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TOUT COMPRENDRE - L'Inde et le Canada en pleine querelle diplomatique après le meurtre d'un leader sikh

Le Premier ministre indien Narendra Modi et le Premier ministre canadien Justin Trudeau lors du sommet du G20 le 9 septembre 2023 à New-Delhi.

Le Premier ministre indien Narendra Modi et le Premier ministre canadien Justin Trudeau lors du sommet du G20 le 9 septembre 2023 à New-Delhi. - Evan Vucci / POOL / AFP

Le Canada accuse l'Inde d'être impliquée dans l'assassinat du leader sikh, Hardeep Singh Nijjar, près de Vancouver en juin dernier et a expulsé un diplomate indien.

Le Canada et l'Inde sont plongés ce mardi dans une grave crise diplomatique, marquée par des expulsions réciproques de diplomates, après qu'Ottawa a accusé, la veille, New Delhi d'être impliquée dans l'assassinat d'un leader sikh près de Vancouver dans l'ouest du Canada. L'Inde dément et rejette les accusations qualifiées d'"absurdes".

• Que s'est-il passé?

Hardeep Singh Nijjar, 45 ans, a été assassiné dans sa voiture au Canada le 18 juin dernier et depuis, les organismes canadiens de sécurité travaillaient pour trouver l'auteur du crime.

Dans une allocution après avoir convoqué les chefs de l'opposition en urgence lundi, devant le Parlement, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a souligné la présence d'"éléments crédibles selon lesquels il existerait un lien possible entre les agents du gouvernement de l'Inde et ce meurtre.

"L'implication de tout gouvernement étranger dans le meurtre d'un citoyen canadien sur le sol canadien constitue une violation inacceptable de notre souveraineté", a-t-il martelé, enjoignant dans la foulée un haut diplomate indien de quitter le territoire.

• Qui était Hardeep Singh Nijjar?

Militant politique et activiste pour la création d’un État libre, le Khalistan, sur le territoire actuel du Pendjab, Hardeep Singh Nijjar était canado-indien. Il préside un temple de la communauté sikh, une petite minorité religieuse indienne – 2% de la population – dont la philosophie repose notamment sur le principe de refus des castes et de l’égalité des hommes et des femmes.

• Que lui était-il reproché par l'Inde?

Hardeep Singh Nijja était recherché par les autorités indiennes et considéré comme un "terroriste" par la National Investigation Agency (NIA), l’agence du gouvernement indien qui se consacre à la lutte contre le terrorisme.

Le Premier ministre Narendra Modi avait d’ailleurs exprimé ses "vives inquiétudes quant à la poursuite des activités anti-indiennes des éléments extrémistes au Canada", selon un communiqué diffusé après sa rencontre avec Justin Trudeau au G20.

Dans une lettre adressée à Justin Trudeau en 2016, il s’était dit "injustement ciblé par New Delhi" pour ses activités pacifiques, rapporte le quotidien Le Monde. "Je n’ai jamais cru en la violence, je ne l’ai jamais soutenue, et je n’ai jamais été impliqué dans des actes violents", écrivait-il.

• Quelles conséquences diplomatiques?

Depuis le meurtre de Hardeep Singh Nijjar, les relations entre le Canada et l’Inde se sont sérieusement dégradées. Début septembre, Ottawa a décidé de suspendre les négociations relatives à un partenariat de libre-échange entre les deux pays en cours depuis 2010.

"Les négociations commerciales sont un processus long et complexe. Nous avons décidé de les interrompre pour voir où nous en sommes", a déclaré la ministre fédérale du commerce Mary Ng pour justifier cette décision surprenante. Une mission commerciale, prévue le 9 octobre à Bombay, a par ailleurs été reportée sans explication.

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En réaction à ces accusations, l'Inde a annoncé mardi avoir à son tour ordonné à un diplomate canadien de haut rang de quitter le pays. "Le diplomate concerné a été prié de quitter l'Inde dans les cinq prochains jours", a précisé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

La décision de New Delhi reflète son "inquiétude croissante face à l'ingérence des diplomates canadiens dans nos affaires internes et leur implication dans des activités anti-indiennes", a expliqué le ministère.

Mathilde Karsenti