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Amérique du Nord

Etats-Unis: un laboratoire allemand bloque l'exécution d'un détenu

Une chambre d'exécution dans l'Ohio. (photo d'illustration)

Une chambre d'exécution dans l'Ohio. (photo d'illustration) - Caroline Groussain - AFP

Un laboratoire pharmaceutique allemand empêche une exécution par injection létale prévue le 14 août dans le Nebraska au motif que celle-ci utiliserait certains de ses produits, obtenus illégalement.

A une semaine de son exécution, le condamné a bénéficié d'un sursis inattendu. Fresenius Kabi, un laboratoire pharmaceutique allemand, est intervenu mardi soir par le biais d'une procédure judiciaire pour stopper une condamnation à mort par injection létale prévue dans quelques jours dans le Nebraska. 

Carey Dean Moore, condamné à mort pour le meurtre de deux chauffeurs de taxi en 1979, devait y être exécuté le 14 août prochain. Problème: le laboratoire allemand affirme que l'État américain prévoyait d'utiliser deux de ses médicaments.

Des médicaments obtenus illégalement?

Dans le cadre de la peine capitale, l'Etat américain prévoit d'utiliser quatre médicaments - le sédatif diazépam, le puissant analgésique fentanyl, le relaxant musculaire cisatracurium et du chlorure de potassium, qui arrête le coeur.

Fresenius Kabi croit que ces deux derniers médicaments proviennent de chez lui et demande à un juge fédéral de rendre une ordonnance qui empêche temporairement ou définitivement l'État d'utiliser ses produits injectables.

"Fresenius Kabi ne prend pas position sur la peine capitale" mais "s'oppose à l'utilisation de ses produits à cette fin et ne vend donc pas certains médicaments aux établissements pénitentiaires", a déclaré la société dans sa plainte au civil. "Ces médicaments, s'ils ont été fabriqués par Fresenius Kabi, n'ont pu être obtenus qu'en contradiction et en violation des contrats de distribution que l'entreprise a mis en place et donc par des moyens inappropriés ou illégaux".

"Atteinte à la réputation" du laboratoire

Fresenius Kabi estime que les peines capitales sont rejetées par une majorité en Europe et que cela porterait "grandement atteinte à sa réputation". Le slogan de ce laboratoire, visible sur son site internet officiel, est d'ailleurs "Caring for life" (en français, "prendre soin de la vie"). 

De son côté, l'État du Nebraska n'a rendu public que de rares informations sur le cocktail médicamenteux et n'a pas divulgué leur provenance.

"Les produits pour injections létales du Nebraska ont été achetés légalement et conformément à l'obligation de l'Etat d'exécuter les peines capitales dans un cadre légal", a déclaré le bureau du procureur général dans une brève déclaration.

Les cocktails létaux sont devenus difficiles à obtenir en raison de l'opposition du public et de la réticence, ou de l'hostilité pure et simple, des laboratoires pharmaceutiques à les vendre aux prisons pour qu'elles procèdent à des exécutions.

Le mois dernier, un procès similaire intenté par le laboratoire pharmaceutique Alvogen avait temporairement interrompu une exécution capitale dans le Nevada. Si la condamnation à mort était exécutée, ce serait la première dans le Nebraska depuis 21 ans, la toute première par injection létale.

A.S. avec AFP