BFMTV
États-Unis

Un procureur spécial nommé pour enquêter sur Trump et la Russie

Donald Trump dans les jardins de la Maison Blanche, le 17 mai 2016

Donald Trump dans les jardins de la Maison Blanche, le 17 mai 2016 - Olivier Douliery / AFP

Le ministère américain de la Justice a nommé mercredi un procureur spécial pour mener l'enquête explosive sur l'ingérence russe dans l'élection présidentielle de 2016, au moment où Donald Trump est accusé d'avoir cherché à entraver les investigations.

Donald Trump n'est pas au bout de ses peines. Accusé d'avoir livré des informations hautement confidentielles à la Russie et d'avoir demandé au FBI de mettre un terme à une investigation sur son ancien conseiller Michael Flynn, le président américain est au coeur d'une nouvelle enquête approfondie sur les soupçons de collusion entre certains de ses proches et la Russie au cours de la campagne présidentielle de 2016.

Le ministère de la Justice a ainsi nommé mercredi un procureur spécial, Robert Mueller, pour garantir l'indépendance de l'enquête, un rebondissement dans cette affaire qui assombrit le mandat du président américain. Cette nomination vise à isoler les investigations du pouvoir politique en réduisant au minimum la supervision de ce ministère, qui exerce la tutelle du FBI et donc sur les agents qui enquêtent depuis l'été dernier dans cette affaire mêlant politique et espionnage.

Le milliardaire républicain, qui se plaignait mercredi matin d'être maltraité par les médias, a réagi sèchement par voie de communiqué. "Comme je l'ai dit à de nombreuses reprises, une enquête complète confirmera ce que nous savons déjà: il n'y a eu aucune collusion entre mon équipe de campagne et une entité étrangère", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il était "impatient" que cette affaire se conclue "rapidement".

Le procureur spécial, un super enquêteur aux pouvoirs élargis

Très rare dans les sagas politico-judiciaires aux Etats-Unis, le procureur spécial est un super enquêteur aux pouvoirs élargis et à l'indépendance renforcée. Il est nommé quand des fortes suspicions de conflit d'intérêt gangrènent une enquête touchant à des institutions clés du pouvoir, ou encore quand des "circonstances extraordinaires" le justifient au nom de "l'intérêt du public". 

Le procureur spécial n'a pas à tenir informé sa hiérarchie de chacune des étapes de son enquête, même s'il demeure théoriquement subordonné au ministre de la Justice et a fortiori au président. Le ministère de la Justice n'a pas à justifier ses critères de choix d'un procureur spécial, qu'il est libre de choisir dans le secteur privé s'il le souhaite. 

C'est d'ailleurs le cas avec Robert Mueller, directeur très respecté du FBI de 2001 à 2013, sous George W. Bush puis Barack Obama, actuellement membre d'un cabinet juridique privé qu'il va quitter. 

Une nomination saluée par l'opposition

Les élus démocrates du Congrès ont crié victoire, bien que certains estiment qu'il ne s'agisse que d'une première étape et réclament la création d'une commission spéciale sur la Russie, au mandat plus large que la stricte enquête policière.

L'opposition réclamait unanimement la nomination d'un procureur spécial depuis le limogeage soudain du directeur du FBI James Comey, le 9 mai, soupçonnant une tentative d'entrave à la justice.

Au Congrès, la majorité républicaine avait rejeté les appels à un procureur spécial mais exprimait depuis des jours son malaise face aux interventions du président dans l'enquête.

Mélanie Rostagnat avec AFP