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Le Premier ministre du Canada s'excuse et indemnise 3.000 homosexuels

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau le 12 novembre 2017 à Manille, Philippines.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau le 12 novembre 2017 à Manille, Philippines. - ATHIT PERAWONGMETHA / POOL / AFP

Justin Trudeau a présenté ses excuses au nom de l'État canadien à la communauté LGBTQ, et a annoncé des indemnisations pour 3.000 personnes victimes "d'oppression" ou encore de "pénalisation" en raison de leur orientation sexuelle.

Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, s'est excusé officiellement auprès des centaines de personnes (fonctionnaires, policiers, ou encore militaires) dont la carrière, ou parfois la vie, a été brisée en raison de leur orientation sexuelles il y a quelques décennies. Le Premier ministre a également annoncé que ces derniers seraient indemnisés. 

"Je suis désolé, nous sommes désolés", a-t-il annoncé dans un discours, d'une rare gravité au Parlement. Le Premier ministre a endossé les "erreurs" des gouvernements successifs qui ont perpétué la discrimination contre la communauté LGBTQ (Sigle anglophone signifiant lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres ou "queer" qui signifie "de travers").

Prison à vie pour les pratiques sexuelles jusqu'en 1973

De 1940 à 1969, des descentes policières ont régulièrement eu lieu dans des établissements fréquentés par des gays et des lesbiennes. Des centaines d'arrestations ont eu lieu. Jusqu'en 1954, les pratiques sexuelles homosexuelles pouvaient être punies de prison à vie. C'est seulement en 1973 que l'homosexualité n'est plus considérée comme une maladie mentale par le gouvernement canadien. 

Le chef du gouvernement a donc souhaité parler sans détour "du rôle qu'a joué le Canada dans l'oppression, la pénalisation et la violence systémique à l'endroit des communautés lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, queer."

"C'est avec honte, peine et un profond regret (...) que je suis ici aujourd'hui" pour reconnaître les torts de l'État envers ses employés "forcés à vivre à l'écart" et "humiliés". Une purge qui a duré des décennies restera à jamais un acte de discrimination tragique de la part du gouvernement envers ses propres citoyens (...), ils ont perdu leur dignité, leurs carrières et ont vu leurs rêves et leurs vies brisées", a ajouté Justin Trudeau. 

3.000 victimes indemnisés pour 66 millions d'euros

L'État canadien a également conclu une entente à l'amiable pour le règlement d'une poursuite en nom collectif et indemnisera environ 3.000 victimes pour un peu plus de 100 millions de dollars canadiens (66 millions d'euros). Un mémorial sera également érigé à Ottawa, en souvenir des victimes renvoyées de l'armée ou de la police, ou aux carrières brisées dans la fonction publique, ou encore aux personnes suicidées en raison de leur orientation sexuelle à l'époque.

"C'est notre honte collective que vous ayez été si maltraités, et c'est notre honte collective que ces excuses aient pris autant de temps, nombre de ceux ayant souffert n'étant plus en vie pour entendre ces mots. Et pour cela, nous sommes sincèrement désolés", a rappelé Justin Trudeau.

2005, mariage autorisé entre personnes de même sexe

En 2005, le Canada a légalisé le mariage entre personnes de même sexe et Justin Trudeau a été le premier chef de gouvernement au Canada à défiler dans les gay pride de Vancouver (ouest) à Halifax (est), une habitude qu'il avait prise bien avant d'accéder à ses fonctions officielles.

Le Premier ministre a également promis que l'égalité des genres serait un des thèmes majeurs du prochain sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du G7 début juin au Québec et dont le Canada assure la présidence en 2018.

"C'est une journée incroyablement importante, non seulement pour la communauté LGBT, mais pour tous les Canadiens", a salué Svend Robinson, premier député à avoir en 1988 revendiqué son homosexualité quand il siégeait au Parlement. C'est "important d'entendre le Premier ministre dire non seulement "nous avons eu tort" mais aussi "cela n'arrivera plus jamais"", a-t-il confié.
S.Z avec AFP