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Primaires américaines: Trump, le plus new-yorkais des candidats?

Donald Trump lors d'un gala du Parti républicain, le 14 avril, à New York.

Donald Trump lors d'un gala du Parti républicain, le 14 avril, à New York. - Eduardo Munoz Alvarez - AFP

Les électeurs de l'Etat de New York votent ce mardi pour désigner les candidats qu'ils veulent voir investis dans la course à la présidentielle américaine. Ce scrutin à fort enjeu pourrait permettre aux deux favoris du jour, Hillary Clinton et Donald Trump, de conforter leur avance. Le magnat de l'immobilier, qui a fait fortune à Manhattan, jouit d'une certaine popularité au sein de la Grosse Pomme.

Une primaire à gros enjeux. Si d'ordinaire, la primaire de l'Etat de New York intervient lorsque l'affiche de la présidentielle est déjà connue, elle arrive cette fois-ci au moment où l'incertitude reste entière. Malgré un processus engagé en janvier, les primaires américaines n'ont toujours pas permis de déterminer qui sera le candidat de chaque parti à la présidentielle qui se tiendra en novembre prochain aux Etats-Unis. 

Donald Trump et Hillary Clinton, qui font la course en tête dans leurs camps respectifs en termes de nombre de délégués obtenus, espèrent que le vote dans l'Etat de New York (où 95 délégués sont en jeu) leur permettra, chacun de leur côté, de conforter leur avance. Mais s'ils partent favoris, tous deux se doivent de remporter des victoires écrasantes sur leurs propres adversaires, pour espérer atteindre le nombre de délégués nécessaires pour obtenir la majorité absolue (1.237 chez les républicains, 2.383 du côté des démocrates).

Bataille de New-Yorkais

Le lien qui unit les deux candidats à New York pourrait influer sur l'importance de leur score. Ils témoignent en effet tous les deux d'un attachement particulier à la ville. Originaire de Chicago, Hillary Clinton est devenue new-yorkaise sur le tard et a adopté l'Etat comme le sien, lorsqu'elle en a raflé le siège de sénatrice, poste qu'elle a occupé de 2001 à 2009. Né dans le Queens, Donald Trump a quant à lui bâti sa fortune et sa carrière d'homme d'affaires à Manhattan, où une tour porte son nom

Des liens profonds, qui ont fait dévier la campagne pour cette primaire vers une question simple: qui est le plus new-yorkais des candidats? L'enquête a été menée directement auprès des habitants de la ville la plus peuplée des Etats-Unis, dans un sondage pour NBC News et le Wall Street Journal. Ainsi, pour 41% des électeurs inscrits à New York, Donald Trump apparaît comme le New-Yorkais le plus authentique, contre 25% pour Bernie Sanders (qui est né et a grandi à Brooklyn) et 23% pour Hillary Clinton.

Trump et ses "valeurs new-yorkaises"

Depuis des semaines, le milliardaire, en difficulté dans sa récolte de délégués avec plusieurs défaites au cours des dernières primaires, semble miser sur son succès dans l'Etat de New York, à l'égard duquel il a multiplié les hommages. Il y a dix jours, il a profité de sa première visite au mémorial du 11-Septembre pour défendre les "valeurs" de la ville, référence directe aux propos tenus par son rival, l'ultraconservateur Ted Cruz, quelques mois plus tôt.

Au début de l'année, le sénateur du Texas avait en effet reproché à son adversaire d'"incarner les valeurs de New York", "sociales-libérales, pro-avortement, en faveur du mariage homosexuel, focalisées sur l'argent et les médias". Depuis, Donald Trump joue sa carte new-yorkaise à fond, et la stratégie semble payer. "C'est bon d'être à la maison", répète-t-il à l'envi lors de ses meetings. 

Pour justifier une donation de 100.000 dollars au musée du mémorial du 11-Septembre, il a asséné le coup fatal à son adversaire. "J'ai juste eu envie de le faire", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il avait été motivé par les déclarations méprisantes de Ted Cruz, qui a, selon lui, "la haine contre New York". Une manière efficace d'attirer au dernier moment quelques électeurs indécis, mais dégoûtés par les propos de Cruz, dans son camp. 

Trump en meeting à Albany, dans l'Etat de New York, le 11 avril.
Trump en meeting à Albany, dans l'Etat de New York, le 11 avril. © Eduardo Munoz Alvarez- AFP

Des soutiens de poids

Conséquence: le magnat de l'immobilier s'est récemment attiré des soutiens de poids. L'ancien maire républicain de New York, Rudy Giuliani, en poste au moment du 11-Septembre, a ainsi annoncé il y a une dizaine de jours qu'il appuyait l'homme d'affaires et allait voter pour lui, se disant particulièrement irrité par les propos de Ted Cruz. 

La semaine dernière, c'est le tabloïd New York Post, tiré à 500.000 exemplaires, qui a apporté son soutien à Donald Trump, le qualifiant d'"imparfait", "mais tellement plein de promesses". Le quotidien conservateur, propriété du magnat des médias Rupert Murdoch, affirme que l'enfant du Queens représente "le meilleur des 'valeurs new-yorkaises'" et "le meilleur espoir pour tous les Américains qui se sentent, à juste titre, trahis par la classe politique". 

Et le journal d'estimer que les propos controversés du milliardaire, suggérant que le Japon et la Corée du Sud se dotent de l'arme nucléaire ou sa proposition d'ériger un mur à la frontière du Mexique, sont des "maladresses de bleu".

Populaire ou rejeté 

Fort de sa stratégie et de ses soutiens, Donald Trump part favori pour la primaire républicaine dans cet Etat, qui avait voté à 63% pour Barack Obama en 2012 (à 80% dans la ville de New York). Ces derniers jours, il a tenu à mener campagne hors de la Grosse Pomme, dans le Nord de l'Etat, d'où plusieurs grandes entreprises telles qu'IBM sont parties pour s'implanter à l'étranger, laissant dans certaines villes un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale et un taux de pauvreté supérieur à la moyenne de l'Etat de New York.

Le message populiste de Trump, promettant de faire revenir les emplois et de restaurer la fierté nationale, touche une corde sensible dans une région qui s'est longtemps sentie oubliée par l'Etat et les politiciens à Washington. Et fédère ainsi les frustrations, là où Ted Cruz l'"antipathique" et John Kasich, trop loin derrière dans la course, semblent hors jeu.

Reste à connaître l'ampleur de son succès, ses déclarations sur l'immigration et l'islam, aux antipodes des valeurs d'ouverture et de tolérance prônées par les New-Yorkais, risquant d'avoir un effet de rejet dans les urnes, chez les électeurs habitant la ville qui ne dort jamais. "New York rejette le parti de la haine", "New York est une zone anti-Trump", pouvait-on ainsi lire sur des banderoles lors d'une manifestation à la sortie du gala du Parti républicain, le 14 avril. 

Des manifestants anti-Trump, le 14 avril, à New York, devant un immeuble où se tient un gala du Parti républicain.
Des manifestants anti-Trump, le 14 avril, à New York, devant un immeuble où se tient un gala du Parti républicain. © Spencer Platt - AFP