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Amérique Latine

Situation confuse au Venezuela, le président du Parlement s'autoproclame chef de l'Etat 

Juan Guaido à Caracas ce mercredi 23 janvier.

Juan Guaido à Caracas ce mercredi 23 janvier. - FEDERICO PARRA / AFP

Des heurts ont éclaté ce mercredi entre opposants et partisans du régime de Nicolas Maduro, après l'auto-proclamation du président du parlement vénézuélien. De nombreux pays, dont les Etats-Unis, ont déjà reconnu Juan Guaido comme président du Venezuela.

Devant des dizaines de milliers de partisans réunis à Caracas contre Nicolas Maduro, le président du Parlement vénézuélien Juan Guaido s'est autoproclamé "président" par intérim ce mercredi. Une autoproclamation rejetée par l'armée en début de soirée, heure locale.

"Nous, soldats de la patrie, nous n'acceptons pas un président imposé à l'ombre d'intérêts obscurs ni autoproclamé en marge de la loi. L'armée défend notre Constitution et est garante de la souveraineté nationale", a écrit le ministre de la Défense sur Twitter.

Député de 35 ans, Juan Guaido est devenu en quelques jours le visage de l'opposition vénézuélienne et a réussi à remobiliser les adversaires du président, divisés et affaiblis ces derniers temps.

Trump reconnaît Juan Guaido président "par intérim"

Une annonce à laquelle le président américain a immédiatement réagi, annonçant qu'il reconnaissait le jeune opposant de 35 ans comme président par intérim du pays. 

"Le peuple du Venezuela a courageusement parlé contre Maduro et son régime et exigé la liberté et l'Etat de droit", a déclaré Donald Trump dans un communiqué, jugeant que l'Assemblée nationale était "la seule branche légitime du gouvernement". 
"Je continuerai à utiliser toute la puissance économique et diplomatique des Etats-Unis pour faire pression en faveur du retour de la rétablissement de la démocratie vénézuélienne", écrit encore le président américain.

Rupture des relations diplomatiques avec les Etats-Unis

En réaction, le président Nicolas Maduro a annoncé rompre toutes relations diplomatiques avec les Etats-Unis. "J'ai décidé de rompre les relations diplomatiques et politiques avec le gouvernement impérialiste des Etats-Unis. Dehors ! Qu'ils s'en aillent du Venezuela, ici il y a de la dignité, voyons !", a déclaré Nicolas Maduro, qui a donné 72 heures aux représentants diplomatiques nord-américains pour quitter le pays.

Après Trump, de nombreux pays suivent la marche 

Le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains, l'OEA, a également félicité Juan Guaido. Depuis Davos, où il participe au Forum économique mondial, le président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro, critique féroce du gouvernement de gauche de Nicolas Maduro, qu'il qualifie de "dictature", a reproduit ce communiqué sur Twitter, en anglais et en portugais. 

De nombreux autres pays ont suivi cette reconnaissance, parmi lesquels le Pérou, le Canada, la Colombie, le Chili ou encore le Paraguay. Le Mexique et Cuba ont en revanche maintenu leur soutien au gouvernement de Nicolas Maduro. 

La France "consulte ses partenaires européens"

L'Elysée a fait savoir à l'agence Reuters que la France "suivait la situation de près" et qu'elle "consultait (ses) partenaires européens".

L'Union européenne demande des élections

  • L'Union européenne a appelé mercredi à écouter la "voix" du peuple du Venezuela et a réclamé des élections "libres et crédibles".

"Le 23 janvier, le peuple vénézuélien a massivement réclamé la démocratie et la possibilité de déterminer librement son propre destin. Sa voix ne peut être ignorée", a dit la Haute représentante de l'UE, Federica Mogherini, au nom des 28. "L'UE appelle à l'ouverture immédiate d'un processus politique débouchant sur des élections libres et crédibles, conformément à l'ordre constitutionnel", a ajouté la chef de la diplomatie européenne dans un communiqué.

Opposants et partisans à Maduro dans les rues

Opposants et partisans du président Nicolas Maduro sont descendus en masse dans les rues ce mercredi dans tout le pays, dans un climat de haute tension. Cinq personnes sont mortes dans des troubles précédant les manifestations. 

Les opposants au gouvernement, vêtus de blanc, se sont réunis dans la capitale et d'autres régions du pays pour exiger un "gouvernement de transition" et de nouvelles élections; tandis que les partisans de Nicolas Maduro étaient habillés de rouge pour dénoncer une tentative de coup d'Etat orchestrée par Washington. 

Jeanne Bulant avec AFP