BFMTV
États-Unis

Etats-Unis: en larmes, Obama annonce des mesures sur les armes à feu

Après avoir rencontré la ministre américaine de la Justice lundi, le président américain a annoncé une réforme pour mieux contrôler la vente d'armes à feu dans le pays. Et n'a pu retenir ses larmes en évoquant les victimes américaines des récentes tueries, dont celle de Sandy Hook en 2012.

"Nous devons ressentir l'urgence absolue maintenant, car les gens meurent. Et les excuses constantes pour l'inaction ne marchent plus. Ne suffisent plus", a martelé Barack Obama en citant Martin Luther King, lors d'un discours prononcé à la Maison Blanche. Ce mardi, le président américain a décidé de passer à l'action et d'annoncer une série de mesures visant à renforcer le contrôle sur la vente des armes à feu aux Etats-Unis.

Première nouveauté, le président américain souhaite resserrer les critères d'obtention d'un permis de vente d'armes afin que celle en ligne soit également inclue dans le dispositif de contrôle. Ainsi, les vendeurs sur internet qu'ils disposent d'une ou plusieurs produits devront disposer d'un permis délivré par les autorités. En cas de soustraction à ce contrôle, le vendeur risque une peine de 5 ans de prison et une amende de 250.000 dollars. 

"Ce n'est pas parce que vous achetez une arme d'un clic en ligne au lieu de vous rendre dans un magasin que vous devriez échapper aux contrôles", a résumé Valerie Jarrett, proche conseillère de Barack Obama.

Contrôle renforcé pour l'achat d'armes via des sociétés

Barack Obama a également évoqué le renforcement des contrôles des antécédents judiciaires des acheteurs d'armes. Ainsi, il a demandé au FBI d'engager 230 examinateurs supplémentaires afin d'augmenter les effectifs du Système national de vérification rapide des antécédents (NCIS). En 2015, ce service a reçu 22,2 millions de demandes, soit plus de 60.000 par jour. Or, selon la loi américaine, si la demande du vendeur n'est pas traitée dans les trois jours par les autorités, ce dernier a le droit d'acheter une arme.

A cette mesure, la Maison-Blanche souhaite que le renforcement des vérifications des antécédents criminels soit également imposé aux Américains souhaitant acquérir les fusils "les plus dangereux", comme des armes automatiques, par le biais de sociétés ou d'organisations locales. Une volonté qui fait écho à l'explosion de ce type d'achat qui a bondi de 900 à 90.000 depuis 2000. Jusqu'alors, aucun contrôle n'était réalisé sur les individus qui achetaient des armes via une société.

Favoriser "les armes intelligentes"

Le président américain souhaite également un meilleur dialogue entre les Etats et les autorités fédérales afin d'assurer une meilleure circulation des données notamment pour les personnes présentant des troubles mentaux diagnostiqués ou reconnues coupables de violences familiales. Barack Obama demande également aux procureurs de se concentrer sur les cas les plus critiques comme les trafiquants d'armes. A ce titre, le prochain budget américain va prévoir l'embauche de 200 agents et enquêteurs supplémentaires au Bureau des armes à feu, des explosifs, de l'alcool et du tabac (ATF).

La communication des vols d'armes à feu par les vendeurs pourrait être rendue obligatoire. L'ATF va ainsi "clarifier" cette semaine cette règle en rendant les vendeurs responsables de transmettre ces informations dès qu'ils découvrent le vol ou la perte d'une arme à feu. La portée et l'efficacité de ces mesures seront cependant extrêmement difficiles à mesurer. Et la Maison Blanche se garde bien d'avancer la moindre prévision chiffrée sur le nombre de personnes concernées.

Les larmes du président

"Il faut être très clair: cela ne va pas empêcher tous les crimes violents, toutes les fusillades, avait prévenu lundi Barack Obama, qui a décidé de court-circuiter le Congrès américain, à majorité républicaine, en déclinant des décrets pour mettre en place ces mesure. Le président américain a assuré que le lobby des armes ne pouvait pas prendre "en otage" l'Amérique. Avant de fondre en larmes en évoquant la fusillade de Sandy Hook. En 2012, 28 personnes, dont 20 enfants, avaient été tuées dans cette école du Connecticut. 

"Les décisions du président sur les armes représentent une victoire importante pour la sécurité publique", a réagi sur Twitter l'ex-maire de New York Michael Bloomberg, impliqué de longue date dans ce combat. Une opinion que ne partage pas l'opposition républicaine. Avant même que ces mesures soient dévoilés, certains républicains ont mis en avant le le deuxième amendement de la Constitution qui stipule qu'"il ne pourra être porté atteinte au droit du peuple de détenir et de porter des armes". Mais ce paragraphe, ratifié en 1791, donne lieu à de multiples interprétations et est au coeur d'innombrables procédures judiciaires.

J.C. avec AFP