BFMTV
États-Unis

Kennedy, Bush, Clinton: peut-on parler de "dynasties" présidentielles?

Le match Hillary Clinton contre Jeb Bush n'aura finalement pas eu lieu.

Le match Hillary Clinton contre Jeb Bush n'aura finalement pas eu lieu. - AFP

Bush puis Bush, Clinton et bientôt Clinton? Les noms de famille des candidats à la présidence américaine se suivent et se ressemblent. Que cela nous dit-il de la démocratie américaine?

Kennedy, Bush, Clinton. Certains patronymes reviennent souvent dans la vie politique américaine. A cinq petits jours de l'élection présidentielle, BFMTV.com a demandé à des historiens s'il était légitime de parler de "dynasties" présidentielles se succédant au pouvoir. Tragiquement, rappelle l'historien André Kaspi, si les Kennedy formaient une dynastie au vrai sens du terme, l'assassinat de Robert F. Kennedy en 1968, alors candidat à la Maison Blanche, a empêché cette "succession" d'advenir. "Hors un cas au 19e siècle (John puis John Quincy Adams), et un autre au 20e avec George H. W. puis Geoge W. Bush, il y a plein d'autres cas, Obama, Johson, Truman, Eisenhower... qui ne relèvent pas de cette logique", complète l'historien François Durpaire.

"D'un point de vue journalistique, la question se pose et les médias américains ne s'en privent pas, mais pour l'historien que je suis, il n'y a pas de tropisme dynastique dans l'histoire américaine. Obama est parti de rien du tout. Alors que si Clinton arrive au pouvoir, on dira tout l'inverse", continue François Durpaire.

Les Clinton, ou la "dynastie entre époux"

Autre argument contre cette idée de succession de type dynastique, Jeb Bush a été écarté pendant la primaire républicaine et "la rencontre des deux 'dynasties' n'a pas eu lieu". Et puis s'agissant des Clinton, qui sont époux et non parents, "on mélange des choses qui n'ont rien de commun".

Si le concept de "dynasties" au sens large "ne dit rien de la démocratie américaine" pour François Durpaire, "la succession des Clinton, une dynastie entre époux, s'est préparée dès la campagne présidentielle de 1992, contredit André Kaspi. 'En élisant Bill, vous élisez deux Clinton'", disait à l'époque le gouverneur de l'Arkansas".

Une démocratie contrariée?

Quelles conséquences pour la vie politique américaine de voir les mêmes patronymes revenir sur le devant de la scène? Le risque est de se trouver "dans une succession royale, princière, de personnes destinées à assumer le pouvoir suprême tranche André Kaspi. C'est tout à fait contraire au principe démocratique. Ça n'est pas normal qu'il y ait encore un Clinton".

Et encore "si Trump ne l'avait pas supplanté, on aurait également eu un Bush, avec Jeb, que la matriarche du clan (Barbara Bush, NDLR) juge 'le plus intelligent'", poursuit-il.

L'après-campagne de Trump risque d'être difficile

Donald Trump qui remonte dans les sondages à une semaine de la décision, bénéficie-t-il d'un rejet des Américains pour les clans politiques? Les deux spécialistes des Etats-Unis s'accordent à dire que le candidat républicain "bouscule les codes". Sans plus. Mais François Durpaire rappelle que "160 leaders américains, gouverneurs, sénateurs, congressman ne le soutiennent plus". En clair, le milliardaire chamboule plus le parti qu'il représente que le pays.

"Si Trump gagne, il fera payer aux républicains leurs hésitations et leurs défiances. S'il perd, les électeurs républicains considéreront qu'ils ont été floués", analyse André Kaspi. "L'avenir de ce parti va être redéfini quel que soit le résultat", prédit François Durpaire.