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Amérique du Nord

Qui est Emma Gonzalez, nouvelle icône de la lutte contre les armes aux Etats-Unis?

Emma Gonzalez le 17 février à Fort Lauderdale, en Floride, lors de sa première prise de parole publique après la fusillade survenue dans son lycée.

Emma Gonzalez le 17 février à Fort Lauderdale, en Floride, lors de sa première prise de parole publique après la fusillade survenue dans son lycée. - Rhona Wise - AFP

Rescapée de la fusillade perpétrée dans un lycée de Floride le 14 février, Emma Gonzalez s'implique depuis dans la lutte contre les armes à feu aux Etats-Unis. Au point de devenir l'égérie de ce mouvement jusqu'alors inédit, dans un pays très attaché au deuxième amendement de sa Constitution.

"Honte à vous!". C'est par ces mots percutants lancés au micro pour dénoncer les élus touchant des fonds de la NRA que les Etats-Unis découvrent Emma Gonzalez, le 17 février dernier. Ce jour-là, la jeune fille de 18 ans prend la parole publiquement, lors d'un rassemblement contre les armes à feu, trois jours après la fusillade perpétrée dans un lycée de Floride, qui a fait 17 morts.

Sa parole est d'autant plus écoutée qu'Emma Gonzalez se trouvait dans l'établissement scolaire lorsque Nikolas Cruz, un ancien élève de 19 ans, a ouvert le feu. La lycéenne a survécu en se cachant dans l'auditorium du lycée.

Le symbole d'une jeunesse post-Columbine

Pendant les jours qui suivent le massacre, cette jeune Américaine d'origine cubaine, identifiable par son crâne rasé, multiplie les prises de parole dans les médias nationaux, seule ou aux côtés d'autres rescapés. Au point de devenir le nouveau visage de la lutte contre les armes à feu, aux Etats-Unis.

Avec son camarade David Hogg, lui aussi survivant de la tuerie, elle incarne cette jeunesse américaine née après la fusillade de Columbine, qui avait traumatisé les Etats-Unis en 1999. Une génération qui assiste, impuissante, à la répétition des fusillades de masse en milieux scolaire et universitaire. 

Mais pour la première fois, des jeunes directement témoins de la violence des armes à feu montent au créneau, et sont écoutés, aidés par la viralité des réseaux sociaux. Ainsi, lors d'un débat organisé par CNN le 21 février, soit une semaine jour pour jour après la tuerie, plusieurs lycéens rescapés étaient invités à débattre sur le sujet des armes à feu, en présence de parents, de professeurs, ou encore de responsables politiques. Ce soir-là, Emma Gonzalez s'adresse à Dana Loesch, porte-parole de la NRA, la National Rifle Association, le puissant lobby des armes. 

Sa prestation et son cran ont été salués, et en quelques jours à peine, la jeune fille atteint plus d'un million d'abonnés sur son compte Twitter, soit le double de la NRA

Twitter comme porte-voix 

Son compte Twitter, la jeune fille s'en sert comme d'un porte-voix pour fédérer le plus grand nombre derrière les mouvements "Never Again" ("Plus jamais") et "March For Our Lives" ("Marchons pour nos vies"), les noms des deux hashtags créés contre les armes à feu, après la fusillade en Floride. Une grande marche protestataire est ainsi annoncée pour le 24 mars, à Washington. 30.000 personnes ont d'ores-et-déjà indiqué qu'elles y participeraient, sur la page Facebook officielle de l'événement. Ce jour-là, des dizaines d'autres rassemblements du genre seront organisés dans d'autres grandes villes des Etats-Unis.

Pas un jour ne passe sans qu'Emma Gonzalez ne lance ou ne relaie sur Twitter des appels à la mobilisation dans les rues, ou à un changement de législation sur la question des armes à feu. Un changement qu'elle avait déjà réclamé devant les caméras du pays entier, le 17 février, en interpellant directement Donald Trump sur le soutien financier qu'il avait reçu de la part de la NRA pour sa campagne présidentielle de 2016.

"Nous allons être les enfants dont on parle dans les manuels scolaires. Pas parce que nous serons une nouvelle statistique sur les fusillades en Amérique, mais parce que nous allons changer la loi", avait-elle également lancé ce jour-là, comme pour annoncer son combat à venir. 

Ciblée par l'extrême droite

Un combat qui lui vaut d'être devenue la cible de la frange la plus dure de l'extrême droite américaine, très attachée au deuxième amendement de la Constitution, qui garantit aux citoyens américains le droit de porter des armes. Une véritable campagne de cyber-harcèlement sur les réseaux sociaux a ainsi été mise en place par l'"alt-right" pour décrédibiliser Emma Gonzalez et ses camarades militants, notamment en diffusant les théories conspirationnistes les plus folles à leur sujet. 

Outre un grand nombre de vidéos conspirationnistes sur Youtube, des sites internet affiliés à l'extrême droite ont ainsi lancé la rumeur selon laquelle Emma Gonzalez et David Hogg étaient manipulés par l'extrême gauche pour faire valoir sa rhétorique anti-armes, ou les ont encore accusés d'avoir été coachés par la chaîne CNN pour jouer les "acteurs de crise" au service de cette cause progressiste. 

Militante LGBT

Avec ce combat contre les armes, Emma Gonzalez ne fait pas ses premiers pas dans le militantisme. Comme le souligne Le Parisien, la jeune femme est également une militante de la cause LGBT, présidente de l'organisation Gay-Straight Alliance Club de son lycée.

Par ailleurs, elle expliquait, dans un portrait publié sur le compte Instagram de son école, la Marjory Stoneman Douglas de Parkland, les raisons de son crâne rasé. "J’ai décidé de couper mes cheveux parce qu’ils étaient vraiment pénibles. J’avais chaud tout le temps, ils étaient très encombrants et très lourds (...). Leur entretien me revenait cher et comme le bal de promotion n’allait pas tarder à arriver je me suis dis que je dépenserai moins d’argent si je n’avais pas à me soucier de ma coiffure", raconte-t-elle dans la légende sous son portrait, posté le 22 janvier dernier.

A ce moment-là, Emma Gonzalez, sourire aux lèvres et pose détendue, était loin de se douter du drame qui allait se jouer trois semaines plus tard, et marquer profondément sa vie.