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États-Unis

Texas: l'exécution d'un Mexicain provoque un tollé diplomatique

Manifestants opposés à l'exécution du Mexicain Edgar Tamayo au Texas, devant l'ambassade américaine à Mexico mercredi 22 janvier.

Manifestants opposés à l'exécution du Mexicain Edgar Tamayo au Texas, devant l'ambassade américaine à Mexico mercredi 22 janvier. - -

Ce condamné à mort de 46 ans, handicapé mental, a été exécuté par l’État du Texas en violation du droit international et malgré les pressions du gouvernement fédéral américain.

Après 20 ans dans le couloir de la mort, un Mexicain de 46 ans a été exécuté mercredi au Texas après l'échec de tous ses recours. Cette exécution s'est pourtant produite dans la violation des droits internationaux, malgré l'opposition du gouvernement fédéral américain et la condamnation du Mexique.

Jusqu'au bout, le cas d'Edgar Tamayo Arias, qui n'a pas pu bénéficier lors de son procès de ses droits consulaires, a fait l'objet d'une forte mobilisation des organisation des droits de l'Homme. Amnesty International a notamment dénoncé une "violation honteuse du droit international".

Dans un même temps, le gouvernement mexicain réaffirmait son refus que son ressortissant soit exécuté, et Washington mettait la pression sur l'Etat du Texas. Fin 2013, le secrétaire d'Etat John Kerry a ainsi lui-même demandé un sursis pour Edgar Tamayo auprès du gouverneur du Texas Rick Perry. Il a insisté sur "l'obligation des Etats-Unis au regard du droit international" et sur les répercutions inévitables pour tous les Américains emprisonnés à l'étranger.

Une décision qui appartient "aux États"

En vain. La porte-parole du gouverneur, Lucy Nashed, a déclaré que "peu importe d'où l'on vient, si l'on commet un crime aussi abject que celui-ci au Texas, alors on relève aussi des lois de cet Etat." "Au bout du compte, ces décisions sont entre les mains des Etats", a déploré Roberta Jacobson, secrétaire d'Etat adjointe pour l'Amérique latine.

Edgar Tamayo Arias a été condamné à mort en 1994 à Houston, au Texas, pour le meurtre d'un policier. Atteint d'un retard mental, et parlant à peine l'anglais au moment de son arrestation, l'homme aurait dû bénéficier de l'assistance du consulat mexicain au moment de son procès. Une telle assistance est prévue par la Convention de Vienne sur les relations consulaires, signée par les Etats-Unis en 1963.

Les avocates d'Edgar Tamayo en sont persuadées: si leur client avait, à l'époque, reçu cette assistance, "il n'aurait jamais été condamné à mort". Leurs recours au Texas n'ont néanmoins trouvé aucun écho. En désespoir de cause, Me Maurie Levin et Sandra Babcock avaient fini par saisir la Cour suprême des Etats-Unis, demandant la suspension de l'exécution pour permettre une révision du dossier.

La Cour suprême déchirée

La plus haute autorité américaine s'est déchirée sur la question: les trois juges progressistes auraient accordé un sursis pour réexaminer la violation de la Convention de Vienne. Mais les neuf juges se sont finalement prononcés contre sur recommandation du juge conservateur Antonin Scalia, en charge des dossiers liés au Texas.

La question risque néanmoins de se reposer très vite puisque l'exécution d'un autre Mexicain, victime de la même violation, est prévue le 9 avril prochain au Texas. Et selon une étude publiée par le Centre d'information sur la peine capitale, sur les 143 hommes de 37 nationalités étrangères actuellement détenus dans le couloir de la mort américain, seuls six ont été à ce jour informés de leurs droits consulaires.

Mathilde Tournier et avec AFP