsent contre lui

Le dirigeant déchu Bo Xilai a démenti, ce jeudi, avec combativité avoir reçu des pots-de-vin, au premier jour de son procès pour corruption.

Le dirigeant déchu Bo Xilai a démenti, ce jeudi, avec combativité avoir reçu des pots-de-vin, au premier jour de son procès pour corruption. - -

Le dirigeant déchu Bo Xilai a démenti, ce jeudi, avec combativité avoir reçu des pots-de-vin, au premier jour de son procès pour corruption censé solder le plus retentissant scandale politique en Chine depuis des décennies.

"Les actes commis par Bo Xilai ont eu une influence maléfique sur la société et ont causé des dommages aux intérêts du pays et de ses citoyens. Les circonstances sont particulièrement sérieuses". Telles sont les accusations qui pèsent contre l'ancien secrétaire du Parti communiste chinois, selon les termes de Liu Yanjie, porte-parole du tribunal.

Une déchéance aussi fulgurante que son ascension au sommet du pouvoir

Secrétaire du Parti communiste chinois dans le sud-est du pays, il était pressenti aux plus hautes responsabilités quand soudain en 2012, le chef de la police locale lance à son égard de lourdes accusations.

Bo Xilai est officiellement accusé d'avoir reçu en pots-de-vin l'équivalent de 2,67 millions d'euros de la part de deux hommes d’affaire, notamment Tang Xiaolin, qu'il a qualifié de "menteur" et l'a accusé d'"avoir vendu son âme". "Il essaye tout simplement d'obtenir une réduction de sa peine. C'est pourquoi il mord dans toutes les directions comme un chien fou", s'est insurgé le même homme.

L'ancien membre du puissant Bureau politique du Parti communiste doit également répondre du détournement de 612.000 d'euros de fonds publics et d'avoir entraver une enquête criminelle visant son épouse. Celle-ci a été reconnue coupable en août 2012 de l'assassinat d'un homme d'affaires britannique, Neil Heywood.

Une retransmission inédite des détails de l'audience

Plus tôt dans la journée, Bo Xilai avait pris place sous très haute sécurité dans le box des accusés du tribunal populaire de Jinan, devant un public de 110 personnes triées sur le volet. On y comptait, selon le tribunal, cinq membres de la famille de Bo Xilai, deux autres personnes de son entourage, 19 journalistes et 84 citoyens censés représenter la société chinoise.

Le compte-rendu des débats n'était accessible que par des microblogs diffusés par la cour pénale, traduit et relayé par les médias occidentaux, qui n’ont d'ailleurs pas été autorisés à assister à l’audience. C'est par ce canal qu'a été publiée une photographie de l'ex-membre du puissant Bureau politique du comité central du PC chinois, avant que la télévision d'Etat ne diffuse de brefs extraits en vidéo du procès.

Encadré par deux policiers plus hauts que lui, habillé d'une chemise blanche à col ouvert et d'un pantalon noir, Bo Xilai est apparu avec un visage plus émacié qu'auparavant, les tempes poivre et sel et légèrement voûté.

Le Parti aurait déjà arrêté la peine

De très nombreux policiers en uniforme, ainsi que des centaines de badauds, étaient, ce jeudi, à l'extérieur du tribunal.

Parmi la petite foule figuraient de nombreux partisans de Bo. Défenseurs des droits de l’homme et manifestants craignent un procès fantoche; selon eux, le Parti aurait déjà arrêté la peine, probablement la réclusion à vie. "Je me préoccupe de savoir où va la Chine après avoir piétiné les droits de l'homme et la loi. Je me soucie de savoir si cette affaire marquera un tournant", a expliqué un des manifestants.

En permettant à Bo une certaine liberté de parole et en acceptant la diffusion sur les réseaux sociaux de ses déclarations, "les autorités pensent pouvoir donner l'impression d'un procès équitable", a observé He Weifang, professeur de droit à l'Université de Pékin. Placé en détention en mars 2012, le dirigeant charismatique n'avait pas été vu en public depuis plus de 17 mois. Son procès se poursuivra ce vendredi.

A.-L. Baulme avec N. Lehouelleur et AFP