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États-Unis

EDITO: Obama invente le discours incohérent assumé

Barack Obama, lors de son discours à la nation sur la Syrie, à la Maison Blanche le 10 septembre 2013.

Barack Obama, lors de son discours à la nation sur la Syrie, à la Maison Blanche le 10 septembre 2013. - -

Lors de son discours à la nation, dans la nuit de mardi à mercredi (heure française), le président américain a, à la fois, laissé la porte ouverte à la diplomatie tout en maintenant la possibilité de frapper le régime de Bachar al-Assad. Une prouesse.

Ce genre nouveau est fort divertissant, et on en rirait si le sujet n'était pas aussi dramatique.

Je maintiens les frappes, a dit en substance le président des États-Unis Barack Obama, mais je laisse la diplomatie agir suivant les propositions russes, donc je les suspends – pour la 2e fois, a-t-il négligé de dire.

Puis le Président nous décline un parallèle historique entre Assad, Saddam Hussein et Hitler, grands gazeurs du 20e siècle, mais sans distinguer entre crime de guerre et crime de génocide. Rappelons-nous qu'Obama est certes constitutionnaliste, mais nullement historien.

Puis il justifie le fait d'avoir saisi le Congrès, puis de le désaisir!

Calcul génial ou cafouillage

Naturellement, le président américain devait réagir à l'initiative russe. Peut-être que le simple fait d'avoir menacé de bombarder a mis la pression sur Poutine. Poutine a dû se dire: si les Etats-Unis et la France bombardent Assad, les rebelles pourraient avancer vers la victoire, et alors l'alliance syrienne perdue et al-Qaïda revigorée – deux issues intolérables pour lui.

Si d'aventure Obama et son entourage ont effectivement fait ce calcul, alors ils sont géniaux et le discours s'explique. S'ils ont été désemparés voire contrariés par l'initiative russe, alors ils ont donné dans l'amateurisme.

Car le discours du 10 septembre est l'un des plus incohérents de l'histoire de la rhétorique américaine récente, et n'a que deux interprétations:

– soit un calcul génial,

– soit un cafouillage.

On peut se permettre de faire de tels discours parce que justement, comme Barack Obama l'a dit, "we are the United States." L'art politique et rhétorique français a été moins bruyamment confus en cette circonstance. Mais ne crions pas trop tôt "Nous sommes la France", car nous aurons peut-être besoin nous aussi de brouiller le message, un jour.

Harold Hyman