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États-Unis

Présidentielle US : dernière bataille pour les États clés à quelques heures du scrutin

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À quelques heures du vote pour la présidentielle américaine, les Swing States peuvent encore basculer d'un camp à l'autre, et sont l'objet de toutes les attentions. Explications et autres bizarreries du système électoral américain.

Avec quelques voix de plus, les 6 ou 7 États clés que sont les Swing States - ou encore Battleground States (États "champs de bataille", littéralement) -, pourraient passer d'un camp à l'autre.

>> Obama et Romney au coude-à-coude à 48 heures du scrutin

La distorsion du vote des Grands Électeurs

L'effet est le suivant : à New York (la ville dans l'État éponyme) et San Francisco (Californie), aucune voix pour Romney n'est recherchée. Les militants ne s'y fatiguent pas. Si même ils y grattaient quelques voix de plus, elles seraient en pure perte mathématique dans ces deux endroits : Romney ne peut obtenir la majorité relative ni dans l'État de New York ni en Californie. En revanche, Obama ne gagnera pas au Texas, et ses militants ne s'y fatiguent guère non plus. En France, avec le système d'élection directe à une circonscription, c'est-à-dire la nation tout entière, les militants vont chercher chaque voix même dans des régions où ils sont très minoritaires, car cette voix ira gonfler le total final.

Rien de tel, donc, aux États-Unis. Mais une anomalie s'est quand même glissée dans ces calculs : les candidats pensent que gagner en Ohio leur porte bonheur ! Avec 18 Grands Électeurs, ces gens obscurs qui sont des zombies juridiques qui valideront sans exception le candidat remportant la majorité relative, cet État n'est pas si primordial (il faut 270 Grands Électeurs, après tout). Mais la tradition est ancrée, tel un talisman, un charme, un miracle assuré : qui gagne en Ohio gagne aux USA.

La prophétie autoréalisatrice

Ainsi, puisque tous les férus de politique croient en la magie de l'Ohio, le candidat qui se respecte doit y faire campagne, et y égrener ses arguments qui porteront bien au-delà. Faire mine de croire en la victoire dans l'Ohio donnerait envie, selon cette prophétie, à tous partout ailleurs de voter pour un "winner". L'Ohio microcosme, les Ohioans constituant le peuple élu.

Les recommandations de vote étonnantes

Comme si cette étrangeté de l'Ohio ne suffisait pas, voici que le comité éditorial des journaux choisit de recommander le vote pour tel ou tel. Cela ne provoque pas la ruée des voix sur telle ou telle personne, mais quelques centaines de personnes peuvent suivre la directive, et dans un État Swing, et bien cela peut faire swinguer le score !

Que dire alors lorsque des journaux choisissent précisément le candidat inverse à nos attentes? À Salt Lake City, capitale de l'Utah (l'État peuplé pour moitié de Mormons), le Salt Lake Tribune préconise le vote Obama ! Parce qu'il y a "trop de Mitt Romney". En effet, Mitt a commencé centriste, puis s'est aligné sur la droite avec le Tea Party, pour ensuite revenir vers le centre sans aucune crédibilité. C'est donc qu'existent des Mormons démocrates ! Cela changera peu dans l'Utah : statistiquement Romney y passe. Mais dans le Nevada voisin, où vivent de nombreux Mormons, et où les scores sont serrés, cela pourrait jouer. Ce serait le seul effet Mormon.

>> La géopolitique selon Harold Hyman


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Harold Hyman et specialiste de géopolitique