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Amérique du Nord

Les libertés sur Internet reculent dans le monde

Un manifestant russe interpellé tient dans ses mains un portrait d'Alexeï Navalny, opposant condamné à cinq ans de camp avec sursis.

Un manifestant russe interpellé tient dans ses mains un portrait d'Alexeï Navalny, opposant condamné à cinq ans de camp avec sursis. - Kirill Kudryavtsev - AFP

Chaque année, l'ONG américaine Freedom House publie un rapport fouillé sur les libertés individuelles dans le monde sur Internet. En près d'un an, elles ont reculé dans au moins 36 pays.

Pour la quatrième année consécutive, "la liberté sur Internet est en train de décliner". Ce constat accablant, qui concerne principalement 36 des 65 pays passés au crible, est le résultat d'une longue enquête de l'ONG américaine Freedom House. Et les pays critiqués pour leur recul des libertés sont aussi bien la Russie et la Turquie...que les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

Un phénomène redouté par certains observateurs comme Tim Berners-Lee, principal concepteur du World Wide Web. En mars dernier, dans un entretien accordé au Monde, il s'inquiétait de la "balkanisation du web": "Le rôle des gouvernements n'est pas de bloquer le développement d'Internet et d'empêcher l'information de circuler entre les pays", soulignait-il.

La répression devient "la norme"

L'une des nouveautés observées en 2013 par l'ONG est le fait que les pays ne se cachent plus comme par le passé pour censurer les libertés sur Internet: "Les gouvernements adoptent de plus en plus de lois qui légitiment la répression et criminalisent les dissidents sur Internet", note la synthèse du rapport. Résultat: de plus en plus d'internautes sont arrêtés et jugés pour leurs activités en ligne, et les médias web s'auto-censurent pour éviter des poursuites judiciaires.

Parmi ces nations impactées, la Russie est celle où les libertés ont le plus reculé l'an dernier. "Le gouvernement russe a pris plusieurs décisions pour augmenter la surveillance sur Internet, notamment avant les Jeux olympiques de Sotchi, et pendant la crise avec l'Ukraine", notent les chercheurs, qui rappellent une loi entrée en vigueur le 1er février dernier. "Le président Vladimir Poutine a promulgué un texte autorisant les procureurs à bloquer tout site hébergeant des contenus "extrémistes" sans décision d'un tribunal. Pendant six semaines, trois sites d'informations de l'opposition ont été bloqués."

Pourquoi la France est bien notée

Classée 7ème sur 65 pays, la France obtient une bonne note, 20/100 (0/100 étant la meilleure note possible, avec "zéro atteinte aux libertés", ndlr). Freedom House met cependant les autorités françaises en garde sur certains points, comme sur l'impressionnant nombre de demandes de retraits de contenus à Twitter. Ainsi, au dernier semestre 2013, 84% des demandes mondiales émanaient de la France (309 sur 365).

Numerama.com estime cependant que certains points ont pesé en faveur de la France avec un peu trop d'enthousiasme. Ainsi, l'ONG "applaudit la suppression de la peine de suspension de l'accès à internet dans la loi Hadopi, sans voir qu'elle n'a jamais été appliquée et qu'elle était de toute façon inapplicable. Sa suppression a été un coup de communication politique, sans incidence pratique."