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Amérique du Nord

Les Etats-Unis perdent leur AAA, les Etats pressés d'agir

L'agence de notation Standard & Poor's a dégradé vendredi soir la note souveraine des Etats-Unis, point d'orgue d'une semaine de panique sur les marchés financiers alarmés par l'ampleur des dettes publiques et le ralentissement de l'économie mondiale. Cet

L'agence de notation Standard & Poor's a dégradé vendredi soir la note souveraine des Etats-Unis, point d'orgue d'une semaine de panique sur les marchés financiers alarmés par l'ampleur des dettes publiques et le ralentissement de l'économie mondiale. Cet - -

par Walter Brandimarte et Melanie Lee NEW YORK/SHANGHAI (Reuters) - L'agence de notation Standard & Poor's a dégradé vendredi soir la note...

par Walter Brandimarte et Melanie Lee

NEW YORK/SHANGHAI (Reuters) - L'agence de notation Standard & Poor's a dégradé vendredi soir la note souveraine des Etats-Unis, point d'orgue d'une semaine de panique sur les marchés financiers alarmés par l'ampleur des dettes publiques et le ralentissement de l'économie mondiale.

Cette décision pourrait encore aggraver les turbulences à la réouverture des places financières lundi. Signe de l'inquiétude des dirigeants mondiaux, les ministres des Finances et les banquiers centraux des pays du G7 s'entretiendront par téléphone au cours du week-end, a-t-on appris de source diplomatique européenne.

En s'exportant de l'autre côté de l'Atlantique, la crise de la dette jusqu'ici confinée à plusieurs membres de la zone euro a pris une dimension internationale et réclame une coordination globale, a souligné ce haut responsable.

La Banque centrale européenne a également prévu d'organiser une réunion téléphonique dimanche après-midi, indique-t-on de source proche de l'institution.

Le débat est ouvert au sein de l'institution sur l'opportunité de racheter des obligations d'Etat italiennes pour calmer la spéculation, alors que Silvio Berlusconi a promis vendredi soir un retour à l'équilibre budgétaire en 2013, avec un an d'avance sur le calendrier initial.

Les marchés font de moins en moins confiance à l'Espagne et à l'Italie pour honorer leurs dettes et le scénario d'un effet domino dans la zone euro continue de se dérouler. La crainte d'un basculement des Etats-Unis dans la récession a également alimenté la chute des marchés financiers mondiaux, qui ont perdu 2.500 milliards de dollars en une semaine.

LE "BON VIEUX TEMPS EST TERMINÉ"

Après la clôture de Wall Street, les Etats-Unis ont pour la première fois perdu leur précieux AAA. Leur dette souveraine est dorénavant notée AA+ par l'agence de notation Standard & Poor's, qui laisse planer la menace d'une nouvelle dégradation dans un an.

Cette décision, plutôt attendue, sanctionne aux yeux de S&P l'absence d'un compromis politique viable sur la réduction de l'endettement américain. La Maison blanche a réagi en appelant les législateurs à coopérer davantage.

L'abaissement de la note américaine pourrait avoir des implications sur le statut de monnaie de réserve du dollar américain. La Chine demande dans un commentaire de l'agence Chine nouvelle que la communauté internationale réfléchisse à une nouvelle monnaie de réserve, "stable et sûre".

Pékin, premier créancier des Etats-Unis, s'en prend dans cette dépêche au gouvernement américain, exigeant qu'il "affronte le problème de sa dette structurelle". "Le bon vieux temps où il n'avait qu'à emprunter pour se tirer du pétrin qu'il avait lui-même créé est terminé", dit l'agence officielle.

La Russie, troisième détenteur de réserves mondiales d'or et de devises derrière la Chine et le Japon, s'est montrée beaucoup plus mesurée, estimant à l'instar de la France que la dette américaine resterait un emprunt de référence.

DIVISIONS AU SEIN DE LA BCE

Ce nouveau développement dans la crise de la dette accroît la pression sur les gouvernements. Dans son analyse, S&P explique la dégradation par l'insuffisance du plan de consolidation budgétaire adopté par le Congrès en échange d'un relèvement du plafond d'endettement américain et pointe l'incapacité des démocrates et des républicains à gouverner ensemble.

Les marchés européens attendent également une intervention rapide et efficace des gouvernements trop endettés à leur goût.

Après la Grèce, l'Irlande et le Portugal, les investisseurs craignent que ce soit au tour de l'Italie et de l'Espagne, troisième et quatrième économies de la zone euro, de devoir solliciter un sauvetage.

Silvio Berlusconi a cédé à la pression internationale en promettant d'accélérer la mise en oeuvre des mesures d'austérité et de réformes sociales. Il a en revanche de nouveau écarté l'hypothèse d'élections anticipées alors que l'opposition réclame un gouvernement "technique" pour restaurer la crédibilité financière du pays.

Jeudi, les investisseurs n'ont pas apprécié que la BCE n'achète pas d'obligations espagnoles et italiennes, se limitant à la dette souveraine irlandaise et portugaise alors que le rendement des titres émis par Rome et Madrid dépassait 6%.

Deux jours plus tard, il semble qu'il s'agissait d'une manoeuvre pour pousser Silvio Berlusconi à agir.

"En principe, on peut dire que la BCE pourrait commencer à acheter des obligations espagnoles et italiennes si (les deux pays) faisaient un effort supplémentaire en terme de réformes fiscale et structurelles", a dit à Reuters un haut responsable de la zone euro.

Mais des divisions demeurent au sein de la BCE sur l'opportunité de racheter de la dette italienne.

Avec Paul Taylor à Paris, Kathrin Jones à Sakari Suoninen à Francfort, Leika Kihara à Tokyo, William James, Jeremy Gaunt et Ana Nicolai da Costa à Londres, Pedro da Costa, Kristina Cooke, Walter Brandimarte et Lucia Mutikani à New York, Helen Ding à Shanghai, Koh Guiqing and Wang Lan à Pékin; Clément Guillou et Jean-Stéphane Brosse pour le service français