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Ankara en colère après un vote sur le génocide arménien aux USA

Camp d'Arméniens dans le désert syrien. La commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine a reconnu le statut de génocide au massacre des Arméniens par les forces ottomanes pendant la Première Guerre mondiale, provoquant la

Camp d'Arméniens dans le désert syrien. La commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine a reconnu le statut de génocide au massacre des Arméniens par les forces ottomanes pendant la Première Guerre mondiale, provoquant la - -

par Susan Cornwell et Arshad Mohammed WASHINGTON - La commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine a reconnu le...

par Susan Cornwell et Arshad Mohammed

WASHINGTON (Reuters) - La commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine a reconnu le statut de génocide au massacre des Arméniens par les forces ottomanes pendant la Première Guerre mondiale, provoquant la colère de la Turquie.

Ankara a aussitôt rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis pour consultations.

Les députés se sont prononcés par 23 voix contre 22 en faveur de cette résolution non contraignante, qui invite le président Barack Obama à utiliser le terme de génocide pour évoquer le massacre.

L'issue de ce vote ouvre la voie à un examen du texte par l'ensemble des élus, mais on ignore s'il sera mis aux voix. L'administration Obama et la Turquie ont invité les députés à y renoncer.

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé le rappel de l'ambassadeur aux Etats-Unis dans un communiqué diffusé immédiatement après le vote de la commission des Affaires étrangères.

Il s'est inquiété en outre des conséquences de cette décision sur les relations entre Ankara et Washington et sur le processus de réconciliation entamé avec l'Arménie.

L'affaire risque d'être embarrassante pour Barack Obama, qui souhaite entretenir de bonnes relations avec la Turquie, Etat membre de l'Otan et relai essentiel des Etats-Unis au Proche-Orient, en Iran ou en Afghanistan, sans s'aliéner la communauté américaine d'origine arménienne à l'approche des élections de mi-mandat, en novembre.

"ASSIMILER À DES NAZIS"

Erevan a salué de son côté le vote de la commission. "Nous apprécions cette décision au plus au point. Il s'agit d'une preuve supplémentaire du dévouement du peuple américain en faveur des valeurs humaines universelles et d'un pas important dans la prévention des crimes contre l'humanité", a dit à Reuters le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian.

La secrétaire d'Etat Hillary Clinton avait téléphoné mercredi à Howard Berman, président de la commission des Affaires étrangères, pour lui expliquer que le vote "risquait de mettre à mal le processus de normalisation des relations" entre la Turquie et l'Arménie.

"Je ne pense pas qu'il soit du ressort d'un pays de déterminer comment deux autres pays doivent résoudre leurs problèmes", a réagi jeudi Clinton, actuellement en visite au Costa Rica.

Berman a balayé ces remarques, estimant que même si Ankara était un allié "vital", "rien ne justifi(ait) que la Turquie détourne le regard concernant la réalité du génocide arménien".

Barack Obama avait appelé mercredi de son côté son homologue turc Adbullah Gül pour lui demander de ratifier rapidement le protocole de normalisation des relations signé l'année dernière par Ankara et Erevan.

La Turquie reconnaît le massacre de chrétiens arméniens par les Ottomans mais nie qu'il ait fait plus de 1,5 million de morts et qu'il s'agisse d'un génocide, un terme utilisé par un grand nombre d'historiens occidentaux et des parlements étrangers.

"Le peuple turc et nous-mêmes sommes extrêmement vexés", a déclaré le député turc Suat Kiniklioglu à la presse à Washington après le vote.

"Vous verrez dans les prochains jours et semaines que le parlement et le gouvernement turcs vont prendre toutes les mesures nécessaires pour faire connaître notre mécontentement en des termes sans équivoque (...) Personne ne peut assimiler nos grands-parents à des nazis."

Avec Daniel Bases à New York, Ross Colvin à Washington, Zerin Elci à Ankara et Andrew Quinn à San José, version française Jean-Philippe Lefief et Clément Dossin