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Syrie: des diplomates américains réclament des frappes contre Assad

Une frappe de la coalition sur Kobané, en Syrie, en octobre 2014. (photo d'illustration)

Une frappe de la coalition sur Kobané, en Syrie, en octobre 2014. (photo d'illustration) - Aris Messinis - AFP

Des diplomates américains considérés comme neutres politiquement se sont réunis en groupe dissident et ont publiquement demandé à Barack Obama de bombarder le régime syrien. Un affront à la politique menée depuis cinq ans par le président des Etats-Unis, sur ce dossier.

Un véritable défi lancé à l'administration Obama. Une cinquantaine de diplomates américains du département d'Etat ont formé un groupe "dissident" réclamant que les Etats-Unis frappent militairement le régime syrien. En plus d'un affront, il s'agit d'une critique sévère de la politique menée depuis cinq ans par le président Barack Obama pour tenter d'arrêter cette guerre.

Télégramme diplomatique dissident

Le ministère américain des Affaires étrangères, piloté par le secrétaire d'Etat John Kerry, a reconnu jeudi soir l'existence d'un "télégramme (diplomatique) dissident rédigé par un groupe d'employés du département d'Etat concernant la situation en Syrie".

Son porte-parole John Kirby a toutefois refusé de dévoiler le contenu précis de ce texte diplomatique, le Wall Street Journal et le New York Times affirmant que ce télégramme demande explicitement des frappes militaires américaines contre le régime du président syrien Bachar al-Assad. "Nous examinons actuellement ce télégramme qui est sorti très récemment", s'est borné à dire John Kirby.

Plaidoyer pour un recours aux frappes

D'après le WSJ et le NYT, qui dit avoir vu un document provisoire, le télégramme est un court mémorandum signé par 51 diplomates et employés du département d'Etat. Il plaide, selon le NYT, pour un "recours judicieux" à des frappes de missiles ou de drones américains.

Sur le fond, le mémo juge "évidente et incontestable la logique morale à agir pour mettre fin aux tueries et aux souffrances en Syrie, après cinq années d'une terrible guerre", selon le NYT. Toujours d'après le quotidien américain, les responsables américains critiquent dans leur télégramme "le status-quo en Syrie (qui) continuera de provoquer des situations de plus en plus catastrophiques en matière humanitaire, diplomatique et de terrorisme".

Obama, grand sceptique de l'interventionnisme 

La stratégie du président Obama à l'égard du conflit syrien a provoqué l'une des plus fortes polémiques en politique étrangère de son double mandat. Elu en 2008, prix Nobel de la paix l'année suivante, le dirigeant démocrate est un grand sceptique de l'interventionnisme militaire à tous crins. Il s'est ainsi efforcé d'extirper l'Amérique des deux guerres démarrées sous la présidence du républicain George W. Bush: l'Irak et l'Afghanistan. 

Très réticent à mettre le doigt dans un nouveau conflit au Moyen-Orient, Barack Obama avait renoncé à la dernière minute à l'été 2013 à bombarder des infrastructures du régime de Damas, malgré le fait que l'armée syrienne avait utilisé des armes chimiques contre des civils en août de cette année-là. Dans les mois précédents, le président américain avait promis d'agir contre la Syrie en cas de franchissement d'une telle "ligne rouge".

Adrienne Sigel, avec AFP