BFMTV
Amérique du Nord

Face au Congrès, Trump annonce avoir signé un décret pour maintenir ouvert Guantanamo

Donald Trump lors de son discours sur l'état de l'Union, au Congrès américain, le 30 janvier 2018.

Donald Trump lors de son discours sur l'état de l'Union, au Congrès américain, le 30 janvier 2018. - Win McNamee - AFP

Pendant son discours sur l'état de l'Union, mardi soir, face au Congrès américain, Donald Trump a annoncé avoir signé un décret pour que le camp de Guantanamo reste ouvert.

C'était une de ses promesses de campagne. Donald Trump a ordonné mardi, via un décret, le maintien de la prison de Guantanamo Bay, marquant une nette rupture avec les tentatives répétées et finalement vaines de son prédécesseur Barack Obama de fermer le site controversé. Le président américain en a fait l'annonce lors de son fameux discours sur l'état de l'Union, prononcé mardi soir face au Congrès américain.

"Je viens juste de signer un décret"

"Aujourd'hui, je tiens une autre promesse" de campagne, a souligné le républicain, qui se pliait pour la première fois de son mandat au traditionnel exercice du discours face au Congrès. "Je viens juste de signer un décret ordonnant" au ministre de la Défense Jim Mattis "de réexaminer notre politique d'incarcération militaire et de maintenir ouvertes les installations carcérales de Guantanamo Bay".

"Je demande au Congrès de s'assurer que dans la lutte contre Daesh et Al-Qaïda, nous continuons à disposer du pouvoir nécessaire pour détenir les terroristes où que nous les chassions, où que nous les trouvions, et dans de nombreux cas, pour eux, ça sera maintenant Guantanamo Bay", a-t-il ajouté, sous des applaudissements nourris. 

Le symbole des excès dans la lutte antiterroriste américaine

L'armée américaine, sous la présidence de George W. Bush, avait construit rapidement ce centre de détention sur une base navale appartenant aux Etats-Unis, à la pointe est de l'île de Cuba. 

Les vingt premiers détenus y sont arrivés le 11 janvier 2002, quelques semaines après les attentats du 11 septembre 2001. Dès cette époque cette prison a incarné, à travers le monde, les excès dans la lutte antiterroriste des Etats-Unis. Certains hommes soupçonnés d'être impliqués dans les attentats du 11 septembre 2001 attendent toujours d'être jugés dans ce pénitencier de haute sécurité. 

41 détenus toujours sur place

Au plus fort de son activité, sur les braises de la "guerre contre le terrorisme" lancée par George W. Bush, 780 personnes étaient détenues à Guantanamo pour leurs liens présumés avec Al-Qaïda et les talibans. Des centaines de détenus ont depuis été libérés ou transférés vers leur pays natal ou des pays tiers. Il ne reste aujourd'hui que 41 détenus, qui pour la majorité ne font l'objet d'aucun chef d'accusation mais dont la libération n'est pas à l'ordre du jour, car ils sont jugés trop dangereux.

Durant sa campagne présidentielle, Donald Trump avait affiché sa volonté de garder ouverte la prison de Guantanamo et "de la remplir de mauvais gars". Il a gardé cette position une fois élu.

Certains détenus avaient pourtant été promis à être libérés de Guantanamo sous Barack Obama, qui n'a jamais réussi à trouver un compromis avec le Congrès sur la prison et n'aura donc pas tenu sa promesse de fermer le site. La prison de Guantanamo coûte aux contribuables américains entre 400 et 450 millions de dollars par an.

Discours rassembleur

Face au Congrès réuni au grand complet, Donald Trump a lancé mardi soir un appel au rassemblement à l'issue d'une première année au pouvoir marquée par les divisions et une avalanche de polémiques et de scandales.

"Ensemble, nous construisons une Amérique sûre, forte et fière", a-t-il lancé lors de son premier discours sur "l'état de l'Union" suivi en direct par des dizaines de millions de téléspectateurs. Le locataire de la Maison Blanche a adopté un ton plutôt conciliant sur nombre de sujets même s'il a décrit l'immigration d'abord sous le prisme de la violence, de la drogue ou du terrorisme.

Au plus bas dans les sondages, sous la menace de l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l'interférence russe dans la campagne, Donald Trump s'est tenu à l'écart des critiques frontales de ses adversaires. Et a esquissé des pistes de coopération avec les démocrates, de l'immigration aux infrastructures.

Des dizaines d'élues et élus démocrates étaient vêtus de noir en l'honneur des victimes de harcèlement sexuel. Une vingtaine d'élus démocrates noirs portaient une écharpe, une cravate ou un noeud papillon à motif africain coloré, en soutien aux "pays de merde", expression qui aurait été employée par Donald Trump lors d'une réunion à la Maison Blanche.

A.S. avec AFP