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Amérique Latine

Peut-on retrouver les boîtes noires du Rio-Paris ?

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Des débris repérés, des bateaux envoyés et des boîtes noires à trouver... les recherches se poursuivent pour localiser l'avion d'Air France disparu dans l'Atlantique. Une enquête qui s'annonce complexe.

Après la découverte de débris du vol AF447 Rio-Paris disparu dans l'Atlantique avec 228 personnes à son bord, les recherches se poursuivent, notamment pour localiser les « boîtes noires » de l'avion, dont l'épave se trouverait à quelque 3000 mètres sous la mer. Une enquête longue et difficile, prévient le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), chargé d'éclaircir les causes de la catastrophe. Que ces enregistreurs soient ou non retrouvés. Et même s'ils le sont, « on n'a aucune garantie qu'on aura des informations utiles dedans », ajoute prudemment le président du BEA, Paul-Louis Arslanian.

« Plus c'est profond, moins le signal est audible »

Chaque avion compte deux « boîtes noires », l'une enregistrant les conversations dans le cockpit et l'autre, les données du vol. Gérard Jouany, le consultant aéronautique d'RMC nous dit tout sur ces fameux enregistreurs de vols, qui peuvent être si précieux en cas d'accident : « Les boîtes noires sont en fait orange fluo, pour qu'on les retrouve plus facilement au milieu d'une forêt ou au fond de la mer. Ça pèse à peu près 10 kilos, dont 7 kilos de blindage pour protéger des chocs, de l'incendie. Elles sont toujours placées dans les endroits les moins accidentogènes dans un avion, c'est-à-dire plutôt à l'arrière. Pour en avoir vu quelques unes sorties du Bureau Enquêtes Analyses du Bourget, ce sont des objets extrêmement résistants, sans aucun doute. Elles émettent un signal, repérable à environ 1 km de distance et qui dure à peu près 1 mois. Mais encore faut-il pouvoir les retrouver, car plus c'est profond, moins le signal est audible. »

« Le Nautile peut opérer jusqu'à 6000m de profondeur »

Le gouvernement français a décidé d'envoyer sur la zone de recherches un navire de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer). Le "Pourquoi pas" était en mission dans les Açores. Il fait désormais route vers la zone de recherche et devrait l'atteindre dans 8 jours, soit autour du jeudi 11 juin. A son bord, deux engins sous-marins capables d'opérer jusqu'à 6000 mètres de profondeur : le Victor 6000 et le Nautile. Notamment utilisé sur le Titanic, le Nautile, comme l'explique Pierre Cochonat, géologue, directeur adjoint des programmes de l'Ifremer, « est un engin fait pour faire de l'étude de détail. Il est équipé d'un système sonar qui a une portée de 200 mètres pour détecter un objet. Il a des pinces qui permettent de prélever des objets de ce type-là [boîte noire]. Mais le problème, c'est vraiment la localisation : il faut au préalable, avoir une position précise pour pouvoir plonger et aller récupérer la boîte. »

« Un fond sous-marin très chaotique »

Reste un problème de taille : les fonds sous-marins dans la zone où l'Airbus A330 a disparu sont très dangereux. « Nous ne sommes pas loin de la ride du milieu de l'océan, poursuit Pierre Cochonat. La ride médio-atlantique est un endroit très chaotique et pas très bien connu. C'est l'endroit où les continents africain, européen et américain se séparent. C'est une espèce de montagne sous-marine, avec beaucoup de volcanisme, des creux, des bosses... »

Un appareil en bon état au décollage, une météo orageuse et des pannes signalées par des messages automatiques de maintenance envoyés par l'appareil : c'est ce dont dispose pour l'instant le BEA, qui rendra un premier rapport fin juin, avec, on l'espère, d'autres éléments pour expliquer cette catastrophe.

La rédaction, avec Céline Martelet