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Les Casques Bleus sont-ils vraiment des bleus ?

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Alors que la Ligue Arabe, et les gouvernement français et autres se posent la question à New York d’envoyer des Casques Bleus en Syrie, une autre question se pose : Quelle est la nature de ces soldats sous commandement de l’ONU ? Car l’idée circule comme quoi la présence de Casques Bleus serait un prélude à une intervention armée pour renverser Bachar al-Assad. Or l’histoire nous montre que cela serait un changement radical que de supposer que le Casque Bleu est le précurseur du G.I.

Un Casque bleu est la désignation courante du soldat de maintien de la paix, servant en vertu d’une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU, et obéissant directement au commandement militaire suprême onusien coiffé par le Département des Opérations de Maintien de la Paix à New York (depuis longtemps un Français, genre de tradition onusienne).

Premier usage de militaires sous commandement de l’ONU : la mission d’observation d’un armistice israélo-arabe en 1948. L’UNSTO, avec ses Casques Bleus, surveillent ce qui deviendra la frontière internationalement respectée (sinon reconnue).

L’histoire des Casques Bleus est variée

Tantôt de simples observateurs d’une situation post-conflictuelle comme en Namibie, au début des années 90 ; tantôt de vrais belligérants comme au début des années 60 au Congo ex-belge. C’est d’ailleurs au cours de ces nombreux combats congolais, où le bleu des 20.000 Canadiens, Danois, Irlandais, Pakistanais, Indiens, Éthiopiens etc... se mesura à leurs ennemis les affreux (dont de nombreux Français), les sécessionnistes katangais, les Belges, les brigands. 250 morts onusiens. L’on finit par user çà et là de l’aviation et de l’artillerie. Le Secrétaire Général Dag Hammarskjöld y trouva la mort en inspection.

D’autres missions ont été violentes, mais dépourvues de Casques Bleus morts au combat, comme c’est le cas pour l’ONUCI en Côte d’Ivoire qui atteignit à son apogée vers les 11.000 militaires armés. Pas de morts, mais participation à divers combats, et à d’innombrables missions de protection. En bonne intelligence avec les soldats français de la Force Licorne, ce qui fit de ces Bengladais, Sénégalais, Malawiens, Togolais, coiffés de bleu, une force d’appoint dans la réalité.

Au Liban, les forces de la FINUL patrouillent pour empêcher le Hezbollah et l’armée israélienne de s’affronter, mais aujourd’hui l’on ne sait pas tout à fait quelle est la finalité de cette mission si ce n’est imposer un genre d’immobilité salutaire. Ce qui est bien adapté à la situation libanaise, où les diverses milices n’ont brisé l’immobilité que quelques jours en 2008, dans une courte bataille intra-libanaise dans Beyrouth essentiellement. La FINUL n’a pas été dérangée (plusieurs tristes morts de bombes terroristes).

CONCLUSION : pour la Syrie, il n’y a aucun précédent. Si l’on reparle de Casques Bleus dans les quelques jours, il s’agira de créer du droit international par la pratique.

Harold Hyman