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États-Unis: la pandémie de Covid-19 progresse dans le sud et l'ouest du pays

Aux Etats-Unis, la contagion progresse dans 30 des 50 Etats américains, notamment dans les plus grands et les plus peuplés du Sud et de l'Ouest: la Californie, le Texas, l'Arizona et la Floride. Seul le Nord-Est (New York) et dans une moindre mesure le Midwest (avec Chicago) gardent aujourd'hui le virus sous contrôle.

"Nous avons un problème grave dans certaines zones." C'est en ces termes que le docteur Anthony Fauci, le plus haut expert en maladies infectieuses du gouvernement américain, a qualifié le regain de la pandémie de Covid-19 dans le Sud et l'Ouest des Etats-Unis, vendredi, lors d'une conférence de presse.

"Tôt ou tard, même les régions qui vont bien deviendront vulnérables". Un "changement de modèle" doit être engagé pour réaliser beaucoup plus de tests de dépistage et repérer les cas asymptomatiques dans des quartiers ou des villes ciblés, a-t-il plaidé.

Les sept derniers jours ont, en effet, battu le record du nombre de nouveaux cas détectés en une semaine sur le sol américain (225.000), selon un comptage de l'Agence France-Presse (AFP). Le vice-président Mike Pence a par ailleurs annoncé vendredi que le dernier bilan journalier avait atteint un niveau très élevé, dépassant les 40.000 cas recensés dans le pays. La contagion progresse dans 30 des 50 Etats américains, notamment dans les plus grands et les plus peuplés du Sud et de l'Ouest : la Californie, le Texas, l'Arizona et la Floride. Seul le Nord-Est (New York) et dans une moindre mesure le Midwest (avec Chicago) gardent aujourd'hui le virus sous contrôle.

Signe de la gravité de la situation, Donald Trump a annulé vendredi à la dernière minute son départ en week-end pour le New Jersey, alors que son déplacement avait soulevé des interrogations en plein regain de la maladie. Le président américain a assuré sur Twitter avoir "voulu rester à Washington pour s'assurer que la loi et l'ordre soient appliqués".

De nouvelles restrictions au Texas et en Floride

Le Texas et la Floride ont décrété de nouvelles restrictions sur les bars, vendredi, face au regain de la pandémie de Covid-19, alors que la Maison Blanche persiste à décrire la situation comme moins dramatique qu'au printemps.



La résurgence dans le Texas (29 millions d'habitants) est la plus emblématique car c'est l'un des Etats à avoir rouvert très tôt, à partir du 1er mai, des semaines avant le Nord-Est. Les bars texans avaient rouvert le 22 mai. Vendredi, cinq semaines plus tard, face à l'épidémie galopante et à l'afflux de malades dans les hôpitaux, le gouverneur a ordonné leur fermeture (ils pourront livrer ou servir à emporter).

"Il est clair que l'augmentation du nombre de cas est largement due à certains types d'activités, notamment aux Texans qui se rassemblent dans les bars", a indiqué le gouverneur du Texas Greg Abbott. Il a aussi réduit la capacité autorisée des restaurants de 75% à 50%.

La cheffe de l'exécutif du comté de Harris, qui inclut la plus grande ville texane, Houston, a appelé les habitants à rester chez eux sauf pour des besoins essentiels, comparant la pandémie à un "ouragan invisible". En Floride, 9000 cas ont été rapportés vendredi, éclipsant le précédent record de 5500 cas mercredi. Les autorités locales ont annoncé une quasi-fermeture des bars, qui ne pourront plus servir d'alcool sur place, avec effet immédiat.

"Les gens ne comprennent pas le sens d'exponentiel, cela signifie que si on part de 7000 cas aujourd'hui au Texas, on pourrait en avoir 14.000 dans quatre jours. On est très en retard", observe Barry Bloom, professeur de santé publique à Harvard.

Un relâchement des comportements en Californie?

Citée en exemple pour sa gestion de la pandémie au début de la crise sanitaire, la Californie doit désormais elle aussi faire face à une préoccupante recrudescence de cas de Covid-19. À ce jour, près de 200.000 cas au total ont été recensés dans cet Etat, avec plus de 5700 morts.

Premier Etat à avoir ordonné un confinement général fin mars, la Californie a aussi mis le paquet sur sa capacité à tester les malades potentiels, élément clef pour juguler l'épidémie selon les spécialistes. Depuis le début de la crise, quelque 3,7 millions de Californiens - sur une population totale de 40 millions - ont été dépistés. Et environ 100.000 tests étaient effectués quotidiennement cette semaine.

L'intensité des tests suffirait-elle à expliquer statistiquement le regain de cas de Covid-19 ? En partie seulement, répondent les experts. "Le fait qu'on assiste aussi à une augmentation du nombre des hospitalisations (...) signifie aussi qu'il y a plus de transmissions", selon le Dr Lee Riley, épidémiologiste à l'Université de Californie à Berkeley.

Les causes probables sont difficiles à pointer précisément du doigt, mais tous les regards convergent vers un relâchement des comportements, en particulier chez les plus jeunes. Officiellement, les consignes interdisent toujours aux membres de différents foyers de se retrouver dans un même espace clos. Mais avec la réouverture progressive de l'économie, restaurants et salles de sports inclus, les Californiens ont depuis longtemps recommencé à se retrouver pour des anniversaires, des barbecues ou des sorties à la plage.

Autre élément pouvant expliquer l'augmentation de la diffusion du virus: les manifestations anti-racistes dénonçant la mort de George Floyd sous le genou d'un policier fin mai, qui ont réuni des dizaines de milliers de personnes pendant de longues heures, souvent sans distanciation physique.

"Si vous ne gardez pas vos distances, que vous ne portez pas de masque, que vous rouvrez trop tôt, vous allez assister à un pic du nombre de cas, ça n'a rien de sorcier", souligne le Pr Anne Rimoin, épidémiologiste et spécialiste en santé publique de l'université UCLA à Los Angeles. Avant de conclure: "la réalité, c'est que nous allons avoir bien plus de cas et beaucoup plus de morts si nous ne faisons pas tous attention".
Clément Boutin avec AFP Journaliste BFMTV