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Conflit israélo-palestinien: les Etats-Unis perdent leur influence

Le président des Etats-Unis, Barack Obama et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à la Maison Blanche en mars 2014.

Le président des Etats-Unis, Barack Obama et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à la Maison Blanche en mars 2014. - -

Le gouvernement israélien a refusé une proposition de cessez-le-feu lundi. Barack Obama avait fait de la paix au Moyen-Orient une promesse de campagne mais n'arrive plus à imposer une trêve d'une journée.

Si Benjamin Netanyahu, le président israélien, a fini par demander aux Etats-Unis d'oeuvrer à un cessez-le-feu avec le Hamas, les relations entre les deux pays ne sont plus aussi solides qu'avant et le temps passé, notamment en Egypte, par le secrétaire d'Etat John Kerry à tenter de convaincre les deux camps de discuter témoigne d'une baisse de l'influence des Etats-Unis dans la région.

"Non seulement Barack Obama n'atteint pas sa promesse de campagne de 2008 [de résoudre le conflit israélo-palestinien, NDLR], mais il peine à trouver une solution partielle", souligne François Durpaire, historien spécialiste des Etats-Unis, interrogé par BFMTV.com.

L'échec de l'allié égyptien

Comment expliquer cette baisse de l'influence américaine? "Les alliés des Américains dans la région se montrent impuissants. L'Egypte a essayé de mettre en place un cessez-le-feu, et ça n'a pas fonctionné [les Palestiniens ont refusé la proposition et disent n'avoir pas été consulté par le gouvernement égyptien, NDLR]", explique François Durpaire.

"Les Etats-Unis n'ont pas perdu d'alliés, mais ils sont moins crédibles qu'avant dans la région", précise Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences-Po Paris et spécialiste du Moyen-Orient. "Pourtant, Barack Obama arrivait avec un capital sympathie sans précédent en 2008".

Des tensions entre Obama et Netanyahu dès 2008

Mais les problèmes de relations de Barack Obama et de Benjamin Netanyahu ne datent pas d'hier. " Les Israéliens considèrent que les Etats-Unis d'Obama ne sont plus les alliés qu'ils ont été historiquement", rappelle François Durpaire.

"Depuis vingt-quatre ans et le premier mandat de Reagan, les Etats-Unis ont appuyé Israël de façon inconditionnelle. Que Barack Obama arrive et conteste, même de façon très modérée, la politique israélienne, ça a choqué", ajoute Frédéric Encel.

Les présidents américains ne menacent plus Israël de sanction depuis 1991

Selon lui, cette méfiance des Israéliens n'est pas justifiée: "Les Etats-Unis n'ont rien fait pour gêner Israël, concrètement. Ils auraient pu accepter la Palestine dans les organisations internationales, ou peser sur les ventes d'armes, mais ils ne l'ont pas envisagé", liste François Durpaire.

D'ailleurs, les Israéliens n'ont pas de raison de prendre Barack Obama au sérieux: "Il essaye de mettre la pression sans menacer de sanction", analyse François Durpaire. "Ca ne sert à rien. Pourtant, les présidents américains ont déjà menacé Israël de sanctions économiques, d'Eisenhower dans les années 1950 à Bush père en 1991."

Les communautés arabes américaines ne font pas pression

Cette impuissance de Barack Obama face à Israël s'explique par l'importance de l'AIPAC, le Comité américain pour les Affaires publiques israéliennes. Ce puissant lobby assure un soutien quasi-unanime du Congrès américain.

"Les Etats-Unis sont une démocratie faite de groupe de pression, où l'argent a énormément de pouvoir", précise François Durpaire. "Les communautés musulmanes et arabes aux Etats-Unis sont plus nombreuses, mais elles sont composites et moins unies. Ils n'arrivent pas à s'organiser pour faire pression".

Joseph Sotinel