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Angela Merkel renonce aux baisses d'impôts à moyen terme

Angela Merkel a tiré les leçons du revers subi par sa coalition à l'élection régionale de Rhénanie-du-Nord-Westphalie en excluant toute baisse d'impôts à moyen terme en Allemagne. /Photo prise le 10 mai 2010/REUTERS/Tobias Schwarz

Angela Merkel a tiré les leçons du revers subi par sa coalition à l'élection régionale de Rhénanie-du-Nord-Westphalie en excluant toute baisse d'impôts à moyen terme en Allemagne. /Photo prise le 10 mai 2010/REUTERS/Tobias Schwarz - -

par Dave Graham et Sarah Marsh BERLIN - Angela Merkel a tiré les leçons du revers subi par sa coalition à l'élection régionale de...

par Dave Graham et Sarah Marsh

BERLIN (Reuters) - Angela Merkel a tiré les leçons du revers subi par sa coalition à l'élection régionale de Rhénanie-du-Nord-Westphalie en excluant toute baisse d'impôts à moyen terme en Allemagne.

La réduction de la pression fiscale était l'une des conditions posées à la participation des libéraux-démocrates du FDP au gouvernement d'union avec les chrétiens-démocrates (CDU) de Merkel en octobre dernier.

Mais la perte par la CDU et le FDP de la majorité à l'assemblée régionale du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie prive la chancelière de la majorité au Bundesrat, la chambre haute du parlement de Berlin dont le feu vert est indispensable pour entériner les projets de loi.

Cette défaite - la CDU obtient 34% des voix contre plus de 44% il y a cinq ans, et le FDP 6% - signifie que Merkel aura besoin du soutien de l'opposition sociale-démocrate du SPD (34% à l'élection régionale) pour mener à bien son programme.

Devant la presse, Angela Merkel a écarté l'idée de réduire les impôts dans les budgets 2011 et 2012, ajoutant que la consolidation budgétaire constituerait la priorité de son gouvernement.

La chancelière entend également faire approuver au plus tôt par son cabinet le volet allemand du plan de 750 milliards d'euros visant à empêcher une contagion de la crise grecque.

Elle a annoncé que son cabinet se réunirait à cette fin dès mardi, ajoutant que l'euro devait être défendu.

"Les pays membres de l'Union européenne ont montré hier (dimanche) qu'ils avaient la volonté politique commune de tout faire pour préserver la stabilité de la monnaie unique européenne", a-t-elle déclaré à Berlin.

Mais elle a ajouté que la réduction des déficits était indispensable au-delà du mécanisme d'aide financière mis en place dans la nuit de dimanche à lundi.

"Nous devons combattre les racines des difficultés", a-t-elle insisté. "L'accès aux garanties (de prêt) (...) sera conditionné à la présentation par les pays de programmes d'assainissement budgétaire à l'UE et au FMI, qui seront régulièrement vérifiés."

UN ÉCHEC PERSONNEL

Le résultat en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Land le plus industrialisé et le plus peuplé d'Allemagne avec 18 millions d'habitants, est un échec personnel pour Merkel, dont la gestion de la crise grecque a été critiquée à gauche comme à droite.

Ses adversaires lui reprochent d'avoir trop tergiversé avant d'accorder une aide à Athènes, très impopulaire auprès de l'opinion, et jugent que ses hésitations n'ont fait qu'aggraver la crise et le coût du sauvetage. Reste que la chancelière ne compte pour l'heure aucun concurrent évident et que sa position ne semble pas menacée.

Avec un score stagnant en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le FDP, dont la percée aux législatives de septembre dernier avait surpris les observateurs, n'est pas en position d'imposer ses vues, d'autant que son chef de file Guido Westerwelle ne jouit pas d'une forte popularité dans les sondages.

L'élection offre en revanche une bouffée d'air aux sociaux-démocrates, qui devancent légèrement la CDU, et aux Verts, qui doublent leur score par rapport à 2005, ainsi qu'au parti La Gauche (Die Linke) qui confirme son ancrage dans le paysage politique avec 6%.

On ignore encore quelle coalition se dessinera pour diriger la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dont l'économie pèse davantage que celles de la Pologne et de la République tchèque réunies, même s'il est clair qu'il ne pourra plus s'agir d'une union CDU-FDP.

L'incertitude demeure aussi quant à l'avenir du poste de ministre des Finances tenu par Wolfgang Schäuble, qui souffre de problèmes de santé depuis plusieurs semaines et a dû être hospitalisé à Bruxelles au cours du week-end.

Le porte-parole du gouvernement Ulrich Wilhelm a toutefois exclut toute idée de remaniement et souligné que le ministre, qui figure parmi les partisans de l'aide à la Grèce au sein du gouvernement, avait participé activement aux négociations sur le mécanisme d'aide de la zone euro ces derniers jours et retournerait à Berlin lundi soir.

Jean-Stéphane Brosse pour le service français