BFMTV
International

Antonis Samaras cherche à former un gouvernement élargi en Grèce

Le chef des conservateurs grecs, Antonis Samaras (à gauche) a entamé lundi les consultations en vue de bâtir un nouveau gouvernement. Le leader de la Coalition de la gauche radicale Syriza, Alexis Tsipras (à droite) a refusé de rejoindre un gouvernement f

Le chef des conservateurs grecs, Antonis Samaras (à gauche) a entamé lundi les consultations en vue de bâtir un nouveau gouvernement. Le leader de la Coalition de la gauche radicale Syriza, Alexis Tsipras (à droite) a refusé de rejoindre un gouvernement f - -

par George Georgiopoulos et Lefteris Papadimas ATHENES (Reuters) - Le chef des conservateurs grecs, Antonis Samaras, a entamé lundi la lourde tâche...

par George Georgiopoulos et Lefteris Papadimas

ATHENES (Reuters) - Le chef des conservateurs grecs, Antonis Samaras, a entamé lundi la lourde tâche de bâtir un gouvernement chargé d'éloigner le risque d'une faillite du pays en appliquant une cure d'austérité draconienne dans un climat social tendu.

Au lendemain de la courte victoire de son parti Nouvelle Démocratie (ND), aux élections législatives, avec 29,7% des voix contre 26,9% à la Coalition de la gauche radicale Syriza, Antonis Samaras a été chargé par le président Karolos Papoulias de former un nouveau cabinet.

Face aux difficultés attendues, le chef de file de ND a appelé à la formation d'une grande coalition mais il a essuyé sans surprise le refus de Syriza de rejoindre un gouvernement favorable au plan de renflouement du pays -une aide de 240 milliards d'euros et un effacement de dette de 107 milliards- en échange de sévères mesures d'assainissement des finances nationales.

"Le rôle d'une opposition puissante et responsable (...) est d'intervenir de manière forte. Et j'ai assuré M. Samaras que nous le ferons", a déclaré le dirigeant de Syriza, Alexis Tsipras, à l'issue d'un entretien avec le leader conservateur.

Grâce à la prime de 50 élus accordée au vainqueur du scrutin, Nouvelle Démocratie dispose de 129 élus contre 71 à Syriza. Avec le soutien des socialistes du Pasok, autrefois tout puissants mais aujourd'hui en lointaine troisième position sur l'échiquier politique (12,3% des voix et 33 élus), Samaras devrait pouvoir s'appuyer sur une majorité de 162 députés à la Vouli, le Parlement monocaméral de 300 membres.

Le Pasok a déclaré qu'il soutiendrait Samaras à l'assemblée mais n'a pas décidé s'il participerait au gouvernement. Son chef de file, Evangelos Venizelos, devait s'entretenir dans l'après-midi avec Samaras et le Pasok se réunir dans la journée pour trancher cette question.

Un quatrième parti, celui de la Gauche démocratique (6,2% et 17 élus), s'est dit prêt à soutenir un gouvernement de coalition en posant deux conditions: l'abandon des termes "onéreux" du plan de sauvetage et le maintien du pays dans la zone euro.

"SOULAGER LA POPULATION"

L'état-major conservateur connaît l'ampleur de sa tâche.

"Le résultat montre que la population veut l'euro, mais la société reste divisée. Syriza incarnera une opposition militante, ce qui compliquera sans doute les efforts du nouveau gouvernement", analyse un haut responsable de ND.

"Le nouveau gouvernement doit rapidement adresser un nouveau message -un allègement des conditions de l'aide internationale ou un signe positif pour l'économie- sinon la population perdra confiance en une semaine."

A l'adresse de ses bailleurs de fonds -Union européenne, Fonds monétaire international, Banque centrale européenne-, Antonis Samaras a déclaré qu'il respecterait les engagements pris par Athènes, mais il a ajouté: "Nous devrons dans le même procéder aux amendements nécessaires à l'accord de renflouement, afin de soulager la population face à un chômage persistant et à d'énormes sacrifices."

Depuis plus de deux ans, la population subit des baisses drastiques de salaires et des pensions de retraite, des hausses d'impôts, des licenciements, des baisses des dépenses publiques, alors qu'une élite économique et politique largement perçue comme corrompue semble épargnée par cette cure d'austérité.

Le taux de chômage a bondi à plus de 22%, les entreprises mettent la clé sous la porte par dizaines et les sans-abri se multiplient dans les rues d'Athènes.

PRUDENCE DES PARTENAIRES DE LA GRÈCE

Soulagés par la victoire des conservateurs et la majorité obtenue par ND et le Pasok, les partenaires européens ont fait part de leur volonté de continuer à aider Athènes, mais se montrent très prudents sur d'éventuelles concessions. Quant aux marchés financiers, ils n'ont que brièvement rebondi à la lecture du résultat des législatives.

"Je pense que rien de bon ne sortira de ces élections", déclare un électeur de Nouvelle Démocratie, Dinos Arabatzis, 56 ans. "Quiconque est au pouvoir aujourd'hui se discréditera. Samaras va se brûler les ailes et Tsipras sortira encore plus fort en cas de nouvelles élections, c'est ce qui m'inquiète."

"Très bientôt, la gauche sera au pouvoir", a lancé dès dimanche soir le jeune dirigeant de gauche, 37 ans, à des partisans euphoriques réunis dans le centre d'Athènes pour célébrer l'ancrage politique de Syriza. La coalition de la gauche radicale a gagné plus de dix points par rapport à son score déjà inattendu -plus de 16%- lors des élections du 6 mai, qui n'avaient pas permis de dégager une majorité stable.

Signe des tensions parcourant la société grecque, le parti d'extrême droite Aube dorée a lui aussi confirmé son score du 6 mai, avec 7% des suffrages, et devrait obtenir 18 élus malgré les mises en garde des responsables politiques et des médias contre ses projets.

Bertrand Boucey, Marine Pennetier et Jean-Stéphane Brosse pour le service français