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Face à la Russie et à la Chine, les États-Unis cherchent à convaincre en Asie centrale

Le secrétaire d'État américain Anthony Blinken à Muenster, en Allemagne, le 4 novembre.

Le secrétaire d'État américain Anthony Blinken à Muenster, en Allemagne, le 4 novembre. - BERND LAUTER / AFP

Le secrétaire d'État américain va rencontrer la semaine prochaine des représentant du Kazakhstan, de l'Ouzbékistan, du Tadjikistan, du Kirghizstan et duTurkménistan, des pays très liés à la Russie et à la Chine.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken se rendra en Asie en début de semaine, afin de se réunir mardi avec ses homologues des cinq républiques ex-soviétiques - Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizstan, Turkménistan - dans la capitale kazakhe, Astana. Les États-Unis espèrent ainsi renforcer leur empreinte dans ces pays, pris en étau entre leur puissant voisin russe et l'influence grandissante de la Chine.

Washington ne se fait aucune illusion que ces cinq pays soient susceptibles de soudain se délester de leurs partenaires historiques mais les États-Unis jouent, comme ailleurs en Afrique ou en Amérique latine, la carte du "partenaire fiable", capable de mettre sur la table d'autres choses que la Russie ou la Chine.

"Je pense qu'ils réalisent que la Russie est une menace pour eux"

En pleine guerre en Ukraine, les dirigeants de ces pays d'Asie centrale sont sur la corde raide en raison d'accords de défense formels avec Moscou et du poids économique et sécuritaire de la Russie, et ont ainsi adopté une position d'équilibre dans le conflit. Les cinq ex-républiques soviétiques se sont abstenues ou n'ont pas pris part au vote jeudi à l'Assemblée générale de l'ONU sur une résolution réclamant le départ des troupes russes d'Ukraine.

Selon Jennifer Brick Murtazashvili, du Carnegie Endowment for International Peace à Washington, "il y a un vrai désir chez les dirigeants de ces pays de s'éloigner de la Russie. Je pense qu'ils réalisent que la Russie est une menace pour eux mais du fait de la géographie, ils n'y peuvent pas grand chose, et leur situation économique ne leur laisse pas beaucoup d'options". Aucun de ces pays n'a d'accès à la mer.

"Je pense donc qu'il existe une véritable occasion pour les États-Unis de se montrer créatifs, et de s'engager auprès de leurs dirigeants", ajoute l'experte.

"La Russie a toujours été et reste le principal partenaire stratégique"

Le Kazakhstan, qui partage une frontière longue de quelque 7500 kilomètres avec la Russie, est en première ligne au regard de sa relation complexe avec Moscou. Son président, Kassym-Jomart Tokaïev, qui aura un entretien avec Antony Blinken, s'était rendu fin novembre à Moscou où il avait réaffirmé que "la Russie a toujours été et reste le principal partenaire stratégique".

Il a cependant laissé entrer dans son pays des dizaines de milliers de Russes fuyant la mobilisation partielle décrétée par Vladimir Poutine fin septembre. Et la diplomatie kazakhe a refusé de soutenir l'invasion russe et de reconnaître l'annexion des territoires ukrainiens revendiqués par Moscou.

De son côté, le président du Tadjikistan, Emomali Rakhmon, avait fait sensation en octobre dans une vidéo devenue virale le montrant réprimander Vladimir Poutine, accusant la Russie d'ignorer les intérêts des pays d'Asie centrale.

La dernière visite d'un secrétaire d'État américain en Asie centrale remonte à celle de Mike Pompeo en 2020, sous Donald Trump. Il avait alors incité ces pays à rompre leurs liens avec la Chine en raison de la répression des Ouïghours dans la province du Xinjiang.

S. V. avec AFP