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États-Unis

Rudy Kurniawan: procès d'un arnaqueur

Le procès d'un des plus grands faussaire de vins s'est ouvert lundi 9 septembre à New York.

Le procès d'un des plus grands faussaire de vins s'est ouvert lundi 9 septembre à New York. - -

C'est le procès d'un faussaire de génie qui devait s'ouvrir lundi à New York. Celui de Rudy Kurniawan, qui a trompé le monde des grands vins pendant des années, "fabriquant" chez lui des grands crus.

Rudy Kurniawan a l'étoffe d'un héros de roman ou de thriller hollywoodien. Cet Asiatique de 37 ans s'est fait passer pendant des années pour ce qu'il n'était pas, inondant les ventes de grands crus de bouteilles falsifiées de sa fabrication. Son procès qui devait s'ouvrir le 9 septembre à New York, a finalement été reporté au 9 décembre.

L'histoire commence aux début des années 2000. Rudy Kurniawan, qui se présente comme un riche héritier indonésien, fait irruption dans le monde feutré des ventes de grands crus de Bordeaux et de Bourgogne aux Etats-Unis. Rapidement, il blufffe tout le monde par sa connaissance du vin. Il se fait un nom et une réputation, se trouve un mentor en la personne d'un critique réputé, comme le raconte Le Monde, qui a consacré cet été un long portrait au faussaire (article payant).

L'homme mène grand train, porte des costumes Hermès et roule en Bentley et Ferrari. Sa passion pour le Bourgogne lui vaut le surnom de "Docteur Conti", en référence au Romanée Conti. Il achète à tour de bras de grands vins, se constitue une cave de plus de 50.000 bouteilles.

Vaste supercherie

Kurniawan s'associe alors au propriétaire d'une maison d'enchères. Ensemble, ils organisent de grandes ventes de vins, dont les enchères atteignent des sommets. Tout semble sourire à Kurniawan, jusqu'aux années 2007-2008. Son succès lui attire alors les premiers soupçons parmi les amateurs et les producteurs de vin. Certaines bouteilles ouvertes par des connaisseurs apparaissent fausses ou frauduleuses. Son habitude de récupérer les bouteilles vides, après les dîners qu'il organise, intrigue. C'est un producteur de Bourgogne qui va permettre de faire la lumière sur la vaste supercherie orchestrée par Kurniawan.

Laurent Ponsot, vigneron bourguignon, propriétaire du domaine Ponsot, découvre avec stupéfaction que Rudy Kurniawan a mis en vente en avril 2008, des bouteilles de son domaine, millésimées 1947 à 1971, qui ne peuvent exister. Et pour cause, les Ponsot Clos Saint-Denis n'ont été mis en bouteilles qu'à partir de 1982. Un milliardaire américain porte plainte contre Rudy Kurniawan, l'accusant de lui avoir vendu des vins contrefaits.

"Bouteilles vides et fausses étiquettes"

La descente aux enfers commence alors pour l'ex star des salles de vente. Sa véritable identité est dévoilée, il ne s'appelle pas Rudy Kurniawan mais Zhen Wang Huang. Il n'est pas indonésien mais chinois et réside sur le sol américain en situation irrégulière.

La perquisition du FBI à son domicile de Los Angeles en mars 2012 permet de retrouver "des dizaines de bouteilles vides, des milliers de fausses étiquettes de vin, de la cire à cacheter, une imprimante laser et des sacs en plastique remplis de bouchons". La combine est dévoilée, Kurniawan obtenait des grands crus en réalisant des mélanges. Un magnum de Petrus 1983 était ainsi obtenu en croisant un Petrus 1985 et un Petrus 1980. Un Pomerol provenait de vins californiens.

Son procès a été reporté au 9 décembre à New York. "Docteur Conti" risque 40 ans de prison et 500.000 euros d'amende.

Magali Rangin