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Annan demande à l'armée syrienne de cesser le feu la première

Immeubles en partie détruits dans la vieille ville de Homs. Le gouvernement syrien devrait faire un "geste de bonne volonté" en appliquant immédiatement le cessez-le-feu prévu dans le plan de paix en six points de Kofi Annan qu'il a accepté, a déclaré ven

Immeubles en partie détruits dans la vieille ville de Homs. Le gouvernement syrien devrait faire un "geste de bonne volonté" en appliquant immédiatement le cessez-le-feu prévu dans le plan de paix en six points de Kofi Annan qu'il a accepté, a déclaré ven - -

par Erika Solomon et Douglas Hamilton BEYROUTH (Reuters) - L'artillerie syrienne a pilonné vendredi des quartiers de Homs, bastion de la révolte, et...

par Erika Solomon et Douglas Hamilton

BEYROUTH (Reuters) - L'artillerie syrienne a pilonné vendredi des quartiers de Homs, bastion de la révolte, et fait au moins 37 morts dans le pays, alors que l'émissaire Kofi Annan a pressé le président Bachar al Assad d'ordonner à son armée de cesser le feu la première.

"La date butoir, c'est maintenant", a déclaré le diplomate ghanéen par l'intermédiaire de son porte-parole à Genève, Ahmad Fawzi. "Nous attendons de lui qu'il mette en oeuvre immédiatement ce plan".

Le plan de sortie de crise de l'émissaire, approuvé par l'Onu et entériné par la Ligue arabe, prévoit un cessez-le-feu immédiat, un accès à l'aide humanitaire pour les populations civiles et l'ouverture d'un dialogue entre le pouvoir et l'opposition.

Il s'abstient en revanche de prôner le départ du chef de l'Etat, comme initialement envisagé. Damas a accepté le principe de ce plan en six points en exigeant la fin du financement et de l'armement des insurgés par l'étranger.

Le porte-parole du médiateur de l'Onu et de la Ligue arabe a levé les ambiguïtés sur la proposition de trêve en précisant qu'il incombait à l'armée syrienne d'agir la première en retirant ses blindés, son artillerie lourde et ses soldats des villes.

Le plan Annan "demande spécifiquement au gouvernement de retirer ses troupes et de ne plus recourir aux armes lourdes dans les zones habitées", a dit Ahmad Fawzi. "Ce qui veut dire très clairement que le gouvernement doit le premier s'arrêter, puis débattre d'une cessation des hostilités avec l'autre camp et le médiateur".

Un retrait de l'armée permettrait un retour des manifestations pacifiques, ont par ailleurs déclaré des militants de l'opposition.

Le chef de file du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah, allié de Bachar al Assad, a déclaré que la communauté internationale n'était plus en mesure de réclamer le départ du dirigeant syrien, et que les rebelles étaient incapables de le renverser par la force.

"Certains ont parlé d'une option politique (...) mais avec des conditions qui équivalent à la chute du régime. Je pense que le climat politique régional et international est tel aujourd'hui que cette option n'est plus d'actualité."

L'ASL N'A PAS RÉPONDU

Le plan Annan invite aussi les déserteurs de l'armée passés dans les rangs de l'Armée syrienne libre (ASL), qui vient de se doter d'une structure de commandement, à cesser le feu.

L'ASL n'a pas donné son aval au plan Annan et les mouvements politiques de l'opposition n'ont pas explicitement dit s'ils acceptaient l'appel au dialogue avec Bachar al Assad.

Un militant du nom d'Abou Mohamed a estimé que le médiateur devait expliquer plus en détail ses propositions à l'ASL. "Ne nous précipitons pas. Nous voulons en premier lieu que l'effusion de sang cesse", a-t-il dit.

Kofi Annan doit se rendre à Téhéran à une date non déterminée pour débattre du dossier syrien. L'Iran est l'un des derniers alliés de poids du régime de Damas dans le monde arabo-musulman.

Selon Téhéran, 12 ressortissants iraniens enlevés par "des forces de l'opposition syrienne" ont été libérés. Parmi eux figurent cinq techniciens travaillant dans une centrale électrique de Homs qui avaient été kidnappés fin décembre.

L'agence officielle Irna rapporte que des "bandes armées" ont enlevé des dizaines de pèlerins iraniens. En janvier, des rebelles syriens ont diffusé une vidéo montrant sept hommes, présentés comme des militaires iraniens, capturés en Syrie.

LES VIOLENCES SE POURSUIVENT SUR LE TERRAIN

Sur le terrain, les violences ont fait au moins 37 tués vendredi, à en croire les opposants.

Des affrontements violents ont éclaté dans plusieurs provinces, dont celle de Daïr az Zour, près de la frontière irakienne. Sept civils ont péri à cet endroit lors d'un accrochage entre insurgés et militaires qui a aussi fait deux morts chez les insurgés et trois chez les soldats, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Des fusillades ont aussi éclaté entre anciens déserteurs de l'armée et forces du régime dans le quartier de Jobar, à Damas, lorsque ces dernières ont tenté de disperser une manifestation. Deux personnes sont mortes dans des tirs croisés, a précisé l'Observatoire.

Des habitants de Homs ont rapporté que des tirs d'obus avaient fait dix morts parmi les civils. Plus au nord, dans la ville d'Alep, une explosion a blessé six soldats et cinq civils, ont déclaré les activistes.

Deux autres personnes ont été tuées à Deraa, dans le Sud, ailleurs et les insurgés ont tué un soldat lors d'un accrochage.

L'OSDH, basé à Londres, fait pour sa part état de nombreux blessés lors d'affrontements entre rebelles et militaires dans la province d'Idlib. Des heurts ont également éclaté dans la nuit dans les localités d'Harasta et d'Arbine.

Le département américain du Trésor a par ailleurs ajouté trois membres du régime syrien à la liste des personnalités visées par des sanctions pour leur implication dans la répression du soulèvement. Il s'agit du ministre de la Défense, Daoud Radjiha, du numéro deux de l'état-major militaire, Mounir Adanov, et du chef de la sécurité présidentielle, Zouhair Chalich.

Avec Tom Miles à Genève, Jessica Donati à Londres et Dominic Evans à Beyrouth; Jean-Loup Fiévet, Jean-Philippe Lefief et Hélène Duvigneau pour le service français