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États-Unis

Pour BHL, l'administration Trump a "clairement un problème avec les Juifs"

Bernard-Henri Lévy, en septembre 2016.

Bernard-Henri Lévy, en septembre 2016. - Genya Savilov - AFP

Le philosophe français signe une tribune sur le site internet de CNN, dans laquelle il estime que l'attitude du nouveau gouvernement américain à l'égard de la communauté juive est inquiétante.

L'administration de Donald Trump a-t-elle un problème avec les juifs? C'est la question soulevée par le philosophe et écrivain français Bernard-Henri Lévy, dans une tribune publiée sur CNN, dans laquelle il recense toutes les signes envoyés par le nouveau président américain depuis son arrivée à la Maison Blanche, le 20 janvier dernier, montrant selon lui un manque de considération à l'égard de la communauté juive.

"Nouvel antisémitisme"

"Je n'avais pas idée d'à quel point j'avais raison, il y un mois, lorsque j'écrivais dans le New York Times que les Juifs américains devraient se méfier de leur nouveau président", écrit-il pour introduire son propos. Avant de revenir sur plusieurs signes envoyés par la présidence Trump et qui ont selon lui déjà démontré son mépris à l'égard de la communauté juive américaine et de son histoire. 

Bernard-Henri Lévy revient notamment sur une affaire qui avait fait beaucoup de bruit dès les premiers jours du mandat du président républicain, lorsque la Maison Blanche avait omis de mentionner les Juifs dans un communiqué diffusé à l'occasion de la journée mondiale à la mémoire des victimes de l'Holocauste. Ce jour là, Donald Trump avait rendu hommage aux "victimes, survivants et héros" de l'Holocauste, sans citer les Juifs.

"Les plumes du président savaient clairement, quand elles ont décidé d''oublier' les Juifs, ce qu'elles faisaient et pourquoi", estime BHL. "Nous assistions à un effort délibéré de pousser les victimes juives du génocide dans la zone grise des meurtres généraux, et dans la catégorie des crimes sans nom", ajoute-t-il, jugeant qu'il s'agit "de l'une des marques du nouvel antisémitisme". 

"Virage à 180 degrés"

BHL revient également sur la conférence de presse commune de Donald Trump avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le 15 février dernier. Une conférence de presse "étrange", selon lui.

"Un journaliste israélien a interrogé le président à propos de la hausse inquiétante des incidents antisémites aux Etats-Unis. Mais au lieu de répondre (...), Donald Trump a parlé de lui", écrit le philosophe. Ce jour-là, face aux questions de la presse, le président américain était effectivement revenu sur sa victoire du 8 novembre, alors qu'il n'avait pas été interrogé sur le sujet. 

"Lorsqu'il est finalement revenu à la question posée, c'était pour observer vaguement et mécaniquement que 'beaucoup de mauvaises choses se sont passées depuis un moment', que 'nous allons stopper le crime dans ce pays' et 'que nous allons avoir la paix dans ce pays'. Pas un mot sur la situation des enfants juifs qui vont à l'école la peur au ventre", ajoute BHL, avant de lister d'autres exemples. 

"L'imprévisible M. Trump est devenu un autre M. Trump", conclut BHL, pour qui le président américain a fait un "virage à 180 degrés dans sa vision du monde juif".

Israël inquiet

Le 19 janvier, l'écrivain avait déjà publié une tribune dans la presse américaine, plus précisément dans le New York Times, dans laquelle il montrait quelques réticences à l'égard de la récente attitude de Donald Trump envers Israël, et appelait les Juifs américains à la prudence. 

Fin janvier, Israël s'était inquiété, dans un rapport, de la montée des actes antisémites outre-Atlantique, et notamment sur les campus universitaires. Le rapport dénonçait notamment la "hausse de l'antisémitisme dans la campagne présidentielle" américaine, et "le paradoxe de la droite qui soutient Israël et tient un discours raciste et antisémite".

A.S.