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États-Unis

Edward Snowden est à Moscou

Une voiture diplomatique équatorienne à l'aéroport de Moscou, avant l'arrivée d'Edward Snowden, ce dimanche.

Une voiture diplomatique équatorienne à l'aéroport de Moscou, avant l'arrivée d'Edward Snowden, ce dimanche. - -

L'ancien consultant de la CIA, qui a quitté Hong-Kong pour Moscou, a sollicité l'asile auprès de l'Équateur, pays qui abrite déjà Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks.

Recherché par les Etats-Unis pour avoir divulgué des informations explosives sur les opérations américaines de surveillance électronique, Edward Snowden est arrivé dimanche à Moscou en provenance de Hong Kong et a demandé l'asile politique à l'Equateur. Les Etats-Unis, où la justice l'a inculpé d'espionnage, ont révoqué son passeport et ont demandé que cet ancien collaborateur de la CIA et de l'Agence nationale de sécurité (NSA) soit empêché de poursuivre sa route. Il "ne doit pas être autorisé à continuer à voyager", a déclaré Jen Psaki, porte-parole du département d'Etat, qui accompagnait en Inde le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

Edward Snowden semblait cependant se trouver dans la nuit dans la zone de transit de l'aéroport de Moscou, et une source policière russe citée par l'agence de presse Interfax a estimé que l'Equateur pouvait lui délivrer le cas échéant un document de substitution. "Le gouvernement de l'Equateur a reçu une demande d'asile de la part d'Edward Snowden", a déclaré le ministre équatorien des Affaires étrangères Ricardo Patino sur son compte Twitter, depuis le Vietnam. Il devrait donner une conférence de presse à 14h00.

The Government of Ecuador has received an asylum request from Edward J. #Snowden
— Ricardo Patiño Aroca (@RicardoPatinoEC) June 23, 2013

En partance pour La Havane

Edward Snowden a apparemment fait sa demande d'asile depuis la capitale russe, où selon des informations concordantes il est arrivé à bord d'un vol de la compagnie russe Aeroflot en provenance de Hong Kong. Après avoir quitté son domicile de Hawaï, il s'était réfugié sur le petit territoire autonome chinois le 20 mai, d'où il avait publié ses informations. Dans la soirée, le site WikiLeaks fondé par Julian Assange a annoncé qu'Edward Snowden était "en route pour la République d'Equateur par un chemin sûr afin d'obtenir l'asile". "Il est escorté par des diplomates et des conseillers juridiques de WikiLeaks", a précisé l'organisation depuis Londres.

Selon des sources russes, le nom de Snowden figure sur un vol Aeroflot décollant lundi à 12h05 à destination de Cuba. Les mêmes sources affirmaient, avant que ne soit révélée sa demande d'asile à l'Equateur, qu'il rejoindrait ensuite le Venezuela. L'Equateur a précédemment accordé l'asile au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, lui-même recherché par les Etats-Unis pour avoir publié en 2010 des centaines de milliers de documents diplomatiques confidentiels. Julian Assange, réfugié depuis un an à l'ambassade de l'Equateur à Londres pour échapper à une extradition, a apporté un soutien appuyé à Edward Snowden.

Emmené dans une voiture diplomatique ?

La justice américaine a indiqué qu'elle mènerait "la coopération policière adéquate" avec les pays où M. Snowden pourrait se rendre. "La chasse est lancée", a déclaré sur la chaîne CBS Dianne Feinstein, présidente de la commission du Renseignement du Sénat américain. Le vol SU213 Hong Kong - Moscou de la compagnie russe Aeroflot dans lequel avait été enregistré Edward Snowden avec une collaboratrice de WikiLeaks a atterri dimanche peu après 15h à l'aéroport de Moscou-Cheremetievo.

Edward Snowden, dont les Etats-Unis avaient réclamé en vain l'extradition à Hong Kong, n'a pas été vu parmi les passagers qui ont passé le contrôle des passeports au terminal F de l'aéroport. Des journalistes de l'AFP ont en revanche vu devant le terminal une voiture diplomatique portant un drapeau équatorien, qui est repartie par la suite. Une source aéroportuaire citée par l'agence Interfax a affirmé que l'Américain était resté dans la zone de transit, où se trouve un hôtel. "Le passager Snowden est un passager en transit, son prochain vol est à destination de Cuba, il se trouve sur le territoire de l'aéroport", a déclaré cette source. Le gouvernement de Hong Kong avait confirmé dimanche le départ de l'informaticien américain.

L'annonce du départ d'Edward Snowden pour Moscou, même pour un transit, a fait sensation, la Russie, dont les relations avec les Etats-Unis reprennent dernièrement des accents rappelant parfois l'époque de la Guerre froide, ayant indiqué qu'elle examinerait le cas échéant une demande d'asile politique du jeune Américain. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré ne rien savoir de la destination d'Edward Snowden.

Les Etats-Unis déçus, la Chine préoccupée

Le gouvernement de Hong Kong a justifié par des raisons juridiques la non-exécution de la demande d'arrestation d'Edward Snowden transmise par les Etats-Unis aux fins d'extradition. Selon le gouvernement, les documents fournis par l'administration américaine n'étaient pas "totalement conformes aux exigences juridiques prévues par la loi de Hong Kong". Un complément d'information a été sollicité, mais Edward Snowden a entre-temps décidé de quitter le territoire, et faute de dossier complété il n'y avait "aucun fondement légal pour empêcher M. Snowden de quitter Hong Kong", a déclaré le gouvernement.

Le département américain de la Justice a jugé la décision de Hong Kong "particulièrement troublante". "Les Etats-Unis sont déçus et en désaccord avec la résolution de Hong Kong de ne pas honorer la requête américaine d'arrestation du fugitif", a déclaré un porte-parole du département de la Justice. Contredisant le gouvernement de Hong Kong, le porte-parole a affirmé que toutes les dispositions du traité d'extradition en vigueur entre le territoire autonome chinois et les Etats-Unis avaient été respectées.

Inculpé notamment d'espionnage, Edward Snowden encourt 30 ans de réclusion. Il a multiplié depuis le 5 juin les révélations sur la collecte par la NSA de données téléphoniques et internet aux Etats-Unis et à l'étranger. Dimanche à Hong Kong, le Sunday Morning Post a assuré, en citant Edward Snowden, que la NSA interceptait notamment "des millions de SMS" envoyés sur les réseaux de mobiles chinois. Pékin a réagi avec virulence à ces allégations. L'agence de presse officielle Chine nouvelle a qualifié les Etats-Unis de "plus grand voyou de notre temps" en matière d'attaques informatiques. La Chine est "profondément préoccupée" par les cyber-attaques des Etats-Unis et a "émis des protestations auprès de la partie américaine", a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères.


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A.S. et D.C. avec AFP