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Asie

A Hong Kong, la police évacue les derniers manifestants

Des ouvriers démantèlent le dernier bastion des manifestants prodémocratie, le 11 décembre à Hong Kong.

Des ouvriers démantèlent le dernier bastion des manifestants prodémocratie, le 11 décembre à Hong Kong. - Alex Ogle - AFP

Le vent de la contestation pour davantage de démocratie aura bientôt fini de souffler sur Hong Kong, sans avoir ébranlé le pouvoir chinois. Les derniers manifestants restés sur le campement du principal site occupé sont interpellés par la police.

"Nous reviendrons", "Ce n'est que le début". S'ils se défendent de toute capitulation et affichent des pancartes aux slogans volontaristes, les manifestants prodémocratie de Hong Kong ne peuvent que constater la fin de leur mouvement revendicatif, dit "révolution des parapluies". Le principal site d'occupation du mouvement prodémocratie à Hong Kong était évacué jeudi et les derniers manifestants restés sur les lieux interpellés. Des événements qui concrétisent un probable épilogue de semaines de blocages et de manifestations revendiquant l'instauration d'un véritable suffrage universel dans l'ancienne colonie britannique.

Sur décision de la Haute cour, saisie par des commerçants et des compagnies de transport en commun, des huissiers de justice s'étaient présentés peu après 9 heures (1 heure GMT) sur le campement, un village de tentes installé depuis 11 semaines dans le quartier d'affaires d'Admiralty, près des bureaux du chef de l'exécutif hongkongais.

Ultimatum pour évacuer les lieux

Les huissiers avaient d'abord lu aux manifestants une injonction d'évacuation et leur ont donné jusqu'à 11 heures pour démanteler le camp, défaire les tentes dans lesquelles certains dorment depuis la fin septembre, et quitter les lieux. Passé ce délai, ils seront arrêtés.

Vers 10 heures, des ouvriers avaient commencé à démanteler les barricades d'enceinte de part et d'autre du site. "Au bout d'une demi-heure, la police érigera un cordon autour de la zone occupée", avait prévenu un responsable de la police, Kwok Pak-chung. "La police agira pour disperser ou arrêtera quiconque refuse de partir" au bout de ce délai, avait-il ajouté.

Les chefs de file du mouvement de contestation, soutenus par une vingtaine de députés qui se sont déclarés prêts à finir au poste de police, avaient pour leurs part lancé un appel à aller "au bout".

Puis, les policiers ont ensuite fondu sur les quelques dizaines d'irréductibles encore présents et qui avaient organisé un sit-in, parmi lesquels des leaders étudiants et des députés prodémocratie. Ils les ont emmenés un à un avant de les faire monter dans des véhicules de police. Ils portaient ceux qui refusaient de marcher. "Nous sommes pacifiques", "nous ne résistons pas", "nous voulons une vraie démocratie", criaient les protestataires. 

La mobilisation des prodémocratie en perte de vitesse

Les manifestants ont toujours prôné la non-violence mais des heurts parfois violents, faisant des dizaines de blessés, se sont produits lors du démantèlement de précédents noeuds de blocage. "Nous ne présenterons pas d'opposition, nous résisterons passivement", indiquait le leader étudiant Alex Chow quelques heures avant l'ultimatum. "Nous respections l'Etat de droit, nous ne sommes pas des émeutiers", a-t-il ajouté.

Les autorités pourraient également évacuer un campement plus petit occupé à Causeway Bay, temple du shopping prisé par les Chinois du continent. Ce campement était quasiment à l'abandon jeudi matin, quelques rares touristes y déambulant en prenant des photos.

Depuis le pic de la contestation le 28 septembre, lorsque les manifestants étaient descendus dans la rue par dizaines de milliers, le nombre de protestataires a nettement diminué dans le territoire passé sous tutelle chinoise. Et le soutien au mouvement de l'opinion publique, lassée par les embouteillages et les perturbations, s'est érodé.

Une démocratie sous étroit contrôle chinois

Territoire chinois bénéficiant d'une large autonomie, l'ancienne colonie britannique a connu avec ces manifestations sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997. La Chine a accepté le principe du suffrage universel pour l'élection du prochain chef de l'exécutif en 2017 mais exige que les candidats reçoivent l'aval d'un comité loyaliste, ce qui garantit, aux yeux des manifestants, l'élection d'un candidat inféodé à Pékin.

Pour l'éditorialiste du South China Morning Post, le quotidien anglophone de référence à Hong Kong, l'heure est désormais à la réconciliation entre les manifestants, les militants pro-Pékin qui n'ont pas hésité à faire le coup de poing, et les habitants affectés par les blocages. "Commencez par vous réconcilier avec les personnes que vous aviez retirées de votre liste d'amis sur Facebook", écrivait-il dans l'édition de jeudi. "Nous resterons divisés longtemps encore", mais il faut s'efforcer "de combler la fracture politique" dans cette ville de près de huit millions d'habitants dont beaucoup ressentent avec inquiétude l'influence croissante de la Chine.

D. N. et C. P. avec AFP