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États-Unis

A qui profite l'amitié Hollande-Obama?

Un fastueux dîner et des gages d'amitiés largement commentés ce mercredi 12 janvier.

Un fastueux dîner et des gages d'amitiés largement commentés ce mercredi 12 janvier. - -

REVUE DE PRESSE - Le fastueux dîner et les marques d'amitié entre les deux présidents ont largement été commentés ce mardi, en France et outre-Atlantique.

Depuis que François Hollande est aux Etats-Unis, c'est à qui du président français ou de son homologue américain manifestera le plus son affection pour le pays de l'autre: "Vive la France (en V. F.), que Dieu bénisse l'Amérique et longue vie à nos deux nations!" a lancé mardi soir Barack Obama. "Nous aimons les Etats-Unis", a renchéri François Hollande. 

Le New York Times est ainsi largement revenu sur "l'événement somptueux" concocté par la Maison Blanche pour accueillir François Hollande mardi soir - avec pléthore d'invités prestigieux et menu aux petits oignons - comprenant oeufs de caille et ganache au chocolat de Hawaï. Au cours de la soirée, François Hollande s'est notamment exprimé sur "l'époque heureuse" où les chefs de l'Etat française pouvaient passer une ou deux semaines en visite officielle aux Etats-Unis.

> Les "deux filles" d'Obama

Mais pourquoi autant d'attentions à l'égard de la France? Le Washington Post souligne cette question d'une journaliste du Figaro, mardi, à l'attention de Barack Obama: "La France a-t-elle remplacé la Grande-Bretagne au titre des meilleurs alliés européens des Etats-Unis?" et la réponse du président américain, soulignant qu'il avait "deux filles, si magnifiques que je ne ne choisirais jamais entre l'une des deux."

Pour le quotidien régional L'Alsace, ce type de diplomatie relève avant tout de la stratégie. Selon Raymond Couraud, cultiver plusieurs amitiés dans le continent européen permet ainsi à Barack Obama "de ne pas avoir à parler de partage de leadership avec l'ectoplasme qu'est l'Europe" et devine que le président du Conseil européen, Herman van Rompuy, n'aurait "pas fait l'objet d'un pareil traitement".

> Washington needs friends

Assurer son amitié à son homologue français n'engage en outre, pour L'Alsace, le président américain à rien - sinon à bercer la France de douces illusions. Car, selon Raymond Couraud, "les USA ont de tout temps prouvé qu'ils plaçaient leurs intérêts avant leurs amis."

Mais outre-Atlantique, Dana Milbank souligne dans le Washington Post l'intérêt de Barack Obama à soigner ses relations avec ceux qui restent ses amis, alors que "les relations sont tendues avec la Chine et aigres avec la Russie, cauchemardesques avec la Syrie", que "le dossier irakien est un chaos, et qu'il y a peu de lueurs d'espoir en Iran et ailleurs dans le Moyen-Orient". Plus le scandale de l'espionnage de la NSA qui "a heurté l'Allemagne et causé l'annulation de la visite de la présidente brésilienne".

> Les sujets qui fâchent évités

François Hollande, lui aussi, a besoin de se faire une place sur la scène internationale alors qu'à l'intérieur de ses frontières, sa cote de popularité est au plus bas. Pour Jean-Michel Helvig dans La République des Pyrénées, ces efforts lui confèrent ainsi une "réputation honorable". Insuffisants toutefois, estime-t-il, pour le faire remonter dans les sondages: "ce n'est pas sa réputation internationale qui risque de faire remonter sa cote de confiance dans son propre pays", estime-t-il. "Aucun président n’a d’ailleurs été élu ou réélu pour sa diplomatie."

Ouest France souligne enfin le soin du président français à ainsi se débarrasser des sujets qui fâchent. "Hollande ne peut ignorer - surtout pas dans la Silicon Valley où il se rend demain [mercredi] - que l'économie américaine est en plein rebond (...) tandis que l'Europe stagne. Autre litige mis relativement en sourdine: la surveillance systématique des communications des Européens par la NSA", écrit ainsi Laurent Marchand.

Mathilde Tournier