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Humiliée par Trump, l'ancienne Miss Univers devient un atout pour Clinton

Alicia Machado a été élue Miss Univers en 1995. Humiliée par Donald Trump, qui détenait les droits du concours, elle est devenue un atout du camp Clinton.

Alicia Machado a été élue Miss Univers en 1995. Humiliée par Donald Trump, qui détenait les droits du concours, elle est devenue un atout du camp Clinton. - JOSEPH L. HUGHES / AFP

Alicia Machado, élue Miss Univers en 1995, a dénoncé les humiliations que Donald Trump, qui détenait les droits du concours, lui avait fait subir parce qu'elle avait pris du poids après l'événement. Naturalisée américaine, elle a rejoint le camp Clinton et votera pour Hillary en novembre prochain.

C’est l’histoire d’une Miss Univers, d’une sex-tape, de la misogynie de Donald Trump, mais surtout de la course pour la présidentielle américaine. Parmi ses multiples activités, Donald Trump, magnat de la finance, de l’hôtellerie de luxe et du steak haché, a également chaperonné des Miss. Jusqu’en 2015, il a en effet détenu les droits pour le concours de Miss Univers.

En 1995, alors que la Miss nouvellement couronnée, une Vénézuélienne du nom d’Alicia Machado et âgée de 19 ans, a grossi durant les mois qui ont suivi son élection, Donald Trump a passé du temps à commenter son poids, allant jusqu’à lui faire faire de l’exercice devant les caméras et les objectifs des photographes sans l’avoir prévenue au préalable.

"Il parle des femmes comme de truies, de souillons, de chiennes"

Un peu plus de 20 ans plus tard, l’ancienne Miss garde un souvenir plutôt amer de cette période et de sa relation avec Donald Trump. Naturalisée américaine, elle a décidé de rallier le camp Clinton, et la candidate démocrate a compris que cette électrice en particulier serait pour sa campagne un atout. Rien d’étonnant donc, si le nom d’Alicia Machado a été prononcé lors du premier débat présidentiel qui s’est tenu lundi entre les deux candidats.

Durant la dernière partie du débat, Hillary Clinton a notamment reproché à Donald Trump son sexisme et la façon abjecte dont il a plusieurs fois traité les femmes.

"Il s'agit d'un homme qui parle des femmes comme de truies, de souillons et de chiennes", "de la grossesse comme d'un inconvénient pour l'employeur", a rappelé la candidate démocrate, elle-même attaquée durant ce duel sur son prétendu manque d’endurance pour le poste de présidente et sur son caractère.

Authentique féministe, Hillary Clinton cherche aussi à conforter son avance auprès de l’électorat féminin en dénonçant cette facette de son rival.

"Miss Peggy la Cochonne", "Miss Femme de ménage"

"Et l’une des pires choses qu’il ait dites concernait une candidate à un concours de beauté", a poursuivi Hillary Clinton. "Il adore les concours de beauté (…) Et il a appelé cette femme "Miss Piggy" (Miss Peggy la Cochonne). Ensuite il l’a appelée "Miss Housekeeping" (Miss Femme de ménage), parce qu’elle était Latino. Donald, elle a un nom", s’est offusquée la candidate démocrate. "Son nom est Alicia Machado."

"Où avez-vous trouvé ça, où avez-vous trouvé ça", a répété plusieurs fois le républicain en guise de réponse, niant dans les heures qui ont suivi ces mots, dont certains qu’il avait pourtant prononcés à l’époque face à des caméras.

Alicia Machado a raconté son calvaire dans une vidéo publiée notamment sur le compte Twitter d’Hillary Clinton.

"J’ai été la première Miss Univers de Monsieur Trump, après qu’il a acheté les droits. J’avais très peur de lui, il criait sans arrêt sur moi, il me disait 'tu es moche', 'tu es grosse', raconte l’ancienne Miss dans cette interview en espagnol. "Par contrat, j’aurais dû toucher 10% sur toutes les pubs et le travail que je faisais", explique-t-elle aussi. "Je n’ai jamais été payée", poursuit-elle, ajoutant qu’elle avait par la suite développé des troubles du comportement alimentaire, et que cette période l’avait fait beaucoup souffrir.

"C'était une machine à manger"

La vidéo compile aussi des archives d’interview de Donald Trump, expliquant qu’Alicia Machado était montée "jusqu’à 72 ou 77 kilos" et que c’était "quelqu’un qui aimait manger." "Elle a pris à peu près 24 kilos sur une période de neuf mois. Elle était une machine à manger", aurait aussi dit Donald Trump lors d’une interview à Howard Stern en 1997, comme le rapporte Buzzfeed.

Au lendemain du débat, Donald Trump a tenté de justifier ses remarques en expliquant que la jeune femme avait à l'époque "pris beaucoup de poids et que c'était un vrai problème". Le 28 septembre, sur la chaîne Fox News, il a aussi expliqué qu’il avait simplement essayé, en la faisant s’entraîner face aux caméras, de sauver son emploi.

"C’est quelqu’un que je ne connais pas", a d’abord expliqué Donald Trump. "Que je ne connais pas très bien. J’ai sauvé son emploi, parce qu’ils voulaient la virer à cause du fait qu’elle avait pris autant de poids. C’est un concours de beauté, dites ce que vous voulez, mais elles savent dans quoi elles s’engagent, c’est un concours de beauté. Et j’ai dit ‘non, ne faites pas ça, laissez-la essayer de perdre du poids'", a-t-il avancé.

"Hillary la malhonnête" et "la dégoûtante Alicia M"

Mais ce vendredi, probablement lassé de devoir se justifier, Donald Trump s’est tiré une balle dans le pied en publiant sur Twitter plusieurs messages dans lesquels il n’essaye plus ni de nier ni d’expliquer les faits.

"Wow, Hillary la malhonnête a été dupée et utilisée par ma pire Miss U. Hillary l’a qualifiée d’ "ange" sans vérifier son passé, qui est terrible", écrit le candidat républicain.

Dans un autre message, il appelle les Américains à regarder la sex-tape d’Alicia Machado:

"Hillary la malhonnête a-t-elle aidé la dégoûtante (regardez sa sex-tape et son passé) Alicia M à devenir une citoyenne américaine afin de pouvoir l’utiliser dans le débat?" écrit Donald Trump, passant des sobriquets aux insultes.

Cet accès de colère, publié en pleine nuit par le candidat républicain, n'a pas manqué de faire réagir les internautes. Donald Trump a non seulement donné une illustration du concept de "slut-shaming", qui désigne le fait de vouloir humilier une femme ou les femmes en général en invoquant leur sexualité", mais il a aussi donné du grain à moudre à ses détracteurs, et notamment ceux qui lui reprochent son sexisme.

"Le comportement de Trump reflète tellement bien le vieil adage "tu ne peux pas être en colère et intelligent en même temps", ironise un utilisateur de Twitter.

"Nous pourrions élire la première femme présidente... ou le premier président qui nous dit quelle sex-tape de femme "regarder"", déplore un journaliste. 
Charlie Vandekerkhove