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Asie

Au Tadjikistan, des amendes pour les journalistes qui utilisent des mots "incompréhensibles"

Le président du Tadjikistan Emomali Rakhmon dans un bureau de vote en mai 2016

Le président du Tadjikistan Emomali Rakhmon dans un bureau de vote en mai 2016 - STR - AFP

Les journalistes du Tadjikistan vont devoir utiliser des mots très simples s'ils ne veulent pas se voir infliger une amende. Le chef du comité du langage de ce petit pays d'Asie centrale estime que l'usage d'un vocabulaire incompréhensible "viole gravement les normes de la langue d'Etat".

Pas de mots trop compliqués dans les médias: c'est la consigne du chef du comité du langage du Tadjikistan aux journalistes, rapporte le quotidien britannique The Guardian. Le gouvernement de ce pays pauvre d'Asie centrale pourrait ainsi bannir l'utilisation de ce vocabulaire jugé inintelligible. Au risque d'être puni d'une amende.

"Il y a des moments où des journalistes utilisent jusqu'à dix mots par jour qui ne sont pas compréhensibles par le lecteur, téléspectateur, ou auditeur lambda", a-t-il déclaré, selon l'agence russe Interfax. "Cela viole gravement les normes de la langue d'Etat", a-t-il même ajouté.

Le censeur a précisé que les amendes pourraient atteindre entre 60 et 90 euros pour un individu. Et jusqu'à 180 euros pour des officiels. 

Interdiction de fêter son anniversaire

Ce n'est pas la première fois que le pays s'illustre sur des questions de vocabulaire. En 2009, afin de renforcer l'identité nationale, la langue russe perdait son statut de langue officielle pour ne conserver que le tadjik.

Dans ce petit pays limitrophe de l'Afghanistan, les interdictions sont nombreuses. Il est par exemple défendu... de faire la fête. Un jeune homme qui célébrait l'année dernière son 25e anniversaire en compagnie de ses amis dans un café de la capitale Douchanbé en a fait les frais. Il a été condamné à verser une amende d'un peu plus de 530 euros. Une véritable fortune dans ce pays de 8 millions d'habitants.

Une loi qui ne s'applique pas à tous

En 2007, le Tadjikistan a en effet adopté une loi interdisant de fêter son anniversaire en public et limitant le nombre d'invités lors de célébrations. Officiellement, l'objectif est de mettre fin à l'organisation de fêtes démesurées au coût exorbitant.

Une loi qui ne s'applique pourtant pas à tous. Il y a quelques années, une vidéo diffusée sur YouTube (censurée au Tadjikistan) montrait le président en train de chanter et de danser lors du somptueux mariage de son fils aîné.

Président de 1994... à 2020

Autre exemple: en janvier dernier, la police avait rasé de force les barbes de quelque 13.000 Tadjiks et fermé plus de 160 magasins vendant des vêtements traditionnels musulmans, a annoncé Al Jazeera. Une opération menée dans le cadre d'un plan visant à combattre le radicalisme. A la même époque, le Parlement a voté une loi pour interdire les "noms arabes à consonance étrangère". Il est aujourd'hui obligatoire d'appeler son enfant avec un prénom tadjik.

Le président Emomali Rahmon, qui bénéficie - ainsi que toute sa famille - d'une immunité à vie contre toute poursuite judiciaire, est à la tête du Tadjikistan depuis 1994 et devrait y rester, au moins, jusqu'en 2020, soit un mandat d'un peu plus de vingt-six ans.

C.H.A.