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Amérique du Nord

Otage américain tué: la famille de Luke Somers critique l'opération

Samedi, les forces spéciales américaines ont mené une opération à Sanaa pour libérer deux otages qui ont été tués au cours de cette intervention.

Samedi, les forces spéciales américaines ont mené une opération à Sanaa pour libérer deux otages qui ont été tués au cours de cette intervention. - Mohammed Huwais - AFP

Deux jours après l'opération américaine ratée pour sauver un otage américain au Yémen, la famille de ce dernier regrette l'emploi de la force par les autorités.

D'un côté le pardon, de l'autre la colère. Après l'intervention américaine ratée au Yémen qui a coûté la vie samedi aux deux otages, un Américain et un Sud-africain, que les militaires étaient venus libérer des mains d'Al-Qaïda, les premières réactions, et les premières critiques, se sont faites entendre.

Du côté de la famille de Pierre Korkie, un enseignant sud-africain de 56 ans, on appelle au pardon, préférant écarter toute polémique sur sa mort. "Aujourd'hui, nous avons choisi de pardonner. Nous avons choisi d'aimer. Nous avons choisi de nous réjouir des souvenirs de Pierre et de le faire vivre dans nos coeurs", écrit sa veuve Yolande dans un communiqué publié dimanche soir. 

"Un choc complet"

La dépouille de Pierre Korkie doit être rapatriée discrètement en Afrique-du-Sud, lundi. Une autopsie devrait être pratiquée sur le corps avant qu'il ne soit remis à la famille. Sa femme devrait tenir une conférence de presse mardi matin. "Aucune question ne sera prise qui pourrait l'attirer sur le terrain de la controverse", a précisé le porte-parole de la famille, soulignant que celle-ci a été "traumatisée par ce qui lui est arrivé".

Un traumatisme partagée par la famille de Luke Somers, l'otage américain également tué dans cette opération, mais qui a réagi de manière plus virulente, critiquant même la mise en place de l'opération. "Nous n'avons pas du tout été mis au courant (...). Cela a été un choc complet", a déclaré Penny Bearman, la belle-mère de Luke Somers, lors d'un entretien avec la radio britannique BBC 4. 

Les discussions plutôt que la force

Au cours de cet entretien, la belle-mère du photojournaliste de 33 ans, enlevé en septembre 2013 dans la capitale Sanaa, a confié que "la famille aurait aimé voir plus de tentatives pour résoudre le problème avant qu'il ne se transforme en crise". Dans le quotidien le Times, elle a expliqué que le père de Luke Somers était "en colère parce que s'il n'y avait pas eu de tentative de sauvetage, il serait toujours vivant". 

"Nous sommes sûrs que Luke aurait soutenu les discussions en cours (pour assurer sa libération) au Yémen plutôt que l'emploi de la force", a-t-elle assuré au journal.

La vie des otages en danger

Selon l'association caritative sud-africaine musulmane Gift of the Givers, qui négociait depuis un an la libération de Pierre Korkie, l'enseignant s'apprêtait à recouvrer la liberté, peut-être dès dimanche. Le président américain Barack Obama a affirmé avoir lui-même "autorisé cette opération de sauvetage (...) en coopération avec le gouvernement yéménite" après des "informations indiquant que la vie de Luke était en danger immédiat".

Les autorités yéménites soutiennent, comme Washington, que les ravisseurs "ont tiré sur les deux otages pour les liquider" après avoir "refusé de se rendre". 10 combattants présumés d'Al-Qaïda ont été tués au cours de cette opération.

J.C. avec AFP