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Appel au calme en Inde après la mort de la victime d'un viol

Manifestants placardant des messages d'indignation, à New dehli, à la suite de la mort dans un hôpital de Singapour d'une jeune femme victime d'un viol en réunion. Quelques centaines de personnes se sont rassemblées dans deux endroits différents de New De

Manifestants placardant des messages d'indignation, à New dehli, à la suite de la mort dans un hôpital de Singapour d'une jeune femme victime d'un viol en réunion. Quelques centaines de personnes se sont rassemblées dans deux endroits différents de New De - -

par Eveline Danubrata et Devidutta Tripathy SINGAPOUR/NEW DELHI (Reuters) - Les autorités de New Delhi se préparaient samedi à contenir de nouvelles...

par Eveline Danubrata et Devidutta Tripathy

SINGAPOUR/NEW DELHI (Reuters) - Les autorités de New Delhi se préparaient samedi à contenir de nouvelles manifestations, à la suite de la mort dans un hôpital de Singapour de la jeune femme dont le viol en réunion a provoqué un mouvement de colère et d'indignation en Inde.

Quelques centaines de personnes se sont rassemblées dans deux endroits différents de New Delhi, même si la capitale indienne a fermé dix stations de métro et interdit à la circulation le quartier du centre ville, théâtre des manifestations ces derniers jours.

La police de New Delhi a annoncé samedi que les six suspects arrêtés dans le cadre de l'enquête sur le viol avaient été inculpés de meurtre, après l'annonce du décès de la victime, qui avait été transférée à Singapour.

"Nous sommes très peinés d'annoncer que notre patiente s'est éteinte paisiblement à 04h45 locales (16h45 GMT)", a déclaré dans un communiqué Kelvin Loh, directeur de l'hôpital Mount Elizabeth. "Sa famille ainsi que des représentants de la Haute-Commission de l'Inde (ambassade) étaient présents à son chevet."

Les médecins singapouriens avaient auparavant indiqué que la jeune femme, dont le corps doit être rapatrié samedi en Inde, souffrait d'un important traumatisme cérébral et "luttait contre la mort", après avoir été victime d'un arrêt cardiaque et d'infections pulmonaire et abdominale.

Âgée de 23 ans, cette étudiante en médecine a été agressée et violée le 16 décembre pendant près d'une heure à l'intérieur d'un minibus et ses agresseurs l'ont ensuite jetée du véhicule en marche.

L'agression a provoqué des rassemblements de milliers de personnes qui réclament un renforcement des moyens mis en oeuvre pour assurer la sécurité des femmes dans une ville où, en moyenne, un viol est signalé à la police toutes les dix-huit heures.

"MALAISE GÉNÉRAL"

Le Premier ministre Manmohan Singh a déclaré samedi être profondément attristé par la nouvelle de la mort de la jeune femme et a exprimé son souhait que les "émotions et énergies" déclenchées par l'événement soient utilisées de manière "constructive".

La ministre en chef de l'État de Delhi, Sheila Dikshit, a quant à elle exprimé son dégoût.

"C'est un moment honteux pour moi, non seulement en tant que ministre en chef mais également en tant que citoyenne de ce pays."

Pour beaucoup d'observateurs politiques, de sociologues et de manifestants, le viol de la jeune femme a été un élément déclencheur, les Indiens considérant que le gouvernement mené par le Parti du Congrès délaisse les questions économiques et sociales.

"Les cadres du Congrès ont géré maladroitement la situation entraînée par cette agression", a estimé un élu du parti, sous couvert d'anonymat. "La maîtrise des foules a été insuffisante."

New Delhi est la ville d'Inde où les crimes sexuels sont les plus fréquents.

Un viol y est enregistré toutes les 18 heures par la police et 24.206 agressions sexuelles ont été rapportées cette année, une hausse de 9,2% par rapport à 2011.

La brutalité de l'agression du 16 décembre a déclenché les plus importantes manifestations depuis des rassemblements contre la corruption qui avaient fragilisé le gouvernement du Premier ministre, il y a un an et demi.

Depuis ce viol collectif, les autorités ont promis un renforcement des patrouilles pour assurer la sécurité des femmes rentrant du travail ou de quartiers animés, une hausse du nombre de bus de nuit et la mise en place de comparutions rapides en justice dans les cas de viols et d'agressions sexuelles.

Henri-Pierre André, Jean-Loup Fiévet, Agathe Machecourt et Julien Dury pour le service français