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États-Unis: l'Alabama met à mort un condamné par inhalation d'azote, une première mondiale dénoncée par l'ONU

Kenneth Eugene Smith est mort ce jeudi 25 janvier. Condamné à la peine capitale par l'État de l'Alabama, il avait déposé de multiples recours auprès de la Cour suprême.

L'État américain d'Alabama a mis à mort ce jeudi 25 janvier Kenneth Eugene Smith, définitivement condamné en 1996 pour le meurtre d'une femme commandité par son mari, en lui faisant inhaler de l'azote. Une première mondiale dénoncée par l'ONU qui avait comparé ce mode d'exécution à une forme de "torture".

Tous les recours et demandes de sursis du criminel de 58 ans ont été rejetés par la Cour suprême.

La plus haute juridiction du pays, à majorité conservatrice, a été saisie jeudi d'un ultime recours du condamné, mais n'a pas changé sa position. Les autorités de l'Alabama avaient jusqu'à 7 heures vendredi (13 heures à Paris) pour conduire l'exécution.

Un "mode d'exécution inédit et non testé"

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme (HCDH) s'est dit le 16 janvier "alarmé" par l'utilisation d'un "mode d'exécution inédit et non testé, l'hypoxie à l'azote".

Cela "pourrait constituer de la torture ou d'autres traitements cruels ou dégradants au regard du droit international", a prévenu une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, appelant à un sursis à cette exécution.

Le protocole d'exécution par hypoxie à l'azote de l'Alabama ne prévoit pas de sédation, alors que l'Association américaine vétérinaire (AVMA) recommande d'administrer un sédatif aux animaux euthanasiés de cette façon, a souligné la porte-parole.

De son côté, dans ses arguments écrits à la Cour suprême, l'État d'Alabama est même allé jusqu'à présenter l'hypoxie à l'azote comme "peut-être le mode d'exécution le plus humain jamais inventé".

Coupable d'un meurtre en 1988

Une précédente tentative par injection létale, le 17 novembre 2022, avait été annulée in extremis, les perfusions intraveineuses pour administrer à Kenneth Eugene Smith la solution mortelle n'ayant pu être posées dans le temps légalement imparti, bien qu'il soit resté attaché plusieurs heures.

Il a été reconnu coupable du meurtre en 1988 d'Elizabeth Dorlene Sennett, 45 ans, commandité par le mari de cette dernière, Charles Sennett, un pasteur lourdement endetté et infidèle, pour faire croire à un cambriolage qui aurait mal tourné.

Malgré le suicide du mari, la police était remontée jusqu'aux deux meurtriers. Le complice de Kenneth Eugene Smith, John Forrest Parker, condamné à la peine capitale, a été exécuté en 2010.

Kenneth Smith a également été condamné une première fois à la peine de mort mais le procès avait été annulé en appel. Lors de son second procès en 1996, 11 des 12 jurés s'étaient prononcés pour une peine de prison à perpétuité. Mais le juge avait passé outre l'avis des jurés et l'avait condamné à la peine capitale, une possibilité existant à l'époque dans quelques États mais désormais abolie sur l'ensemble du territoire américain

Ariel Guez