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États-Unis

Après les attaques de Paris, Obama veut résister à la pression

Barack Obama, le 13 novembre 2015.

Barack Obama, le 13 novembre 2015. - Jim Watson - AFP

EDITO - Après les attentats du 13 novembre à Paris, les espoirs sont tournés vers Barack Obama pour porter un coup sévère aux jihadistes de Daesh en Irak et en Syrie. Mais pour l'heure, le président américain n'envisage pas de changer de stratégie sur le terrain.

Il est le premier à avoir réagi devant les caméras vendredi soir, après les attaques perpétrées à Paris. Il est celui vers lequel tous les espoirs se tournent pour une victoire militaire définitive sur Daesh. Barack Obama sent la pression. La pression venue de France, du reste du monde et de ses propres concitoyens.

Si l'Amérique semble en mesure de protéger son territoire contre des opérations massives type 11-Septembre, elle paraît tout à coup plus vulnérable face à des opérations type 13 novembre, avec des kamikazes s'en prenant à des lieux publics.

La stratégie de la prudence

La classe politique et médiatique américaine s'emballe, exigeant d'Obama qu'après Paris, il monte d'un cran dans la lutte contre Daesh. En conférence de presse, au G20, un journaliste de CNN lui a même lancé "quand est ce qu'on va aller détruire ces salopards?". Obama répond qu'il va intensifier.

Intensifier les bombardements. Intensifier la coopération avec la France en matière de renseignement et d'opérations militaires. Intensifier mais pas changer de stratégie. Le président américain répète qu'envoyer des troupes au sol serait "une erreur". Comme ce serait une erreur de réagir trop vite et trop fort: "je ne veux pas ouvrir le feu d'abord et viser ensuite", a-t-il dit, allusion à peine voilée à son prédécesseur George W. Bush.

Analyser les risques

Obama veut garder son sang froid. Analyser les risques. Pour l'instant il voit un risque majeur à envoyer les troupes au sol pour détruire le groupe jihadiste: "on peut détruire Daesh mais sans la coopération des populations locales, il finirait par revenir".

Ne pas éliminer Daesh tant qu'on ne sait pas ce que l'on peut mettre à la place sur les territoires qu'il contrôle aujourd'hui. En clair, tant qu'une solution n'aura pas été trouvée à la guerre civile en Syrie. La Maison Blanche semble même prête à envisager une coalition avec la Russie pour combattre les jihadistes. Tout faire pour ne pas envoyer les GI's.

Combien de temps Barack Obama pourra-t-il tenir cette position intellectuellement impeccable, mais tellement éloignée des aspirations de ses alliés et, de plus en plus, de ses propres concitoyens? Que Daesh attaque demain dans les rues de Washington, comme il a menacé de le faire dans une vidéo ce lundi, et les sages réticences de Barack Obama pourraient être rapidement emportées.

Jean-Bernard Cadier, correspondant de BFMTV à New York