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États-Unis

Discours sur l'état de l'Union: Obama n'aura pas la partie facile

Barack Obama s'apprête à prononcer ce mardi son avant-dernier discours du l'état de l'Union. Une mission peu aisée, face à un Congrès désormais intégralement contrôlé par les républicains.

Barack Obama s'apprête à prononcer ce mardi son avant-dernier discours du l'état de l'Union. Une mission peu aisée, face à un Congrès désormais intégralement contrôlé par les républicains. - Jewel Samad - AFP

C'est un rendez-vous immuable du calendrier politique américain, qui se déroule chaque début d'année: Barack Obama s'apprête à prononcer son discours sur l'état de l'Union, deux ans jour pour jour avant son départ de la Maison Blanche. Une tâche peu aisée, face à un Congrès contrôlé par les républicains.

Washington vit à l'heure du discours sur l'état de l'Union: ce mardi, lors de ce rendez-vous immuable du calendrier politique américain, Barack Obama déclinera ses ambitions et ses priorités législatives, en s'appuyant sur les couleurs retrouvées de l'économie pour faire passer son message.

A deux ans jour pour jour de son départ de la Maison Blanche, le président américain n'aura pas la partie facile: c'est la première fois, depuis son élection en 2008, qu'il s'exprimera devant un Congrès dont les deux chambres sont contrôlées par ses adversaires républicains.

"Je ne vais pas passer les deux années sur la défensive, je vais jouer l'attaque", a prévenu Barack Obama lors d'une réunion à huis clos devant des sénateurs démocrates, selon des propos rapportés par le site Politico.

"La crise est derrière nous"

Son credo: les indicateurs économiques sont au vert (chômage sous la barre des 6%, croissance au plus haut depuis 11 ans), tous les Américains doivent donc en bénéficier. "La bonne nouvelle est que l'économie a repris de la vigueur. La crise est derrière nous. Maintenant, il faut nous assurer que cela profite à tout le monde", a-t-il expliqué jeudi dernier à Baltimore, dans le Maryland.

Le président des Etats-Unis a déjà annoncé quelques unes de ses priorités: réforme fiscale prévoyant la suppression de nombreuses niches, facilitation de l'accès à la propriété, amélioration de l'accès à l'Internet haut-débit, gratuité sous conditions des "community college" qui offrent des formations universitaires courtes. Mais s'il peut faire bouger certaines lignes par décret, pour les employés fédéraux par exemple, Barack Obama sait aussi qu'aucune réforme significative n'aboutira sans l'appui du Congrès.

Le républicain Mitch McConnell, nouvel homme fort du Sénat, a appelé vendredi le président américain, dans une menace à peine voilée, à écouter ses opposants s'il espère avancer. "Mardi peut marquer un tournant. Cela peut être le jour où il avance des réformes sérieuses, réalistes et centrées sur la croissance économique au lieu de simplement dépenser de l'argent que nous n'avons pas".

La menace du veto

Dans les rudes négociations qui s'annoncent, le président a, lui, rappelé qu'il disposait d'une arme puissante: celle du veto qu'il peut opposer aux lois qui arrivent sur son bureau. Du nucléaire iranien à la construction de l'oléoduc Keystone XL, il a déjà brandi la menace ces dernières semaines.

Elus de la Chambre des représentants et du Sénat mais aussi ministres et juges de la Cour suprême seront réunis mardi à 21 heures, heure locale (3 heures du matin à Paris) au Capitole de Washington, pour écouter le discours présidentiel.

Traditionnellement, le jeu consiste à alimenter les spéculations sur le contenu du texte pour lui donner plus de relief. Cette année, Obama a choisi l'option inverse: "Je me suis dit, pourquoi attendre l'état de l'Union? Pourquoi être aussi formel, lançons les idées tout de suite", a-t-il expliqué lors d'un déplacement dans le Tennessee.

Une grand-messe qui ne fait plus recette

Derrière cette formule, le constat de ses conseillers: cette grand-messe ne fait plus recette. Ou en tout cas beaucoup moins qu'auparavant. En 2014, 33 millions d'Américains avaient regardé l'allocution de Barack Obama, un chiffre en baisse régulière sur les six dernières années. En 1993, ils étaient 67 millions derrière leur poste de télévision pour écouter Bill Clinton.

Pour mieux enfoncer le clou, la Maison Blanche a soigneusement choisi ses outils de communication pour égrener ses nouvelles propositions au cours des deux semaines écoulées.

C'est sur une vidéo sur Facebook que Barack Obama a avancé l'idée de gratuité des "community college". C'est par un texte sur le réseau social professionnel LinkedIn que Valerie Jarrett, sa proche conseillère, a présenté les projets sur les congés maternités et les congés maladies. Et c'est sur YouTube que le président fera, jeudi, l'explication de texte de son discours au Congrès.

Un front diplomatique marqué par le rapprochement avec Cuba

Sur le front diplomatique, Barack Obama devrait mettre en avant les premières avancées depuis l'annonce surprise, mi-décembre, de la normalisation avec Cuba, qui est approuvée par une large majorité d'Américains. Il devrait aussi une nouvelle fois appeler le Congrès à faire preuve de patience sur le dossier nucléaire iranien en donnant une chance à la diplomatie, jusqu'à l'échéance du 1er juillet.

La nouvelle sénatrice républicaine de l'Iowa Joni Ernst, qui s'était fait une réputation en rappelant, dans un clip de campagne, son expérience de castration de porcs pour prouver son courage politique, aura la tâche de lui donner la réplique, juste après la fin de son discours.

Ecrite à l'avance, cette "réponse" est un exercice obligé souvent prévisible, au cours duquel Joni Ernst, nouveau visage du parti républicain, tentera malgré tout de faire mouche avec une formule choc.

Jé. M. avec AFP