BFMTV
Asie

Après le Japon, le débat sur le nucléaire s'envenime en France

La centrale nucléaire de Fessenheim, près de Colmar. Ravivé par l'accident de Fukushima, le débat sur le nucléaire a tourné à la polémique en France, où le gouvernement accuse les écologistes de détourner le drame japonais à des fins de politique intérieu

La centrale nucléaire de Fessenheim, près de Colmar. Ravivé par l'accident de Fukushima, le débat sur le nucléaire a tourné à la polémique en France, où le gouvernement accuse les écologistes de détourner le drame japonais à des fins de politique intérieu - -

Ravivé par l'accident de Fukushima, le débat sur le nucléaire a tourné à la polémique en France, où le gouvernement accuse les écologistes de détourner le drame japonais à des fins de politique intérieure.

Europe Ecologie-Les Verts a annoncé l'organisation d'une minute de silence mardi dans les grandes villes de France en hommage aux victimes du séisme et du tsunami qui ont frappé le Japon et pour réclamer la sortie du nucléaire.

Lundi, à mesure que le Japon communiquait sur une série de nouveaux incidents à la centrale de Fukushima-Daiichi, les autorités françaises se sont faites de plus en plus prudentes.

"Un accident très grave est en cours. Ce que nous pouvons dire aussi c'est que manifestement le risque de grande catastrophe n'est pas écarté. On est dans des circonstances très exceptionnelles", a dit la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, à Bruxelles.

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a estimé que la gravité de l'accident de Fukushima pourrait être revue à la hausse.

Les autorités japonaises ont classé l'incident au niveau 4 sur l'échelle Ines, mais "nous avons le sentiment qu'on est au moins au niveau 5, sinon au niveau 6", a dit le président de l'ASN, André-Claude Lacoste, lors d'une conférence de presse.

"RIEN N'EST REMIS EN CAUSE"

Comme l'avaient fait ce week-end toutes les figures de l'écologie politique, de Cécile Duflot à Daniel Cohn-Bendit en passant par Eva Joly, Nicolas Hulot a appelé à son tour lundi à un débat et à un référendum sur l'avenir de l'atome en France, deuxième pays nucléaire au monde après les Etats-Unis.

Pour Nicolas Hulot, animateur de télévision et père du "Pacte écologique", qui envisage de se présenter à l'élection présidentielle de 2012, "on ne peut pas mettre le sort de l'humanité dans une vulgaire et tragique roulette russe".

Ses propos ont provoqué la colère du ministre de l'Industrie, Eric Besson, qui a renvoyé la question nucléaire à la prochaine présidentielle.

"Je trouve qu'on devrait d'abord attendre la fin de la crise japonaise et, ne serait-ce que par solidarité avec les Japonais, attendre avant de nous empoigner en France", a-t-il déclaré sur France Inter.

Dans l'entourage du ministre de l'Industrie, on souligne que "rien n'est remis en cause" des décisions prises lors du dernier Conseil de politique nucléaire, fin février, comme la mise à l'étude de la construction d'un réacteur de moyenne puissance Atmea, qui deviendrait le 59e réacteur français.

Selon Le Parisien, Nicolas Sarkozy a vanté la sûreté de la technologie nucléaire française lundi matin devant les dirigeants de l'UMP.

"Si on a perdu des marchés et des appels d'offres, c'est parce qu'on est les plus chers. Et si on est les plus chers, c'est parce qu'on est les plus sûrs", a dit le chef de l'Etat, érigeant les réacteurs de troisième génération EPR en exemple.

La crise japonaise pourrait cependant freiner certains projets de l'industrie française à l'international.

EMBARRAS AU PS

Les critiques contre les écologistes sont également venues des rangs de l'opposition de gauche.

Pour la socialiste Najat Vallaud-Belkacem, "il y a une forme d'indécence à politiser aussi rapidement ce qui est d'abord une catastrophe humaine".

Le Parti radical de gauche va un cran plus loin, accusant Cécile Duflot, la secrétaire nationale d'Europe Ecologie, de "démagogie", voire de "stratégie électorale".

Au Parti socialiste, qui peine à parler d'une seule voix sur le nucléaire, Benoît Hamon a fait valoir que la France ne pouvait "pas sortir du nucléaire du jour au lendemain".

"Nous devons avoir d'ici 20 ou 30 ans un mix énergétique fondé sur la sobriété et les renouvelables, dans lequel la part du nucléaire a vocation à diminuer", a-t-il ajouté sur RTL.

Dans la journée, l'Allemagne a annoncé la suspension de l'extension de la durée de vie de ses centrales et la Suisse a suspendu ses projets de renouvellement de centrales.

"Et, que fait la France? Rien!", dénonce le député européen écologiste Yannick Jadot. En attendant 2012, "c'est 'circulez! y'a rien à voir'", déplore-t-il dans un communiqué.