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États-Unis: un élu républicain avoue avoir menti sur son parcours professionnel et personnel

George Santos le 19 novembre 2022 lors de la réunion annuelle des dirigeants de la Coalition juive républicaine à Las Vegas.

George Santos le 19 novembre 2022 lors de la réunion annuelle des dirigeants de la Coalition juive républicaine à Las Vegas. - Wade Vandervort / AFP

Carrière, diplômes, religion, finances, famille... Tout était faux. Fraîchement élu avec ce CV bidon, George Santos ne prévoit néanmoins pas de démissionner.

"Nous faisons tous des choses stupides dans la vie". Dans deux interviews accordées ce lundi au New York Post et à WABC Radio, George Santos a reconnu avoir menti sur plusieurs aspects de son CV.

Élu en novembre dernier à la Chambre des représentants dans l'État de New York, le républicain avait jusqu'ici gardé le silence, malgré les accusations accablantes publiées par le New York Times.

"Tout le monde gonfle son CV ou le modifie un peu", a-t-il affirmé.

Seul son avocat avait affirmé: "Il n’est pas étonnant que (son client) ait des ennemis au New York Times qui essaient de salir sa bonne réputation avec des allégations diffamatoires".

Un "pauvre choix de mots"

Son profil était trop beau pour être vrai. George Santos, 34 ans, se décrivait comme "l'incarnation du rêve américain" et a bâti sa candidature sur cette idée. Durant sa campagne, il a longuement décrit sa success story: celle d'un jeune homme d'un milieu défavorisé qui a réussi à devenir un financier riche et accompli.

Pourtant, tout était faux. Le républicain a d'abord fabriqué son parcours professionnel à Wall Street. Dans la biographie qu’il avait rédigée pour son site de campagne étaient mentionnés des emplois occupés à Goldman Sachs et à Citigroup.

Mais aucune des deux entreprises n'a de traces de lui. En fait, George Santos a travaillé pour une société d'investissements qui a des liens avec ces firmes. Auprès du New York Post, il a présenté ses excuses pour son "pauvre choix de mots" induisant en erreur.

À l’heure où George Santos disait faire fortune à Wall Street en 2012, il travaillait en fait dans un centre d’appel pour la compagnie Dish.

Faux diplômes et fausse fortune

George Santos a également avoué avoir menti sur son diplôme universitaire. Le New York Times avait en effet révélé que le républicain n'était pas diplômé de la New York University et du Baruch College, où il affirmait pourtant avoir fait ses classes en économie et en finance.

"Je suis embarrassé et désolé d’avoir embelli mon CV. J’assume les conséquences… Nous faisons tous des choses stupides dans la vie", a-t-il concédé.

Mais le mensonge ne s'arrête pas là. Sa success story lui aurait permis de devenir riche et de consacrer une partie de sa fortune à diverses œuvres caritatives, dont une de protection des animaux. Ainsi, son association Friends for Pet aurait sauvé plus de 2500 chats et chiens. Toutefois, selon le New York Times, elle a procédé à une levée de fonds dont les intéressés n’ont jamais bénéficié.

George Santos admet aussi désormais être locataire de son logement, alors qu’il avait déclaré être multimillionnaire et posséder un portefeuille immobilier de treize propriétés.

"Je ne suis pas un criminel"

Son histoire familiale n'a pas échappé à ses mensonges. "Je n’ai jamais prétendu être juif. Je suis catholique. C’est parce que ma mère a appris que ma famille maternelle avait un passé juif que j’ai moi-même dit que j’étais juif", s'est défendu ce lundi le trentenaire.

Il avait raconté que sa mère était née au Brésil de parents juifs ayant fui des persécutions en Ukraine pour s’installer en Belgique avant de rejoindre l’Amérique du Sud durant la Seconde Guerre mondiale, fuyant la Shoah. En revanche, des médias américains avaient découvert que cet exode était inventé, et que les grands-parents de Georges Santos seraient nés au Brésil avant 1939.

En outre, le New York Times a découvert des archives judiciaires au Brésil montrant que l'élu avait été inculpé pour fraude pour une histoire de chèques frauduleux. "Je ne suis pas un criminel. Ni ici, ni à l’étranger, ni dans aucune juridiction du monde. Je n’ai commis aucun crime", a rétorqué l'intéressé à WABC Radio.

Pas de démission prévue

Malgré ces révélations, George Santos entend bien siéger à la Chambre des représentants dès janvier. De nombreux démocrates appellent néanmoins à sa démission, à l'instar de Robert Zimmerman, son concurrent lors des midterms, qui le défie de se représenter face à lui.

"J’ai fait campagne en parlant des problèmes des gens, pas de mon CV. J’ai l’intention de tenir mes promesses. Je vais être bon", a affirmé le républicain.

De son côté, le parti républicain ne prévoit pas de le sanctionner. Pour cause, George Santos a remporté en novembre un siège qui semblait acquis aux démocrates. Remettre en cause ce vote pourrait abîmer la majorité républicaine acquise à la Chambre.

Salomé Robles