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États-Unis

L'équipe Trump, entre conservatisme et concessions

Le président élu Donald Trump, et son vice-président Mike Pence, le 20 novembre.

Le président élu Donald Trump, et son vice-président Mike Pence, le 20 novembre. - Drew Angerer - GETTY IMAGES NORTH AMERICA - AFP

Les noms annoncés jusqu'à présent pour la composition de la future administration Trump confirment l'arrivée d'une branche conservatrice du Parti républicain à la Maison Blanche, partisane d'une ligne dure et traditionnelle.

Les contours de l'équipe qui gouvernera les Etats-Unis à partir du 20 janvier sont de plus en plus précis. Après une première volée d'annonces, mi-novembre, le président-élu Donald Trump poursuit les nominations cette semaine, et dévoile de nouveaux noms confirmant l'arrivée à la Maison Blanche d'une équipe républicaine à forte tendance conservatrice, ainsi que des représentants du monde de la finance new-yorkaise.

Des "durs" en première ligne

Les premières nominations, annoncées à la mi-novembre, ont donné le ton. En nommant le patron du site ultra-conservateur et controversé Breitbart, Steve Bannon, au poste de haut conseiller en charge de la stratégie, ainsi que l'ancien général Mike Flynn comme conseiller à la sécurité nationale, ou encore le sénateur de l'Alabama Jeff Sessions à la tête de la Justice, Donald Trump a fait le choix de faire entrer les partisans d'une ligne très dure sur des questions telles que l'immigration ou la lutte contre le fondamentalisme islamiste. Même tendance pour la ministre de l'Education, Betsy DeVos, issue de l'aile chrétienne et traditionnaliste du parti.

Du côté de la Santé, le milliardaire a opté pour le farouche opposant à l'avortement et à l'Obamacare Tom Price, ancien chirurgien, qui s'est notamment prononcé contre la prise en charge de la contraception. Un choix salué par le chef de file des Républicains à la Chambre des représentants, Paul Ryan, mais vivement critiqué par les démocrates.

Des noms plus consensuels

Ces noms ont été suivis d'autres, cette fois-ci plus consensuels, illustrant la volonté du magnat de l'immobilier d'élargir sa base. Ainsi, la nomination de Reince Priebus au poste de chef de cabinet, le poste le plus haut placé du Bureau exécutif du président américain, sorte d'équivalent du Premier ministre n'a rien d'un hasard. En choisissant cet ancien avocat, qui a dirigé le comité national du Parti républicain, Donald Trump scelle sa réconciliation avec les cadres du Grand Old Party, et s'assure de pouvoir gouverner avec le Congrès.

La nomination en tant qu'ambassadeur à l'ONU de Nikki Haley, fille d'immigrés indiens et gouverneure de Caroline du Sud, qui l'avait vivement critiqué pendant les primaires, démontre par ailleurs que Donald Trump est prêt à des concessions.

Des vétérans de Wall Street aux postes économiques

Du côté des postes liés à l'économie, la part belle est donnée aux représentants de la finance pure et dure. Ce mercredi, Donald Trump a en effet nommé un ancien dirigeant de la banque Goldman Sachs au poste de secrétaire Trésor, Steven Mnuchin, ainsi que Wilbur Ross, un homme d'affaires très bien introduit à Wall Street au ministère du Commerce.

Les deux hommes devront s'atteler à mettre en application les promesses de campagne de Donald Trump, à savoir de généreuses baisses d'impôts, une refonte des régulations bancaires et l'accélération de la croissance. Avec ces deux personnalités du monde de la finance, le président-élu veut adopter un ton nouveau, basé sur le patriotisme économique, notamment en tordant le cou aux accords commerciaux multilatéraux et en abaissant les impôts sur les bénéfices, pour que les multinationales rapatrient leurs opérations sur le territoire américain.

Qui pour le Secrétariat d'Etat?

La nomination la plus attendue reste celle du chef de la diplomatie, qui est véritablement le troisième personnage de l'exécutif, et Donald Trump fait durer le suspense. Choisira-t-il le républicain modéré Mitt Romney? Le nom de l'ancien candidat à la Maison Blanche, qui avait échoué face à Barack Obama en 2012, circule depuis que les deux hommes, anciens ennemis, se sont longuement entretenus, le 19 novembre, et se sont à nouveau rencontrés, mardi.

Sa nomination à la tête des Affaires étrangères permettrait de rassurer des diplomates du département d'Etat, les centristes du parti républicain et les pays alliés des Etats-Unis, après une campagne teintée d'annonces tonitruantes en matière de politique étrangère.

Mais d'autres noms circulent: celui du général David Petraeus, qui dirigea la CIA et commanda les théâtres d'opérations en Irak et en Afghanistan, mais aussi Rudy Giuliani, ancien maire de New York, soutien de la première heure de Donald Trump, mais sans expérience en politique étrangère, ou encore le sénateur Bob Corker, qui préside l'influente commission des Affaires étrangères du Sénat, un poste qu'a occupé l'actuel secrétaire d'Etat John Kerry. Verdict dans les prochains jours.